- Le Berry, c'est aussi le marché, animé par les petits producteurs et maraîchers du cru, tels qu'il existe depuis, sans doute, plusieurs millénaires, marché qu'une poignée d'abrutis endimanchés et aveuglés par le lobby "pognon" (on dit homme politique européen quand on est poli) on décidé de "surréglementer" (en fait d'interdire, tout simplement).
Qui leur dira que ce n'est pas sur ces marchés que prolifèrent les germes mais dans leurs belles usines toutes neuves et trop aseptisées... L'actualité récente l'a démontré. Mais quel est le poids d'un petit agriculteur contre celui d'une multinationale ? Ce n'est qu'une question de montant de pot-de-vin....
Le fromage sur la table, le jambon ou le saucisson qui pend dans la cuisine, il paraît que c'est mal... Je me demande combien de fois je suis mort d'avoir mangé de ces produits artisanaux, de ces laitues du jardin, de tous ces produits sans Cellophane. Il est vrai que l'on arrive à l'époque, stupide, du "risque zéro"... Il devient urgent de dire stop à ces gens corrompus et, surtout, sans vergogne qui disent nous gouverner, non ?
Mais je m'énerve...
- A table, donc, en espérant que ce qui suit ne devienne un jour qu'un souvenir trop lointain.
- - On essuie son verre et son assiette, on coupe le pain au couteau après avoir passé et repassé la lame sur l'entame, comme un "bien éduqué".
- On se fait servir une bonne soupe au légumes et au petit salé, une soupe au pain, une soupe à la poule nouère (le corbeau de campagne, qui se nourrit au bon grain), un poulet en barbouille (poulet au sang), un fricandiau (foie de veau piqué), quelques bourre-chrétien (pommes de terre enrobées de pâte), une galette aux grillons (lardons très frais et grillés), des cèpes au gril ...
A ce propos, une manière amusante d'attraper, citée dans "l'Albert Moderne", paru en 1772 (les "&" sont d'époque) :
les corbeaux. Comme les corbeaux mangent les grains dans la campagne, & qu'ils y font bien des ravages, c'est toujours une chose utile que de chercher à les détruire. Voici pour cela une méthode sûre & en même temps amusante. Prenez une livre de viande, découpez-la en plusieurs morceaux, à-peu-près de la grosseur d'une noix : faites provision d'une main de papier ou plus, & d'un petit pot rempli de glu. Ensuite transportez-vous dans un endroit où vous savez qu'il se rassemble beaucoup de corbeaux : pour lors faites autant de cornets que vous avez de morceaux de viande, employez à chaque cornet une feuille de papier; & pour agir plus prudemment, faites-y un point d'aiguille en haut & en bas : pour lors mettez-y un de vos morceaux, & frottez de glu l'entrée du cornet en dedans : placez tous vos cornets de distance en distance, & retirez-vous à l'écart.
Bientôt les corbeaux friands de cette viande fraîche, se jetteront dessus avec toute l'avidité possible, & fourrant leur tête jusqu'au fond du cornet pour atteindre à leur proie, qui est trop enfoncée s'englueront les plumes à l'entrée du cornet, & ne pourront plus rétirer leur tête : alors, sans plus songer à leur proie, & se trouvant aveuglés, ils prendront leur vol, & s'éleveront dans l'air tant qu'ils pourront jusqu'à perte de vue, mais toujours perpendiculairement. Ne croyez pas pour cela les avoir perdus de vue; car vous les verrez peu de temps après, c'est-à-dire, quand les forces leur manqueront, retomber directement au même endroit où ils auront pris leur volée : pour lors il vous sera bien facile de vous en saisir, ou de les assommer en leur donnant à chacun un bon coup de bâton sur la tête : on en peut expédier ainsi facilement tant qu'on veut.
C'est un vrai plaisir de voir dans la même minute, dix, douze & quelquefois plus, de ces corbeaux prendre leur volée tout à la fois, & retomber ensuite les uns après les autres selon que les forces leur manquent plutôt ou plus tard aux uns qu'aux autres. On en prend quelquefois jusqu'à soixante dans une matinée, une livre de viande suffit pour cela : car, au moyen de ce que le cornet est haut, ils ne peuvent pas atteindre au morceau qui est au fond. D'ailleurs, ils sont si étourdis de se voir pris de la sorte, qu'ils ne songent plus à leur proie, qui peut servir à en attraper d'autres.
- - On "fait descendre" avec quelques salades arrosée de l'excellente huile de noix de Dun sur Auron.
- En dessert, des sanciaux (beignets au miel), du millat (clafoutis aux cerises noire), du citrouillat, une ou deux poires pisserette ou cravert, des croquets bien durs (de Charost, Baugy ou Sancerre).
- Du fromage ?
- Un fromage blanc de Rians, un crottin de Chavignol ("un seigneur de fromage"), une bonne "graissée de fromage mou" (tartine de fromage blanc).
- - Et pour la soif, sans trop de modération ?
- Du Sancerre rouge ou blanc (comme Grégoire de Tours en 582 ou Philippe Auguste en 1200), du Menetou-Salon (le vignoble du grand Jacques Coeur), du Quincy, du Reuilly, du Coteaux des Giennois, un petit vin gris de Châteaumeillant et une petite liqueur de prunelle.
- - Et pour finir un bon café servi dans un mazagran "bien d'cheu nous" avec quelques sablés de Nançay.
- Et pourquoi pas quelques friandises?
- Dégustez les Forestines de Bourges, les Ecus du Grand Argentier, les Demoiselles de Saint Amand Montrond.
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