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ECHAPPEMENT
CONSTRUIT "VOTRE" VOTRE BERLINETTE



Folie... Il n'existe vraisemblablement pas d'autre terme pour qualifier l'aventure dans laquelle va se lancer votre journal. Il faut dire que l'enthousiasme et la passion qui ont enflammé vos réponses à notre sondage d'avril, à travers lequel vous avez défini le cahier des charges de cette berlinette, avaient de quoi nous faire perdre la tête.

C'est sûrement une grande folie. Un éditeur-constructeur, ça ne s'est sans doute jamais vu. Il fallait toute la passion et le goût du risque qui animent le fondateur d'Echappement, Michel Hommell, pour se lancer dans une telle aventure, dans une opération en fait aussi casse-gueule. Mais l'étincelle, le coup de coeur pour un projet aussi fou, ça ne se raisonne pas.

Les nombreuses esquisses, parfois dans des voies différentes,
qui ont permis d'arriver aux premiers dessins "définitifs".


Classique mais de signature moderne
Après le résultat du sondage sur l'architecture et les grandes lignes techniques, en juin, nous vous avions demandé : "Ouelle silhouette voyez-vous à cette berlinette ?". Vous nous avez donc adressé de nombreux croquis. Nous avions alors envisagé de les confier à un homme de l'art pour qu'il s'en inspire et dessine cette berlinette des années 90. Eh bien, ce fut fait. Nous nous sommes adressés à Erick De Pauw, un ancien du Centre de style Citroën, ayant également fait ses armes au réputé Art Center College of Design en Californie. Il possède maintenant sa propre firme, Design Performance.

Erick De Pauw, "notre" styliste, s'est inspiré de vos croquis pour
dessiner les premières esquisses de la berlinette Echappement.

La maquette de "Groupe C" étudiée et réalisée par Erick De Pauw
(Salon de la Voiture Course 1989).

Il a donc essayé de répondre au mieux à ce que vous aviez, pour 77 % d'entre vous, demandé dans le sondage : "Classique avec signature moderne". Rappelez-vous, vous aviez délibérément écarté les lignes futuristes (10 % seulement) ou ostensiblement rétro (13 %). La grande majorité (88 %) avait choisi une carrosserie de coupé et non de roadster.
Si l'architecture et les qualités techniques sont essentielles, le style, lui, est carrément primordial. Et ce n'est pas un chapitre facile. Voyez les difficultés que rencontrent les grands constructeurs en ce domaine et imaginez-les au stade d'une réalisation artisanale. Voici donc les premières esquisses dues au crayon d'Erick De Pauw.

La première maquette, à l'échelle 1/5e,
sera-t-elle réellement le reflet de ce dessin ?

La signature du style de la berlinette Echappement.

Moteur Peugeot 16 soupapes
Pour la mécanique, il sera donc, selon vos souhaits, fait appel au moteur 16 soupapes Peugeot des 309 GTI 16 et 405 Mi 16, arrivé largement en tête avec 27 % des suffrages devant le 16 soupapes Renault des Clio et R 19 (15 %). Et c'est indéniablement un excellent choix, pour ne pas dire le meilleur. 160 ch pour 1 905 cm3 : personne ne fait aujourd'hui mieux dans cette catégorie en puissance au litre, même pas BMW avec son 1 800. Et si le couple n'est pas la qualité première du 16 soupapes Peugeot, celui-ci est servi par une boîte de vitesses à l'étagement idéalement sportif, là encore quasiment sans concurrence, atténuant bien cette légère faiblesse. Et dans une voiture plus légère - vous avez demandé entre 800 et 900 kg - ce sensible défaut de couple devrait être largement gommé. Il l'est déjà notoirement en passant de la 405 Mi 16 à la 309 GTI 16.
A partir de ce moteur, le but va être d'essayer d'utiliser largement d'autres pièces de grande diffusion (boîte de vitesses ou certains éléments de suspension). En revanche, s'il risque d'y avoir une petite distorsion - et une seule - entre ce que vous avez demandé et la réalisation effective de ce projet, c'est dans l'implantation précise du moteur. Si l'on est bien d'accord (à 84 %) que ce moteur doit être situé à l'arrière, vous êtes 71 % à l'avoir réclamé en position longitudinale (centrale). Et vous avez bien sûr raison : c'est la position idéale. Malheureusement, ce n'est pas très réaliste, surtout lorsque 56 % d'entre vous souhaitent un prix inférieur à 200 000 F. En effet, cette alléchante disposition entraîne de nombreuses pièces très spécifiques. Et si, pour le moment, une commercialisation de la berlinette Echappement n'est pas envisagée, le projet doit toutefois rester plausible. Ainsi, compte tenu de l'environnement de la grande industrie produisant avant tout des moteurs transversaux (sur des tractions), il est a priori beaucoup plus raisonnable d'envisager de loger le moteur transversalement, à l'arrière. Mais ce ne doit pas être forcément une tare. De très illustres sportives, Lancia Stratos ou Ferrari 308/328 pour ne citer qu'elles, étaient ainsi implantées, ou plus simplement une Toyota MR.

Voilà, il ne reste plus qu'à se mettre au travail. Nous le ferons avec courage, celui de l'alpiniste au pied de l'Himalaya, et humilité. Ce sera en tout cas une véritable réalisation Echappement puisqu'il a été décidé d'installer l'atelier ici même dans nos locaux de Saint-Cloud. Nous ne manquerons évidemment pas de vous informer chaque mois de la progression mais il ne fait aucun doute que, souvent, elle se fera au rythme de cet alpiniste bloqué sur une paroi verticale.

Gilles Dupré, photos Philippe Maitre

LA MAQUETTE AU 1/5E


Grâce à cette maquette (ici celle en polyester),
la berlinette Echappement a commencé à vivre sous nos yeux.


Ces dessins, rappelons-le, sont dus au crayon de notre styliste, Erick de Pauw. Eh bien, c'est lui aussi qui a réalisé la première maquette, les premières même, devrions-nous dire. En effet, il a modelé la toute première en terre, en "clay" très exactement (c'est de l'américain utilisé dans le jargon du métier) ou en plastiline (selon la dénomination française), et une seconde a été moulée en polyester.
Dans notre sondage du mois d'avril dont nous avions publié le résultat en juin, vous aviez, à 77 %, réclamé un .style classique avec signature moderne. Et vous aviez écarté, aussi bien les formes futuristes (10 % seulement) que rétro (13 %). Quant au type de carrosserie, c'est le traditionnel coupé qui l'avait emporté avec 88 % des suffrages, le roadster ne comptant, à notre étonnement, que 6 % des voix.
L'un des traits caractéristiques de cette berlinette - et Erick de Pauw l'a en fait subi puisqu'il dépend directement de l'architecture à moteur transversal arrière - est le centrage du volume sur l'arrière, allant un peu à contre-mode, à une époque où les constructeurs de Grand Tourisme ne cessent d'avancer la position de conduite. En outre, nous désirons la plus grande sécurité possible en cas de choc frontal, avec un pédalier nettement en retrait de l'axe des roues avant. Et même sur les authentiques voitures de course, les pieds doivent être en arrière de cette ligne.

Erick de Pauw travaille en direct devant nous.
Il a essayé d'explorer toutes les voies pour chaque détail.

Celle-ci est l'originelle, en plastiline.

Cent fois sur le métier...
Tout au long de son ébauche, la première maquette n'a pas ménagé ses visites à notre atelier de Saint-Cloud.
Combien de fois, Erick en a-t-il repris les galbes? Au cours de longues discussions, il travaillait en direct devant nous, affinant ou modifiant les lignes et les volumes à la demande.
Le pare-brise a été implanté plusieurs fois, des essais d'inclinaison ayant même été effectués sur chaque moitié de la maquette.
Tout le travail d'une maquette est bien sûr passionnant puisque la silhouette naît progressivement sous vos yeux mais il est aussi aride et austère. D'abord, la couleur de la terre ne favorise pas l'épanouissement d'une silhouette. Ensuite, afin de préserver la symétrie, il faut conserver longtemps certaines arêtes avant de leur donner leur courbure définitive. Du coup, l'appréciation est parfois difficile mais la recherche ô combien exaltante et, dut-il en rougir, il faut bien le dire, travailler avec Erick fut un vrai régal. On le sait, et on le comprend, un styliste s'accroche généralement au plus petit de ses coups de crayon. Là, il y eut osmose : en dépit du respect que nous éprouvions pour le dessin originel, Erick nous a offert, pour des détails, le choix entre de nombreuses variantes, qu'il puisait à l'écoute de nos remarques. Aucune investigation n'a été écartée. Mais, de toute façon, vous pourrez le constater : cette maquette au 1/5e est étonnamment proche de ce dessin originel, ce qui est aussi rare que peu évident.


Photo souvenir : la rédaction d'Echappement entourant Michel Hommell.

Certes, elle n'est qu'à l'échelle 1/5e mais, après les dessins de style, cette maquette représente une étape qui nous a permis d'en apprécier les volumes. Maintenant, Erick de Pauw va s'atteler à la maquette échelle 1 qui nous permettra ensuite de réaliser les moules de la carrosserie. Et merci encore à tous ceux qui nous encouragent, la palme de la gentillesse revenant ce mois-ci à Sébastien Pasquet.

Gilles Dupré, photos Christian Chiquello, Philippe Maitre

MICHEL HOMMELL
(Auto Hebdo 21.2.1996)

Date et lieu de naissance : 20 février 1944 à Nancy.
Lieu de résidence : Paris.
Situation de famille : Marié.
Enfants : Une fille et un garçon.
Nombre d'années dans la compétition : 3 en Coupe R8 Gordini.
Véhicules personnels : Un proto AX turbo Danielson de 170 chevaux. Un truc presque inconduisible remplaçant provisoirement la vieille BMW Série 5 qui vient de brûler.
Quel est le dernier film que vous avez aimé ? "Le bonheur est dans le pré".
Quel est le dernier livre que vous avez lu ? "Quand les autruches relèveront la tête" d'Alain Madelin.
Vos artistes préférés : Johnny Hallyduy, Anne Sinclair et Catherine Deneuve.
Hobbies : Automobile, environnement et architecture.
Sports pratiqués : Cyclotourisme.
Vos héros dans la vie : Mes parents.
Vos sportifs favoris : Juan-Manuel Fangio, Fausto Coppi et Patrick Edlinger.
Personnalités que vous aimeriez rencontrer : Jean-Paul II.
De quoi ne pourriez-vous pas vous passer ? De la vie de village.
Quel est le bon côté du métier ? Vivre ma passion et avoir pu m'épanouir à travers mon métier depuis l'âge de 23 ans...
Et le mauvais côté ?Le manque de relation avec l'entourage professionnel dû à la croissance de l'entreprise...
Si vous aviez à choisir un autre métier : Architecte.
Votre meilleur souvenir en compétition ? Le passage sur deux roues au Nouveau Monde à Rouen avec ma Gordini suivi de son rétablissement sur quatre roues.
Quel est le moment le plus pénible que vous ayez eu à vivre ? La perte d'êtres chers.
Quelle est la qualité que vous aimez chez autrui ? La droiture.
Quel est le défaut que vous n'aimez pas ? La malhonnêteté intellectuelle.
Avez-vous un fantasme particulier ? Réussir à créer la vie idéale dans un village pour tous les acteurs...
Où vous voyez-vous dans dix ans ? Dans une activité mêlant l'entreprise et la vie de village à Lohéac.