Vive le Berry !
A table !


Le Berry, c'est aussi le marché, animé par les petits producteurs et maraîchers du cru, tels qu'il existe depuis, sans doute, plusieurs millénaires, marché qu'une poignée d'abrutis endimanchés et aveuglés par le lobby "pognon" (on dit homme politique européen quand on est poli) on décidé de "surréglementer" (en fait d'interdire, tout simplement).

Qui leur dira que ce n'est pas sur ces marchés que prolifèrent les germes mais dans leurs belles usines toutes neuves et trop aseptisées... L'actualité récente l'a démontré. Mais quel est le poids d'un petit agriculteur contre celui d'une multinationale ? Ce n'est qu'une question de montant de pot-de-vin....
Le fromage sur la table, le jambon ou le saucisson qui pend dans la cuisine, il paraît que c'est mal... Je me demande combien de fois je suis mort d'avoir mangé de ces produits artisanaux, de ces laitues du jardin, de tous ces produits sans Cellophane. Il est vrai que l'on arrive à l'époque, stupide, du "risque zéro"... Il devient urgent de dire stop à ces gens corrompus et, surtout, sans vergogne qui disent nous gouverner, non ?
Mais je m'énerve...

A table, donc, en espérant que ce qui suit ne devienne un jour qu'un souvenir trop lointain.

- On essuie son verre et son assiette, on coupe le pain au couteau après avoir passé et repassé la lame sur l'entame, comme un "bien éduqué".
- On se fait servir une bonne soupe au légumes et au petit salé, une soupe au pain, une soupe à la poule nouère (le corbeau de campagne, qui se nourrit au bon grain), un poulet en barbouille (poulet au sang), un fricandiau (foie de veau piqué), quelques bourre-chrétien (pommes de terre enrobées de pâte), une galette aux grillons (lardons très frais et grillés), des cèpes au gril ...

A ce propos, une manière amusante d'attraper, citée dans "l'Albert Moderne", paru en 1772 (les "&" sont d'époque) :
les corbeaux. Comme les corbeaux mangent les grains dans la campagne, & qu'ils y font bien des ravages, c'est toujours une chose utile que de chercher à les détruire. Voici pour cela une méthode sûre & en même temps amusante. Prenez une livre de viande, découpez-la en plusieurs morceaux, à-peu-près de la grosseur d'une noix : faites provision d'une main de papier ou plus, & d'un petit pot rempli de glu. Ensuite transportez-vous dans un endroit où vous savez qu'il se rassemble beaucoup de corbeaux : pour lors faites autant de cornets que vous avez de morceaux de viande, employez à chaque cornet une feuille de papier; & pour agir plus prudemment, faites-y un point d'aiguille en haut & en bas : pour lors mettez-y un de vos morceaux, & frottez de glu l'entrée du cornet en dedans : placez tous vos cornets de distance en distance, & retirez-vous à l'écart. Bientôt les corbeaux friands de cette viande fraîche, se jetteront dessus avec toute l'avidité possible, & fourrant leur tête jusqu'au fond du cornet pour atteindre à leur proie, qui est trop enfoncée s'englueront les plumes à l'entrée du cornet, & ne pourront plus rétirer leur tête : alors, sans plus songer à leur proie, & se trouvant aveuglés, ils prendront leur vol, & s'éleveront dans l'air tant qu'ils pourront jusqu'à perte de vue, mais toujours perpendiculairement. Ne croyez pas pour cela les avoir perdus de vue; car vous les verrez peu de temps après, c'est-à-dire, quand les forces leur manqueront, retomber directement au même endroit où ils auront pris leur volée : pour lors il vous sera bien facile de vous en saisir, ou de les assommer en leur donnant à chacun un bon coup de bâton sur la tête : on en peut expédier ainsi facilement tant qu'on veut. C'est un vrai plaisir de voir dans la même minute, dix, douze & quelquefois plus, de ces corbeaux prendre leur volée tout à la fois, & retomber ensuite les uns après les autres selon que les forces leur manquent plutôt ou plus tard aux uns qu'aux autres. On en prend quelquefois jusqu'à soixante dans une matinée, une livre de viande suffit pour cela : car, au moyen de ce que le cornet est haut, ils ne peuvent pas atteindre au morceau qui est au fond. D'ailleurs, ils sont si étourdis de se voir pris de la sorte, qu'ils ne songent plus à leur proie, qui peut servir à en attraper d'autres.

- On "fait descendre" avec quelques salades arrosée de l'excellente huile de noix de Dun sur Auron.
- En dessert, des sanciaux (beignets au miel), du millat (clafoutis aux cerises noire), du citrouillat, une ou deux poires pisserette ou cravert, des croquets bien durs (de Charost, Baugy ou Sancerre).
- Du fromage ?
Un fromage blanc de Rians, un crottin de Chavignol ("un seigneur de fromage"), une bonne "graissée de fromage mou" (tartine de fromage blanc).
- Et pour la soif, sans trop de modération ?
Du Sancerre rouge ou blanc (comme Grégoire de Tours en 582 ou Philippe Auguste en 1200), du Menetou-Salon (le vignoble du grand Jacques Coeur), du Quincy, du Reuilly, du Coteaux des Giennois, un petit vin gris de Châteaumeillant et une petite liqueur de prunelle.
- Et pour finir un bon café servi dans un mazagran "bien d'cheu nous" avec quelques sablés de Nançay.
- Et pourquoi pas quelques friandises?
Dégustez les Forestines de Bourges, les Ecus du Grand Argentier, les Demoiselles de Saint Amand Montrond.

les recettes du Berry

retour en Berry

LES VINS DE BERRY

Le premier catalogue des vins de France, considérés au point de vue de leur mérite, a été écrit sous forme de poème par Henry D'Andely vers l'an 1200.

Le poète imagine que tous les vins connus défilent à la table royale pour y être goûtés et jugés. Parmi les vins de France, se trouvent ceux d'lssoudun et de Châteauroux : "D'Yssoudun - De Chastel Raoul et du Vin de Trie-La-Bardoul" Quand le défilé fut terminé, les mauvais vins furent chassés, en particulier ceux de Beauvais - de Châlons-sur-Saône, d'Etampes, du Mans, de Tours, d'Argence, de Chambli et de Rennes. Puis les vins sélectionnés viennent vanter leurs qualités les uns après les autres : "Chauveni (Chauvigny) Montrichard, Lacoy (Lassay) Chastel-Raoul (Châteauroux) et Besançay (Buzançais), Montmorillon et Yssoudun furent devant le Roi... " Le Roi, après une lutte ardente entre tous les vins, choisit les meilleurs : "Le Roy les Bons Vins Courona, et à Chascun son Nom Dona"
Malheureusement, nous ne connaissons pas le classement ! dommage !...
En 1657, Nicolas De Nicolay, dans sa "description générale des païs et Duché de Berry", déclare que le territoire d'lssoudun est renommé pour son vin.
Il cite "la grande quantité des excellent vins qui croissent ès vignobles des environs".
Il parle de Sancerre comme "grand pais de vignoble auquel croist quantité merveilleux d'excellent vins".
Chaumeau, à la même époque, fournit quelques détails sur la localisation de l'importance des vignobles en citant ceux d'Aix-Lury-Chateauneuf, Dun-le-Roy, Châteaumeillant, Bué-La Châtre-Argenton, Sainte-Sévère, Saint-Satur, Sury-en-Vaux, Chavignol "qui font grande trafique tant par eau que par terre".
Dans son "itinéraire de la France" écrit en 1616, le voyageur allemand Jodocus Sincerus, constate que le Berry abonde en vins, et cite notamment celui du territoire de Bourges comme particulièrement profitable à la santé.
La Thaumassière mentionne les vins de Reuilly, La Chapelle-Saint-Ursin, Amigny, Parassy, Fussy et Vignoux.
Il rappelle que les vins de Sancerre sont réputés depuis 600 ans et plus, et il les vante comme "très excellent et les plus renommés du Royaume".

On peut aussi citer la bière au blé Sollier de Damien Ferrier à Subdray, près de Bourges.

Les vins de Sancerre, de Mennetou-Salon, de Quincy et de Reuilly,
les coteaux de Châteaumcillant (V.D.Q.S.), Valençay (V.D.Q.S.) et Thauvenay.
les liqueurs

LES VINS DE SANCERRE


L'aventure du Sancerre réjouira le coeur des optimistes qui croient le progrès technique capable de nous rendre quelques-uns des bons "vins de nos aïeux". Ici, comme à Chàteau-Chalon, l'emploi des mototreuils a permis la remise en culture d'excellentes terres abandonnées à cause d'une trop forte pente. Trois cents vignerons cultivent environ trois cents hectares, tous plantés en Sauvignon, et produisant en moyenne dix mille hectolitres. Le raisin est cueilli tout à fait mûr et mis à fermenter dans des tonnes de six cents litres. Si nécessaire, on chauffe les caves pour obtenir un vin plus sec. Le vin est fait au bout de quelques semaines et bon à déguster dés le mois de janvier. Les vins de "caillottes" sont les meilleurs du 15 janvier à la fin mars. Les bouteilles sont à conserver couchées dans une cave fraîche.
Classification et caractères des vins de Sancerre

Cas très rare: deux vins peuvent provenir du même cru et se révéler très différents, à la fois comme saveur et comme développement. Il faut en voir la cause dans la nature du terrain. Les terrains marneux ou "terres blanches", ou "grosses terres" donnent des vins corsés, un peu lourds, peu bouquetés en primeur, mais qui se développent bien en quelques mois de bouteilles; les terrains pierreux, calcaires, dits "caillottes", des vins légers, fruités, agréables, excellents en primeur, mais passant rapidement. Le vin de Sancerre livré dans le commerce est généralement un mélange de ces deux vins... et il réussit à être meilleur que chacun.
Meilleures communes

Douze au total. Sancerre et ses deux hameaux sont renommés: Chavignol et Amigny. Autres communes: Bué, Crézancy, Verdigny, Sury-en-Vaux, Saint-Satur, Ménétréol-sous-Sancerre, Bannay, Veaugues, Vinon, Thauvenay, Sainte-Gemme, Ménetou-Ratel.
Caractères

Le vin blanc de Sancerre doit titrer au minimum dix degrés et demi. Pratiquement ce chiffre est toujours dépassé et atteint de onze degrés et demi à treize, ce qui représente le meilleur équilibre entre le bouquet et le corps. On peut alors apprécier son arôme si particulier. Robe d'un bel or vert, mais non pas jaune, fruité, acide avec un rien de moelleux, le vin de Sancerre demande à être consommé jeune. Un vin de trois ou quatre ans perd souvent de sa fraîcheur, bien que certains millésimes se soient conservés dix ans.
Vins rosés et rouges

Les vins rosés et rouges sont issus du cépage Pinot et ont droit à l'appellation Sancerre depuis 1959. Ils sont secs, frais, fruités, excellents après six mois de bouteille.
Du bon usage du vin de Sancerre

Le vin de Sancerre doit être bu frais, sans excès afin de ne pas perdre son bouquet. Une température de dix à quinze degrés est la meilleure. On peut le consommer à toute heure du jour. Au cours du repas, il accompagne les coquillages, le jambon sec, les pâtés, les poissons, les volailles et les viandes blanches. Les crus sont assez caractérisés pour permettre des nuances intéressantes.
Bonnes années: 1962, 1964, 1966,1969, 1970, 1971, 1973.
Route du Vin

Le vignoble de Sancerre couvre une région très pittoresque et chaque village, voire chaque hameau mérite une visite.
Sociétés vineuses

Chevaliers du Cep, à Verdigny-Crézancy. Berettes de Bué, à Bué. Chevaliers de Sancerre, à Sancerre. (Président: Alphonse Mellot.)
Coopérative

Route de Bourges. Sancerre.
Source de renseignements

Union agricole et viticole sancerroise, hôtel de ville, Sancerre.
Extrait du "Guide du Vin" de Raymond Dumay (Stock, paru au Livre de Poche)

Domaine de la Poussie

Sancerre blanc. Sancerrois, le Sancerre de Balzac

Balzac a laissé, entre autres réputations, celle d'un grand buveur de café. N'allez pas croire pour autant qu'il se désintéressait des autres boissons et plus particulièrement des vins. Il avait même sur ce chapitre des jugements pour le moins pertinents, témoin celui qu'il portait sur les vins du Sancerrois :
"... Le pays possède plusieurs crus de vins généreux et pleins de bouquet, assez semblables aux produits de la Bourgogne pour qu'à Paris les palais vulgaires s'y trompent. Sancerre trouve donc dans les cabarets parisiens une rapide consommation, assez nécessaire d'ailleurs à des vins qui ne peuvent pas se garder plus de sept à huit ans... "
C'était à la fois flatteur, assez sévère et presque méchant. Il est exact que la dégustation et l'habitude du Sancerre débouchent sur des appréciations diverses. Le Sancerre a de farouches partisans et d'impitoyables détracteurs. Mais n'est-il pas justement victime de son succès,
la demande dépassant largement la production ? On est tout de même obligé de reconnaître aux crus de Sancerre leur originalité et leur caractère. Ceux qui sont récoltés en terrains calcaires sont légers et fruités. Ils ont beaucoup de personnalité et plus de finesse que ceux qui viennent des terres d'argile, alors moins bouquetés.
Sec, parfois corsé, le Sancerre, en revanche, vieillit mal. Huîtres et poissons peuvent s'en accompagner. Mais il peut surtout être prétexte à une merveilleuse promenade. Sancerre est un village absolument ravissant qui raconte depuis Philippe-Auguste l'histoire de son vin à travers les guerres de religion. De là, vous passerez à Bue où le Domaine de la Poussie donne un des plus estimables Sancerre que je connaisse et vous rentrerez par Thauvenay où la petite exploitation du Château de Thauvenay, pour être artisanale et familiale, n'en est pas moins intéressante (son 64 a été de très belle tenue).
Extrait du "Guide de la Bonne Cave" de Philippe Couderc (La Table Ronde)

Guche Pigeon

Sancerre rouge, du vin sous les acacias.

Qui dit Sancerre pense immédiatement "vin blanc". Et quel vin blanc ! Fruité, souple, avec un bouquet extrêmement ouvert, vite "fait" et destiné à être bu dans ses premières années. On comprend le serment des vignerons d'honneur du cru : "Je jure que je boirai pur le premier verre de vin, le second sans eau, et le troisième tel qu'il sort du tonneau." Une profession de foi que vous n'oublierez pas lorsque vous en dégusterez un avec un "crottin" du pays, venu tout droit de Chavignol.
Je regrette cependant que l'on ait tendance à négliger sinon oublier les Sancerre rouges. Sans doute restent-ils relativement rares, mais au moins peut-on déjà être sûr de leur qualité : ils ne sont produits que les bonnes années. Issus obligatoirement des raisins de Pinot noir, leur réputation remonte jusqu'au Moyen Age. Personnellement je les considère comme de parfaits vins de l'été. Bien bâtis, fruités comme les blancs ils possèdent une petite pointe de picotement qui amuse le palais sans l'irriter. On les sent rafraîchissants et ils se montrent légers à la tête; tout rustiques qu'ils soient, leur élégance simple ne se conteste pas.
J'en ai trouvé un fort avenant dont le nom déjà porte à rêver, car on l'imagine baptisé par quelque seigneur campagnard : "Guche pigeon de l'Orme au Loup." Ce serait là une formule patoisante : "se gucher" signifierait se percher. Or, cette vigne conserve encore des acacias, vestiges d'une forêt où, de tradition, vivaient des compagnies de pigeons. La forêt a disparu, mais les pigeons viennent encore loger dans les derniers acacias. Quant à l'orme au Loup", autre lieu dit voisin, il n'est pas interdit de penser que la proximité de tant de pigeons ait attiré quelques loups voraces. Toutefois rien ne vous empêche, à la manière du non La Fontaine, d'en imaginer une fable.
Extrait du "Guide de la Bonne Cave" de Philippe Couderc (La Table Ronde)

Domaine Henri Bourgeois

Sancerre et pouilly-fumé
Ce vaste domaine de 65 ha est parti du sancerrois pour établir une solide tête de pont sur les terroirs argilo-calcaires de Pouilly, de l'autre côté de la Loire.
Sélections 2002 : La Côte des Monts Damnés Sancerre blanc 2000 et La Demoiselle de Bourgeois pouilly-fumé 2000

Domaine Henri Bourgeois, Chavignol, 18300 Sancerre. Tél. : 02-48-78-53-20
Les 500 meilleurs vignerons 2002-2003 (Le Nouvel Observateur avec Le Guide Hachette des Vins)

Pierre Prieur et Fils

Sancerre
Ce domaine, créé au XVIe siècle, était déjà connu au XIXe siècle en Angleterre, lorsque l'ancêtre Patient Maréchal conduisait le vignoble.
Sélection 2002 : Domaine de Saint-Pierre Cuvée Maréchal Prieur 1999
Pierre Prieur et Fils, Domaine de Saint-Ferre, 18300 Verdigny. Tél : 02-48-79-31-70
Les 500 meilleurs vignerons 2002-2003 (Le Nouvel Observateur avec Le Guide Hachette des Vins)

LES VINS DE MENETOU-SALON


Le petit vignoble de Menetou-Salon est l'un des plus anciennement appréciés de France. On a la preuve qu'en l'an 1450 il était la propriété du grand argentier Jacques Coeur.
Situé à une dizaine de kilomètres au nord de Bourges, il couvre quatre cent cinquante hectares répartis sur les coteaux de neuf communes: Menetou-Salon, Parassy, Morogues, Saint-Céols, Soulangis, Aubinges, Vignoux-sous-les-Aix, Quantilly, Pigny. Les cépages autorisés sont le Sauvignon pour les blancs, le Pinot pour les rouges et les rosés, ces derniers d'une production encore réduite mais en cours de développement.

Du caractère et du bon usage des vins de Menetou-Salon

Vins frais, fruités, assez corsés (entre onze et treize degrés) avec un goût de terroir, ils sont mis en bouteilles au cours du printemps qui suit l'année de la récolte et gagnent à être bus en primeur. Ce sont des vins à boire "à la soif", et aussi avec les coquillages, les poissons et le fromage de chèvre, qu'il convient de servir frais, mais non glacés, à une température de huit ii dix degrés.
Manifestations

Foire aux vins de Bourges.
Journée des vins à Menetou-Salon, début mai. (A la cueillette du muguet, dans les forêts qui entourent le vignoble.)
Source de renseignement

Union viticole de la région de Menetou-Salon, mairie de Menetou-Salon (Cher).
Extrait du "Guide du Vin" de Raymond Dumay (Stock, paru au Livre de Poche)

Menetou-Salon

Sancerrois blanc, Menetou-Salon, ce vin ne fait pas le jacques

Les vacances demeurent encore le meilleur des prétextes pour les quêteurs d'inédit. Ainsi une route buissonnière dans le Sancerrois vient de me révéler à la fois une étrange cité et un vin original, tous deux injustement méconnus.
Parlons d'abord de la première : il s'agit en fait d'un minuscule village, miracle d'urbanisme, d'autant plus surprenant qu'il date du début du XVIIe siècle. Construit sur un plan rayonnant, l'ensemble ne manque pas d'équilibre avec ses huit rues convergeant toutes vers une place centrale carrée, dotée d'un joli puits. L'ensemble est d'une rare harmonie et l'on regrette que Henrichemont - tel est son nom - n'ait jamais été terminé.
On doit cette curieuse bourgade à Sully. Le sage ministre du Vert Galant avait décidé de se tailler une sorte de principauté où - le cas échéant - ses amis protestants et lui-même auraient pu se réfugier. Henrichemont devait en être le chef-lieu.
Insolite pour insolite, c'est à quelques kilomètres de Henrichemont que j'ai trouvé mon petit vin, dans le bourg de Menetou-Salon, dont il porte d'ailleurs le nom. Naguère on le vendait sous la dénomination de "coteau du Sancerrois". Il méritait d'être mieux distingué sans avoir besoin de faire ainsi une concurrence hypocrite au Sancerre. On a donc inventé l'appellation Menetou-Salon. Une appellation surveillée de près, puisque chaque récolte, avant d'en bénéficier, doit passer le test de la dégustation officielle.
Si le titre est nouveau, le vignoble ne date pas d'hier. Jacques Coeur, grand bourgeois s'il en fut, avait même trouvé bon de s'en attribuer la propriété. C'était au XVe. On savait déjà vivre.
On a là affaire à un vin issu de cépage de Sauvignon, au goût particulier et un peu épicé. C'est donc un blanc, sec, fruité et frais. S'il fait preuve de moins de finesse que le Sancerre, il est plus gai.
A propos de ce cépage de Sauvignon il faut bien reconnaître qu'il donne à l'ensemble de ces vins de Sancerre, de Pouilly fumé, de Reuilly et de Quincy, un petit air de famille. Son domaine ne s'arrêtant pas pour autant à ces régions : on le trouve en Bordelais où il entre dans la composition des célèbres Sauternes, dans certains vignobles pyrénéens et méditerranéens et même en Californie où il apporte aux vins une certaine distinction fort bien venue. Le Menetou est excellent en compagnie des poissons et des fromages de chèvre. En Berry, il a sa place derrière tous les comptoirs pour l'apéritif.
Extrait du "Guide de la Bonne Cave" de Philippe Couderc (La Table Ronde)

Albane et Bertrand Minchin

Menetou-salon
Bertrand Minchin conduit depuis 1987 ce domaine qui couvre un peu plus de 5 ha en rouges et un peu plus de 6 en blancs. Il accède aux meilleurs niveaux de qualité.
Sélection 2002 : La Tour Saint-Martin blanc 2000
Albane et Bertrand Minchin, La Tour Saint-Martin, 18340 Crosses. Tél : 02-48-25-02-95
Les 500 meilleurs vignerons 2002-2003 (Le Nouvel Observateur avec Le Guide Hachette des Vins)

LE VIN DE QUINCY


Le vignoble de Quincy est situé sur la rive gauche du Cher, à une vingtaine de kilomètres de Bourges.
Deux cents producteurs cultivent environ cent cinquante hectares plantés en Sauvignon et récoltent en moyenne quatre mille hectolitres.

Caractères du Quincy : Vin blanc très sec, frais sans verdeur, de degré assez élevé (minimum: 10,5°), une mise en bouteille précoce permet de lui conserver tout son bouquet.
Il est préférable de le consommer dans les deux premières années, car il perd assez vite sa vivacité.

Du bon usage du Quincy : Ce vin est à boire à la température de la cave, à sa soif, mais aussi avec les huîtres et le poisson. A une époque où l'on regrette ces "petits coins perdus", le vignoble de Quincy devrait tenter les amateurs. Il est si hors du monde qu'il ne s'y trouve pas même un restaurant.
Source de renseignement : Syndicat viticole de Quincy (Cher).
Extrait du "Guide du Vin" de Raymond Dumay (Stock, paru au Livre de Poche)

Quincy

Quincy blanc, Cher, Charming, le petit Quincy

Nous aimerions vous recommander, pour un début de cave courante, un blanc qui convient parfaitement aux huîtres et même à certains poissons. Il s'agit du Quincy. Il vient du Cher mais c'est un mal-aimé, trop souvent oublié et écrasé par la réputation de son voisin, le Sancerre. Pourtant, il mérite attention. Comme lui il est fait à partir de plants de Sauvignon qui furent apportés au XVe siècle par les moines cisterciens, lors de la construction de l'abbaye de Beauvoir. Plus léger que le Pouilly fumé, très proche du Sancerre, le Quincy est un blanc qui possède vra1ment un bouquet particulier. Presque sans sucre, il est franchement sec. Riche en arôme, il reste dans la bouche après qu'on l'a bu.
Comme ses confrères de Loire, il doit être bu jeune, c'est-à-dire avant sa troisième ou quatrième année. Non qu'il ne se conserve pas, mais il ne gagne rien à vieillir. Assez riche en alcool - puisqu'il ne descend jamais au-dessous de 10°5 - il se boit pourtant facilement. Comme pour tous les vins de Loire, l'année a bien moins d'importance que dans les autres régions de vignoble : cela tient à une extrême richesse du sol.
Les producteurs de Quincy sont peu nombreux - une quarantaine - et la production reste assez limitée. Nous avons retenu celui de M. Pipet. A toutes les caractéristiques que nous avons citées, il ajoute un très léger goût de pierre à fusil qui lui donne une petite étincelle.
Le 1964 que nous avons goûté était corsé (il titre 14°) avec beaucoup de mordant : bien plus qu'aux huîtres, il convient aux poissons beurre blanc. Le 1965, plus léger, moins corsé, très fin, est fait pour les fruits de mer. 1966 à partir d'un beau fruit, avec beaucoup de finesse et d'acidité, sera parfait. Les amateurs anglais - plus nombreux et plus connaisseurs qu'on ne le pense - disent du Quincy qu'il est "charming".
Extrait du "Guide de la Bonne Cave" de Philippe Couderc (La Table Ronde)

LES VINS DE REUILLY


Le vin de Reuilly présente le cas, heureusement rare, d'une appellation contrôlée en voie de disparition.
Situé sur les deux rives de l'Arnon, à une dizaine de kilomètres de Quincy, le vignoble planté en Sauvignon ne couvre guère qu'une trentaine d'hectares pour une production de six cents hectolitres.

Caractères du vin de Reuilly : lls sont très proches de ceux du Quincy.

Source de renseignements : Mairie de Reuilly (Indre).
Extrait du "Guide du Vin" de Raymond Dumay (Stock, paru au Livre de Poche)

Domaine des seigneurs 2001

Au sud-est de Bourges, cette petite appellation fut longtemps presque exclusivement réservée à la consommation locale. Mais le goût très original des vins, parfois si minéraux qu'ils évoquent des arômes de "pierre à fusil", fait aujourd'hui des vins de Reuilly les principaux concurrents de ceux de Sancerre. Très long, sur le citron vert et le pamplemousse, ce 2001 est un 100 % Sauvignon exemplaire.
16/20, La Foire au Vins Carrefour 2002

LES COTEAUX DE CHATEAUMEILLANT (V.D.Q.S.)

Rouge et gris (ou rosé).
L'aire de production s'étend sur une dizaine de communes des départements du Cher et de l'Indre autour de Châteaumcillant. 100 hectares fournissent 4000 hectolitres. Ces vins peu colorés sont charmants, vifs, fruités.
Extrait du "Guide du Vin" de Raymond Dumay (Stock, paru au Livre de Poche)

LES COTEAUX DE VALENCAY (V.D.Q.S.)


L'aire de production s'étend autour de Valençay dans le département de l'Indre. La production approche les 4000 hectolitres.
Ces vins sont fermes tout en manifestant un peu de l'esprit du plus illustre habitant de Valençay, Talleyrand.
Extrait du "Guide du Vin" de Raymond Dumay (Stock, paru au Livre de Poche)

LES COTEAUX DE THAUVENAY

Nonnains gris

Sancerrois gris, Thauvenay, un bâtard qui a de la branche

Il aura fallut le hasard d'un bon boeuf à la ficelle dégusté à La Poterne, pour que je fasse la connaissance d'un vin surprenant, curieusement baptisé du nom de Nonnains Gris. Sans doute voit-on, petit à petit, réapparaître ces vins gris, sur un marché submergé par une multitude de rosés. La plupart du temps, ils sont dépourvus d'appellation, mais non de charme. Parce qu'ils ont été longtemps gardés par les vignerons pour leur consommation personnelle, ils ont l'avantage de ne pas être truqués.
Mais leur production limitée les fait rares. Celui-ci vient de Thauvenay, dans le Sancerrois. Il n'a pas pour autant le caractère véhément de son célèbre cousin le Sancerre. C'est un modeste et l'on chercherait vainement son nom parmi les crus de cette région expédiés au XIVe vers les Flandres. Il n'est pas cité non plus dans les vers de Guillaume le Breton, poète de cour de Philippe Auguste, attaché à célébrer les vertus du Sancerre.
Son titre de "Nonnains" laisserait plutôt croire qu'il fut pendant longtemps le péché mignon des sacristains, voire des enfants de choeur ou de l'ordre de la Charité auquel appartenait le vignoble. Un vignoble d'ailleurs bien étrange. Au début du siècle, il servait de champ d'expériences à divers plants hybrides, mal vus en ces régions où l'on aime les plants nobles. Cette variété en a fait un bâtard, mais un bâtard qui a quand même de la branche.
Bien fruité, gai, il a du piquant grâce à une acidité qui agace le palais. Malgré sa force (12°), il se boit bien et ne laisse pas la tête lourde. C'est un accompagnement parfait des bouillabaisses et des poissons grillés. Vinifié avec le sérieux qui caractérise les caves de la région, le Nonnains se garde et se trouve bien de deux ans de bouteille.
Extrait du "Guide de la Bonne Cave" de Philippe Couderc (La Table Ronde)