- Les remarques qui suivent n'engagent que moi, et elles sont le fruit de mon expérience déjà longue dans le domaine de l'enseignement professionnel.
Mon expérience dis-je... Eh oui, je fais désormais partie des "vieux c...", qui ne comprennent rien à la technique moderne, justes bons à synchroniser une paire de Weber, "à l'ancienne".
Mais quand même... 28 ans de carrière, plus de 100 sections, plus de 2 000 élèves vus en moyenne 13 heures par semaine, cela compte comme "expérience" ? Mais peut-être aurais-je été trop près ?
Donc, je vous livre queqlues remarques qui peuvent être, je le reconnais, en "légère divergence" avec certaines orientations "officielles" (voir note de rentrée de l'inspecteur, à lire, évidemment), quoique... mais il ne s'agit pas pour moi de dire ce qu'il faut faire, ce que l'on doit faire, mais bien de décrire ce que je fais, concrèterment.
D'ailleurs, un coup d'oeil sur les textes réglementaires qui nous servent de référence n'est, je pense, pas superflu.
J'espère ainsi répondre à quelques attentes de jeunes collègues, comme Pascal Prouzet, du Gers, que je salue amicalement.
Les documents proposés sont en pdf, parce que plus faciles à télécharger et à lire, et en doc ou xls, pour pouvoir vous les approprier en les modifiant selon vos besoins.
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Quel est mon métier ?
Professeur parce que mécanicien avant tout ? Mécanicien parce que technicien de formation ? Technicien parce que passionné par l'automobile ? Professeur parce que passionné par l'enseignement ?
Difficile de choisir...
L'enseignement de la mécanique automobile, pratique et théorique, se base sur une culture forte de notre métier : une culture du geste pour la pratique, une culture encyclopédique pour la théorie.
Je ne suis pas professeur par défaut, désolé monsieur l'Inspecteur, mais bien par choix, pour transmettre mes savoirs et mes savoirs-faire, mes connaissances et mon expérience.
Je suis et resterai un mécanicien, même si cela ressemble à un gros mot, aujourd'hui.
C'est ainsi que j'ai débuté chez Peugeot, avant d'être agent technique puis agent de maîtrise, puis prof.
J'ai donc l'expérience de l'atelier, des mains sales, des heures passées à essayer de démonter l'indémontable, à réparer l'irréparable, de trouver la solution qui permettra de regarder avec soulagement un voiture un peu récalciltrante partir.
Je connais la technique, son évolution (promenez-vous sur ce site, du côté de la technique automobile), comme je connais l'histoire de l'automobile, continuant pourtant à apprendre en ce domaine, chaque jour.
Aujourd'hui, je suis professeur hors-classe, au dernier échelon, avec de longues années d'expérience, de réflexion aussi sur la pédagogie, et ce dès mes premiers cours (ce site en témoigne) et j'avoue avoir de plus en plus de mal à rester zen quand on se targue de vouloir m'apprendre mon métier.
Mais des questions se posent, des réponses peuvent être esquissées.
- Les élèves : pas bons, pas motivés...
C'est exactement ce qu'on disait à notre sujet dans les années 60-70 (génération foutue, "il leur faudrait une bonne guerre", etc.). Comme quoi, la mémoire, avec l'âge...
C'est là un avis que je ne partage pas, évidemment, par simple bon sens, par un peu d'humilité aussi. Et puis, si le tableau était si noir, pourquoi rester professeur ?
Bien sûr, les progrès que feront nos élèves sont parfois à "arracher" de haute lutte, mais c'est l'essence même de notre métier que de ne jamais baisser les bras, comme il est de notre honneur d'arrêter de chercher de mauvaises excuses. Ceux qui sont en charge de notre procès sont suffisant nombreux et suffisamment armés pour se faire.
Nos élèves viennent chez nous pour faire de la réparation automobile, pas pour l'entrapercevoir du fond d'une salle de cours. Il y a un temps pour la pratique, et un temps pour la théorie, et c'est souvent la pratique qui appellera la théorie plutôt que l'inverse.
Mais loin de moi l'idée, quand même, que tout découle de la pratique. C'est tout autant vain que le contraire. Je ne me vois pas réinventer l'automobile, dans sa totalité, à chacun de mes cours, et encore moins l'électromagnétisme, par exemple. Ce serait une perte de temps stupide. Chaque système a ses particularités, et le chemin qu'on prendra pour que les élèves le maîtrise ne relève pas d'une quelconque doctrine établie, mais bien du choix propre à l'enseignant (puisque c'est bien lui, en fin de compte, qui enseigne). Et puis, il reste une épreuve écrite à passer, quel que soit l'examen, et cela demande quelque préparation, il me semble.
Le français, les mathématiques, l'histoire, la géographie, etc. sont indiscutablement complémentaires de mon enseignement, et ces matières auraient tout à gagner à se rapprocher, par des supports appropriés, de l'enseignement pour lequel nos élèves sont venus...
Mais il est vrai que le lien reste à faire entre l'enseignement général et l'enseignement professionnel, le premier cité ayant un "poids" non négligeable pour nos élèves.
N'oubliez pas ces faits concrets : en BEP, enseignement général 15h30, enseignement professionnel 17h30 ; au BEP, enseignement général coef 11, enseignement professionnel coef 17.
Personnellement, je me permets des digressions dans mes cours, des ouvertures vers des matières qui ne sont pas de mon ressort, mais qui permettent de "justifier" les heures que nos jeunes ont à passer en salle de classe. Notre métier est; comme les autres métiers dits manuels, et contrairement à une idée fort répandue chez les sots de tout acabit, un métier à la forte culture, une culture riche et ancienne déjà.
De même, il est important que les professeurs d'enseignement général "passent" en atelier voir nos élèves en action. Ils y verront d'autres élèves que ceux qu'ils connaissent, un peu plus sûrs d'eux (ils sont "chez eux", et ils n'hésiteront pas à expliquer ce qu'ils font).
S'il est délicat d'entrer dans une salle de français, de maths, l'accès à l'atelier est plus facile, plus naturel dirais-je, pendant les cours, car le contact avec le client, le travail avec l'autre, tout cela fait partie de notre culture de base.
Tous ceux qui se sont prêtés à cette expérience ont constaté un changement bénéfique.
Le P.P.C.P. était un formidable outil, à cet égard, mais il a été progressivement détourné, galvaudé, dévalorisé même, ce qui est très dommage.
Concernant la motivation, je pense aussi qu'il faut rester prudent dans nos méthodes pédagogiques.
Il semble "moderne" de passer 4 heures en salle, ou devant des ordinateurs, où l'on tape quelques mots sur un clavier...
Donc je suis de la vieille école.
Je pense que la mécanique auto s'apprend dans l'atelier, que la technologie vient en appui, en synthèse, et ce en de courtes séquences.
Et si je continue é travailler avec des documents papiers avec mes élèves c'est parce que je ne suis pas certains qu'ils soient vraiment tous équipés en informatique chez eux (7 sur 20 chez mes bac Pro 3 ans, cette année), bien qu'ils soient tous réputés avoir les protables derniers cris et rouler en BMW neuve...
Tout mettre sur la clé USB revient à en priver beaucoup de tout support matériel. Il est vrai qu'il est ainis plus facile de leur reprocher de ne pas travailler à la maison.
Un exemple ?
Un court échange, récent.
J'avais devant moi, au deuxième trimestre, des élèves de première année qui, manifestement, ne savait pas démonter un pneumatique (nous, nous en démontons encore... et sans la valise diag).
Le professeur en charge de cet enseignement me dit qu'ils l'ont vu une fois, en début d'année, mais qu'ils ne s'en rappellent plus parce que qu'ils n'apprennent rien.
Apprendre à démonter des pneumatiques ? Dans un livre ? Sur la clé USB ?
Nous parlons là d'un geste technique, et il n'y a, à mon sens, qu'un seul moyen pour le maîtriser : le faire et le refaire.
Et cela s'applique à beaucoup de ce que j'appelle "les gestes techniques de base".
Nous faisons partie de la famille des métiers manuels, des métiers de savoir-faire, et rien ne remplacera jamais le geste.
Il y a bien sûr quelques ignorants qui croient que tout se règle en branchant une valise...
Capteur de température hors service... 5 minutes montre en main... "Voilà, diagnostic fini, vous pouvez reprendre votre voiture, monsieur".
Pourtant, il faudra bien que quelqu'un l'ouvre, la caisse à outil, et la remplace cette sonde, même s'il doit pour cela déshabiller la presque totalité du moteur. Et puis, j'ai vérifié, nos voitures ont encore des roues, des freins, des suspensions, des transmissions, et même des moteurs !
- Le niveau en baisse...
- Il y a là un autre aspect de discussions fort "intéressantes" qu'il vaut mieux évacuer définitivement.
De par mon expérience, par la connaissance que j'ai des technologies, même les plus récentes (mais si !), je maintiens que le contenu technique de nos voitures, en restant dans notre domaine, celui de la maintenance automobile, s'est considérablement allégé.
Il n'est qu'là regarder un cours sur le carburateur et un autre sur l'injection (niveau CAP-BEP) pour voir la différence. Le plus compliqué n'est pas celui qu'on croit.
Il est en effet infiniment plus facile de brancher une valise diagnostic sur une prise EOBD que de "faire parler" un carburateur récalcitrant. Regardez le schéma d'un circuit d'injection, comparez-le avec celui d'un carburateur dépollué, comparez les réglages à effectuer (je sais, il n'y a pas de réglage sur les injections modernes). Mais il est tellement plus gratifiant de présenter ces nouvelles technologies comme compliquées, comme relevant du niveau d'un ingénieur... je parlais d'humilité, plus haut.
Ainsi, le mécanicien moderne serait moins bon que l'ancien ?
Ce n'est pas ce que je dis, et encore moins ce que je pense.
- 1 - La partie "mécanique" n'a pas disparu, contrairement à une idée sottement répandue. Nos voitures ont encore un moteur (si si, avec piston, soupapes et tout le bazar), un embrayage, une transmission, des trains roulant, des freins (et même à tambours). On change encore des plaquettes de frein, des pneumatiques, on règle encore des culbuteurs, on contrôle encore des compressions, des géométries de train... On utilise même du plastigage, sur les moteurs les plus modernes, comme jadis.
2 - La partie "électronique" s'est fortement accrue, et les moyens d'aide au diagnostic ont aussi considérablement évolué, en convivialité comme en efficacité (je me répète, mais je reste ici dans mon domaine, la maintenance automobile, pas dans celui de la conception de ces systèmes).
Très récemment, nous discutions d'un projet de buggy tout terrain, sur base Clio RSi. Les problèmes semblaient se cristalliser sur le moteur, les trains roulants... En fait, tout cela ne présente en fait pas de grosse difficulté pour un mécanicien, même débutant, s'il est un peu attentif. Je pense que l'aspect électricité (câblage du moteur, puis du véhicule) sera le point qui présentera, et de loin, le plus de difficulté.
En effet, on demande au mécanicien moderne, une plus grande capacité à lire des schémas, de plus en plus complexes, à suivre des procédures de contrôles précises, à interpréter des données. En résumé, on lui demande davantage de capacité d'abstraction.
Il nous appartient donc de faire cohabiter ces deux aspects pas forcément contradictoires, l'un s'appuyant toujours sur l'autre.
- L'évolution de notre filière
J'enseigne en BEP depuis longtemps déjà, par choix, par conviction.
L'enseignement est une pyramide, que l'on s'obstine à vouloir construire en commençant par la pointe.
Si l'on veut de bons BTS, il faut de bons Bac Pro, et si l'on veut de bons Bac Pro, il faut de bons BEP. Est-ce si difficile à comprendre ?
On nous envoie en BEP des élèves en grande difficulté. Un paradoxe incompréhensible pour toute personne normalement constituée.
Nous ne faisons pas un métier anodin. Nous parlons bien de véhicules, contenant des gens, et qui souhaitent arriver vivants à bon port. La responsabilité du mécanicien est là, comme ma responsabilité de formateur, et je ne transigerai jamais sur cela.
Pour ces élèves en difficulté, j'avais proposé l'ouverture de la classe de CAP, où le contenu en enseignement professionnel plus conséquent leur permettrait de se relancer et de s'orienter vers la mention complémentaire, voire le Bac Pro.
Il s'agissait donc bien d'ouvrir cette section pour nos élèves actuellement orientés vers un BEP où l'enseignement général est trop présent pour eux.
Mais on affecte sur cette section des élèves encore plus en difficultés, avec un mépris affiché et assumé pour cette qualification pourtant reconnue dans la Convention Collective du Service Automobile.
Et nos élèves en difficulté en BEP ?
Et bien, on supprime le BEP pour les mettre directement en Bac Pro 3 ans.
Est-il possible d'être plus bête ?
Nous avions la filière complète, CAP, BEP, Bac Pro 3 ans, le "tri" s'effectuant sur l'enseignement général (s'ils traînent avec eux un passé parfois "un peu" lourd" dans ce domaine, tous démarrent de zéro en enseignement professionnel), permettant d'adopter une pédagogie adaptée et d'offrir les passerelles nécessaires en cas de difficulté.
Un "bijou", un outil formidable de formation.
Tout cela est balayé.
Pourtant, moi qui ne vis pas dans une société virtuelle, il m'arrive de croiser un boulanger, un quincaillier, un cuisinier, des serveuses, au supermarché, un plombier, un mécanicien, même...
Et il y en a encore beaucoup qui ne sont pas de ces filières dites "d'excellence", qui ne sortent pas des "classes prépa", qui ne sortent pas de "science po", beaucoup, et ce qui est heureux, car ce sont bien eux qui font avancer la société.
Une entreprise, une société qui n'est composée que de dirigeants n'a aucune chance de survie. Elle a besoin de ses ouvriers, de ses productifs.
Et nous, des métiers de service, nous avons de plus en plus notre place.
Les voitures neuves se vendent moins, le parc vieillit, il faudra bien qu'il y ait quelqu'un pour l'assurer, l'entretien des ces véhicules, non ?
Mais bon, il semble qu'il s'agisse là de concepts trop simples pour être appréhendés par des élites aveugles et bornées.
Quant à l'objectif "100% de réussite à l'examen" ? A-t-on jamais rien entendu de plus bête ?
On veut aligner - "aligner" - le Bac Pro sur le Baccalauréat général (au nom de cette sacro-sainte "excellence", sans doute ?).
Ce sont là deux diplômes qui n'ont que peu de chose en commun, à part leur nom. Le Bac Pro est un diplôme qualifiant, il ouvre à un métier.
Si j'écris que Notre Dame de Paris est l'oeuvre la plus aboutie de Balzac, cela prête à rire, cela prête à peu de conséquences.
Nos métiers ne sont pas anodins, et si j'oublie de serrer une roue, si je remonte mal un organe de sécurité, il en va de la vie de ceux qui seront dans le véhicule qui m'a été confié, tout simplement, ce qui fait plus qu'une nuance, il me semble.
J'en ai assez du mépris que l'on affiche pour nos métiers, j'en ai assez que l'on nous considère comme au mieux, des bricoleurs.
Je ne crois pas que tout un chacun soit capable de tout faire, de devenir mécanicien (ou chirurgien, ou champion olympique) du simple fait d'être entré dans une filière.
Si je m'inscris à un cours de violon, je deviendrai donc automatiquement Yehudi Menuhin ? Si je suis un cours de français, je deviendrai donc automatiquement Victor Hugo ?
C'est pourtant cela le sens des "100% de réussite" qui est le refrain le plus idiot qu'il nous a jamais été donné d'entendre.
Si je suis un cours de mécanique auto, je serai obligatoirement un technicien (Bac Pro).
Que ceux qui le clament si haut confient donc leurs freins à ceux qu'ils iront rattraper à 8/20 à l'examen.
"Nous suivions un entraînement très dur, mais, curieusement, à chaque fois que nous commencions à former des équipes, on nous réorganisait. La vie devait m'apprendre par la suite que nous avons tendance à affronter toute situation nouvelle en réorganisant. Voilà une merveilleuse méthode pour donner l'illusion de faire avancer les choses tout en n'engendrant que confusion, inefficacité et découragement."
Pétrone (Caius Petronius Arbiter), Satiricon. |
- Mais qui sommes-nous donc, nous, ceux des "SEP", puisque de lycée professionnel nous sommes devenus une "section" d'un lycée polyvalent.
Plusieurs remarques, ces jours-ci, lors de conseils de classe ou de réunions pédagogiques, m'ont rappelé qu'en 30 ans, pas un mètre n'avait été parcouru quant à la reconnaissance de nos métiers par l'ensemble du corps éducatif.
En conseil de classe : peu de travail en arts appliqués, parce que "les élèves n'ont que la voiture à la bouche, alors la culture..."
Ah bon ? La "voiture" est dans la culture, elle a façonné, pour une bonne part, la culture, et elle possède sa propre culture, forte.
Curieux a priori dans un lycée ou trône en bonne place une sculpture de César Balducci...
Lors d'un projet autour de la maquette d'un dépliant représentant le lycée, il semble que l'on préfère la vue d'un bâtiment, la plus neutre possible, à celle de véhicules, alors même que nous parlons bien d'un lycée "pôle de l'automobile".
Et puis, le fardier de Cugnot n'est-il pas assez représentatif, sachant qu'il s'agit bien là de la première "voiture" automobile.
Il fut même dit que sil l'on représentait des automobiles, il faudrait ajouter quelques images "techniques" pour mettre en avant la technologie enseignée au lycée.
Moi, si je veux représenter la technologie, dans tout ce qu'elle a de plus moderne, de plus concret, de plus complexe, je prends l'image d'une automobile, bien sûr, et cela se suffit à lui-même.
J'ai vu dans tout cela de l'ignorance, bien sûr, mais aussi du mépris, et j'en ai été blessé, ce qui est peu dire, pour le métier que j'aime, pour mes élèves aussi.
Quel genre de mécanicien auto ont-ils donc à l'esprit ?
Nous ne serions que d'aimables bricoleurs, un peu bas de plafond, sans culture, sans savoir ?
Bien sûr, nous, on ne lit pas, on ne fait pas de techno... Si on écrit plus que quelques mots, "on fait des phrases", si on fait une remarque sur un point de grammaire, on ne reçoit que des sourires compatissants, si on parle un peu de littérature, on s'empresse de changer de sujet.
Nous, on est des "manuels", avec tout ce que cela a de péjoratif en ce pays ou la revalorisation dudit travail manuel n'est qu'un sujet de discours à peine convaincu.
Peut-être devrais-je demander à mes élèves de se cacher, aux prochaines récréations, la vue d'un bleu de travail semblant incongrue.
Pourtant, il y en a quelques-uns uns de nos collègues du général, qui viennent nous voir dans nos ateliers (un peu toujours les mêmes, d'ailleurs), qui viennent voir nos élèves travailler dans nos ateliers et qui savent le bénéfice qu'ils peuvent en retirer dans leurs rapports avec eux.
En effet, ceux-ci, pour la première fois, ne se retrouvent plus en position de faiblesse devant le professeur, et c'est bien volontiers qu'ils expliqueront ce qu'ils sont en train de faire, parce qu'ils savent ce qu'ils sont en train de faire, ils savent pourquoi ils le font, ils savent à quoi cela sert.
On nous demande encore et encore davantage de polyvalence, un autre mot à la mode.
Il est bien dommage qu'on ne le demande qu'aux professeurs du professionnel, avec des arguments aussi répétitifs que non avenus.
Je pense, comme toute personne ayant été au moins une fois à l'école, savoir comment fonctionne une salle de mathématiques, ou une salle de français...
D'ailleurs, il m'est toujours surprenant de voir des parents dirigés vers ces salles lors de nos journées portes ouvertes, comme s'ils ne savaient pas ce que peut être une salle de classe de l'enseignement général.
A moins que cela ne permette aux professeurs du général d'éviter de mettre les pieds dans les ateliers à ces occasions ?
Nous nous sommes mis à la "com tech", nous avons eu à digérer tous les référentiels autres que les nôtres pour harmoniser nos enseignement. Nous l'avons fait non parce qu'on nous l'a demandé mais parce que nous le savons nécessaire, et plus que jamais aujourd'hui. Mais a-t-on jamais vu quelqu'un d'autre qu'un professeur du professionnel enfiler le bleu de travail et entrer dans les ateliers pour y travailler ?
Il semble que tout cela ne marche que dans un seul sens, comme cela l'a toujours été, d'ailleurs.
Et puis, je suis des derniers professeurs de l'enseignement professionnel qui ont commencé en atelier, sur le tas, et cela me désole.
Je sais que pour cela je suis considéré comme un "has-been", celui qui ne connaît rien à rien, même pas consulté même pour des projets qui utilisent pourtant largement mes pages web comme source documentaire. Pourtant, quand on les voit tourner, ces projets, on peut légitimement se demander de quels côtés sont les techniciens et de quel côté sont les bricoleurs.
La maintenance auto, comme la boulangerie, comme la plomberie, comme la productique, comme tous les métiers manuels si peu considérés de nos jours, mais si nécessaires, s'apprend sur le tas, outils en main... et je parle là de tous les outils, de l'arrache-rotule jusqu'à la valise diagnostic, sachant que le plus difficile à mettre en oeuvre des deux n'est pas le plus "valorisant".
A ce propos, il peut être instructif de lire le travail fort pertinent de Vincent Troger, de l'IUFM de Versailles, portant sur le "Recrutement et formation des professeurs de lycées professionnels", avec des "propositions pour assurer le renouvellement des personnels dans les disciplines professionnelles".
Un autre texte intéressant, le Guide pédagogique pour la mise en œuvre du baccalauréat professionnel - Parcours en 3 ans émanant de l'Académie de Nancy-Metz (Créteil est en panne sur le sujet), portant sur l'organisation de la rentrée 2009, pour les Bac pro 3 ans... mais qui nous a été Le communiqué début novembre... un peu tard, peut-être ?
ainsi que l'Organisation pédagogique en classe de seconde professionnelle dans le cadre de la mise en placeexpérimentale du baccalauréat professionnel en 3 ans, de l'Académie de Nice.
- Le document de base reste donc, pour des élèves issus de 3ème, le référentiel Bac Pro 2 ans qui intéresse, je le rappelle, des élèves ayant déjà un CAP ou un BEP de maintenance automobile.
Mais bon, il ne s'agit là que d'un détail... A moins que cela ne soit la fameuse "liberté pédagogique" évoquée (en français dans le texte : débrouillez-vous tous seuls !)
C'est ce que j'essaie de faire ici...
- Ceci posé, entrons dans le vif du sujet.
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