1956
U.R.S.S. - Derrière le rideau de fer (Salon 1956, Revue Technique Automobile)
- La production automobile derrière le rideau de fer se classe en deux catégories : la construction tchécoslovaque et celle des autres républiques démocratiques.
La première, qui est représentée en France, est comparable, sinon par le nombre, du moins par la qualité, à celle des autres pays occidentaux. Ailleurs, on en est réduit à des approximations pour essayer de chiffrer la construction, et à utiliser des documents épars pour se faire une idée des techniques employées.
L'industrie automobile soviétique est relativement récente, puisque c'est seulement en 1915 que les frères Riaboutchinski entreprirent des fabrications qui furent interrompues pendant la Grande Guerre et la Révolution d'Octobre.
Il existait également à la même époque, une firme russo-lettone qui produisait à Riga de petites quantités de voitures à l'aide d'éléments importés des pays européens.
Mais les difficultés de frontière surgirent bientôt, et seuls les frères Riaboutchinskl continuèrent leur production en fondant la société AMO, qui fut nationalisée en 1919.
En 1924 fut construit le premier véhicule entièrement russe, la camionnette AMO-F 15, pendant qu'une seconde usine fondée à Yaroslav se consacrait à la construction des camions de la série YA (initiales deYaroslav).
Mais les méthodes de travail restent fort artisanales jusqu'au premier plan quinquennal (1929-1933), époque à laquelle furent jetées les bases d'une production industrielle.
Les frères Riaboutchinski commencèrent alors à s'agrandir, et leurs usines, qui prirent le nom d'usines Staline, furent équipées en vue d'une production annuelle de 25.000 camions de 3 tonnes, les AMO-3.
En même temps furent bâties à Gorki les usines Molotov, dont la construction dura 18 mois.
A la fin de ce premier plan quinquennal, les usines Molotov et Staline avaient atteint un chiffre de production de 50 000 véhicules.
Ces installations furent améliorées pendant le second plan quinquennal (1933-1937).
Les usines Staline lancèrent la ZIS 101, pendent que les usines Molotov se spécialisèrent dans la construction des camions.
En 1937, 200 000 voitures avaient été montées en U.R.S.S. et ce pays prenait le 4ème rang dans la production mondiale, derrière les Etats-Unis, l'Angleterre et la France.
Les usines furent évacuées dans l'Oural pendant la seconde guerre mondiale, et les chaînes de voitures de tourisme cessaient leur activité en raison de l'effort de guerre.
Dès le retour de la paix, la fabrication fut réorganisée.
Les usines de Yaroslav se remirent à produire des camions et des pneus, et de nouvelles installations s'implantaient en Géorgie et en Ukraine, à Karkov et à Dniepropetrovsk.
En 1947 était présentée à Moscou une voiture de moyenne cylindrée, la Moskvitch, rappelant de façon troublante I'Opel allemande de l'époque.
La même année, les usines Molotov entreprenaient la Pobieda, comparable à une 1500 Fiat.
Puis, dans une catégorie supérieure, la ZIM, mise en oeuvre en 1949, venait combler le trou existant entre la Pobieda et la Z1S.110, cette dernière, voiture de grand luxe, étant réservée aux dignitaires du Parti.
Un de nos confrères qui a interviewé le Vice-Ministre de l'industrie Maiboroda en a obtenu les chiffres de production annuelle : 445 000 véhicules, qui doivent devenir 650 000 on 1960, dont 200 000 voitures de tourisme.
Le vice-ministre a également annoncé le remplacement de la Pobieda par un nouveau modèle, la Volga, qui sortira en deux versions : l'une à propulsion arrière, l'autre à traction avant, cette dernière étant plus spécialement destinée aux campagnes.
De même, la ZIM sera maintenant équipée d'un moteur plus puissant, et la ZIS a été remaniée et modernisée. Le nouveau modèle est baptisé ZIS111.
On sait que de plus circule maintenant en U.R.S.S. un modèle expérimental, la NAMI-103, à cabine avancée, qui rappelle, en plus gros, la Fiat Multipla.
Mais l'événement de l'année automobile soviétique est sans conteste la fabrication de la nouvelle Moskvitch. Extérieurement, elle a une parenté certaine avec I'Opel Rekord actuelle, bien qu'elle semble lourde et qu'elle donne une impression de construction plus robuste. Sur cette Opel, les ailes avant ont un arrière-goût de Ford Taunus 12 M, alors que la Nash américaine laisse des traces sur le dessin de l'arrière.
Le moteur de la nouvelle Moskvitch cube 1.220 cc et développe 35 ch à 4.200 t/mn, soit une puissance spécifique de 28,5 ch/l, assez peu élevée en soi, mais correspondant à celle de la plupart des voitures occidentales. La vitesse de pointe se situerait aux environ de 105 km/h, et la consommation moyenne ne dépasserait pas 7 litres d'essence aux 100 km.
Bien entendu, les voitures soviétiques sont rares en Occident. D'après les exemplaires que nous avons rencontrés à diverses occasions, nous devons bien dire qu'elles ne sont pas faites pour susciter un enthousiasme délirant...
Nous reconnaissons malgré tout qu'elles sont parfaitement adaptées à la circulation telle que nous l'imaginons en U.R.S.S.. A part des tronçons modernes, les routes, n'ont pas la réputation d'être des mieux entretenues et nécessitent des voitures d'une solidité à toute épreuve. Quant à tirer des moteurs de très hauts rendements, il ne saurait guère en être question dans des climats où des différences de températures de 70° entre l'hiver et l'été ne sont pas rares. Et les garages ne foisonnent certainement pas sur les voies de communication...
Nous devons dire également que d'après toutes les voitures que nous avons eu l'occasion d'examiner, il est certain que le soin apporté à leur exécution et le souci de finition qu'elles révèlent font honneur à la construction russe.
- GAZ M 21 "Volga" (fleuve qui traverse Gorki).
- Annoncé, en 1956, en deux versions : l'une à propulsion arrière, l'autre à traction avant, cette dernière étant plus spécialement destinée aux campagnes.
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Moteur 4 cylindres 2245 cm3 (92x92), Rv 7.5, 80 ch à 4 000 tr/mn, soupapes culbutées.
Boîte 3 vitesses ou automatique.
Structure autoporteuse, suspensions à triangles superposés avant (ressorts hélicoïdaux), essieu rigide arrière (ressorts à lames).
Longueur 4.38 m, largeur 1.80, hauteur 1.62, empattement 2.70, voies AV/AR 1.42/1.41, poids 1 400 kg.
130 km/h.
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Produite au-delà des années soixante-dix, la Volga subit de nombreuses améliorations techniques et esthétiques.
- MOSKVITCH 402
L'événement de l'année automobile soviétique est sans conteste la fabrication de la nouvelle Moskvitch. Extérieurement, elle a une parenté certaine avec I'Opel Rekord actuelle, bien qu'elle semble lourde et qu'elle donne une impression de construction plus robuste. Sur cette Opel, les ailes avant ont un arrière-goût de Ford Taunus 12 M, alors que la Nash américaine laisse des traces sur le dessin de l'arrière.
Le moteur de la nouvelle Moskvitch cube 1.220 cm3 et développe 35 ch à 4.200 t/mn, soit une puissance spécifique de 28,5 ch/l, assez peu élevée en soi, mais correspondant à celle de la plupart des voitures occidentales. La vitesse de pointe se situerait aux environ de 105 km/h, et la consommation moyenne ne dépasserait pas 7 litres d'essence aux 100 km.
- MOSKVITCH 403
- Voiture expérimentale NAMI-103, à cabine avancée.
- L'usine SMZ (Serpukovskii Moto Zavod) fabrique, depuis 1956, des voitures destinées aux invalides.
- Présentation de la ZIS 111 Mokva
- ZIS 110 (1945) remaniée et modernisée.
- Pour des raisons politiques, elle est produite en 1957 sous le som de ZIL 111.
ZIS (Zavod Imjeni Stalina ou usine Staline) devient ZIL (Zavod Imeni Lihacheva), en l'honneur du directeur de l'établissement I.A. Likhacheva.
- Fabrique russe d'automobiles fondée en 1916, sous la dénomination de AMO.
Elle fut complètement rénovée de 1929 à 1931 et rebaptisée, en 1933, Zavod Imjeni Stalina (usine Staline) ou, en abrégé, ZIS. Ses prototypes furent vendus sous cette marque jusqu'en 1956, lorsque la raison sociale fut encore une fois changée en l'honneur du directeur de l'établissement I.A. Likhacheva. A partir de 1972 l'ensemble des fabrications Fut réuni sous la dénomination de Mosavto Zil, comprenant une série d'entreprises productrices de pièces détachées,
Les marques ZIS ce ZIL ont toujours été synonyme en URSS de la plus haute expression de automobile. Il est intéressant de noter que les premières voitures soviétiques ne furent pas produites à Moscou mais à Leningrad dans les établissements Putilov.
Le premier modèle L1 était construit sur la base du 8 cylindres en ligne de la Buick de 5 650 cm3 et il fut produit en petite série en 1933, après quoi les outillages de montage furent transférés à Moscou dans les établissements de ZIS.
Trois ans plus tard, la première ZIS 101 apparut, caractérisée par une carrosserie adaptée aux lignes en vogue à cette époque aux Etats-Unis. Le moteur était toujours le 8 cylindres Buick, mais sa cylindrée avait été porté à 5 750 cm3 en augmentant l'alésage de 1 mm, le taux de compression étant de 4.8 : 1, tandis que les pistons étaient encore en fonte. La puissance atteignait environ 90 ch. La ZIS 101 peut être considérée comme l'automobile la plus prestigieuse qui ait été construise jusqu'alors dans ce pays. Du point de vue technique. elle introduisait d'importantes nouveautés comme les amortisseurs à double effet, les carburateurs à double corps, le désembuage du pare-brise, la boîte de vitesses synchronisée, le thermostat et le poste de radio. Malgré son poids élevé, la voiture pouvait atteindre 120 km/h. Sa production, à vrai dire assez limitée, continua jusqu'en 1940, année où fut introduite ta ZIS 101/A. Ce modèle, à part un remaniement esthétique de l'avant, avait une puissance portée à 116 ch et était muni de pistons en aluminium.
Quelques cabriolets construits sur le même châssis portaient le sigle ZIS 102, mais ils furent bientôt éliminés de la production par le début de la guerre.
Après la guerre, une importance commande du gouvernement demanda à l'établissement de produire une voiture dérivée de la Packard 180. Ce modèle, légèrement remanié, apparut en production en 1946, pour y rester douze ans. Parmi les caractéristiques nouvelles pour le marché soviétique, signalons les poussoirs de soupapes hydrauliques, le couple conique hypoïde et le changement de vitesse au volant. La Packard russe avait un moteur de 8 000 cm3 qui développait 140 ch, elle avait 8 m de long et pesait 2 525 kg, elle consommait 27 litres aux 100 km, encore que le carburant pût être à bas indice d'octane, grâce au taux de compression qui était inférieur à 7. Une version dépouillée était également utilisée comme taxi et comme ambulance mais, à la fin de 1958, ce modèle apparut dépassé même pour ces services,
C'est cette année-là qu'apparurent les premières ZIL 111 et qu'un certain nombre de moteurs V8 furent montés sous la marque Moskova. La première limousine de ce type avait un moteur de 5 980 cm3 et la puissance respectable de 200 ch à 4 200 tr/mn. Elle était équipée d'une boîte automatique à deux vitesses assez semblable au système Powerlite.
Sur la version 111 A de 1959, l'installation de conditionnement d'air fut montée pour la première fois. Cette voiture fut conservée encore pendant quatre ans, puis elle subit, en 1963, une rénovation esthétique de l'avant avec les doubles phares.
Toutefois, la plus importante des modifications fut introduite, en 1967, avec la version ZIL 114 dans laquelle l'empattement et la carrosserie avaient été allongés, tandis que l'ancien moteur en fonte avait été remplacé par un nouveau groupe en alliage léger. La cylindrée fut portée à 6 959 cm3 et la puissance à 300 ch. La nouveauté pour la production soviétique était matérialisée par les freins à disque ventilés, la colonne de direction réglable, un mécanisme de fermeture des portes à commande centralisée et l'allumage électronique.
En 1972, à la limousine ZIL 114. vint s'ajouter une nouvelle berline à 5 places, dénommée ZIL 117, avec un empattement de 3,30 m.
Les ZIL sont les voitures de prestige de l'U.R.S.S. et leur construction est particulièrement soignée. Chaque moteur est essayé pendant trente deux heures et chaque voiture complète effectue un essai de réception de 2 000 km.
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