- La rentrée 2001
Difficile, très difficile... Les conseils de classe approchent, nous sommes bientôt à la moitié de l'année scolaire (qui se soucie de ce déséquilibre insensé dans le calendrier ?), et rien n'est encore en place.
Il manque un professeur de mécanique auto et rien ne bouge... Les heures consacrées à notre discipline s'amenuisent d'année en année alors que le contenu technique ne cesse d'augmenter, et ce dans l'indifférence générale.
Je suis un technicien de formation, mécanicien d'abord, et j'ai toujours la plus grande passion, le plus grand respect pour ce métier manuel... Un gros mot est lâché... "métier manuel"... Mais, tant que des voitures rouleront, tant que notre parc automobile sera constitué majoritairement, très majoritairement, de voitures qui nécessiteront de plus en plus de réparation (voir l'explosion du prix des voitures neuves et de leur coût d'entretien), il y aura des mécanos pour se salir les mains sur des mécaniques récalcitrantes...
Avec 30 millions de voitures roulant en France (2 millions de voitures neuves par an, la vitesse de renouvellement du parc est un calcul à la portée de n'importe quelle personne un temps soit peu sensée), l'âge moyen du parc dépassant les 7 ans, les MRA (mécaniciens réparateurs automobiles) ont de beaux jours devant eux....
Une voiture, malgré son électronique embarquée (et pas aussi "hermétique" que voudraient nous le faire croire les constructeurs... ce n'est qu'une question de compétence !) possède toujours un moteur, des roues, des freins, une boîte de vitesses, un embrayage. Il faudra bien que quelqu'un puisse les réparer, non ?
L'ignorance de ce métier, l'ignorance de la réalité de ce métier, l'ignorance de l'évolution de ce métier est impardonnable, à quelque niveau que ce soit.
Je suis professeur aussi, par vocation, par volonté de transmettre cette culture à laquelle je suis si attaché.
L'école, ce sont des élèves, et des professeurs, pour les élèves. Le reste n'est que perte de temps, que gesticulations inutiles.
C'est d'une telle évidence, d'une telle évidence...
Nous passons de plus en plus de temps à nous battre pour survivre, en tant que lycée professionnel public, formateur de base, à nous battre contre une tendance dérisoire à l'élitisme qui est une trop parfait reflet de cette société qui se fourvoie.
Il suffirait seulement d'un peu de bon sens, juste un peu de bon sens....
La place de la mécanique auto diminue dans notre atelier, à ma grande tristesse, la part de l'enseignement construit sur des bases solides, sur une vraie recherche de la pédagogie concrète, appliquée diminue, le professionnalisme se meure, simplement.
Des exemples ? Un stage sur le GNV (pour quelle application ?), la découverte du multiplexage (une technique déjà connue en électronique), le refus d'ouverture d'une formation de CAP électricien (2 établissement préparent ce diplôme en Ile-de-France alors que près de 80 % des véhicules modernes, équipés entre autre de climatisation, pourraient faire appel à ces spécialistes qualifiés), la dégénérescence du diplôme de BEP Maintenance des Véhicules, etc.
Voilà pourquoi cette rentrée est difficile, comme ce monde est difficile, qui se perd loin de trop simples évidences.
Heureusement, il y a les élèves... Même s'ils sont difficiles, même si chaque cours est une bataille, il y a toujours la petite lueur, l'espoir d'avoir réussi, même un peu... Nous avons leur avenir entre les mains, c'est bien de cela dont il s'agit, et c'est aussi une évidence un peu trop oubliée.
Alors, il faut continuer, même si on y croit un peu moins, même si c'est de plus en plus difficile, même si l'on a de moins en moins de soutien de ceux dont c'est le premier métier.... Et je continuerai....
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