- La Lyra Electric Microcar, Une petite étoile scintillante dans la galaxie urbaine...
Connu pour ses voiturettes sans permis (2 000 à 3 000 par an), Microcar (9O personnes), Département Automobile des constructions nautiques Jeanneau, a lancé la Lyra électrique en 1991 (disponible en France depuis mars 1992). Pour identifier sa nouvelle gamme, le constructeur n'a pas oublié l'étoile ornant son emblème et l'a baptisée du nom d'un astre. Déjà bien présente sur les marchés des pays européens réputés pour leur "fibre écologique" (Allemagne, Autriche, Suisse), cette petite voiture urbaine électrique de conception 100 % française entend séduire une clientèle aisée, sensibilisée à l'environnement. Autre cible privilégiée, les entreprises et les municipalités, particulièrement celles, de plus en plus nombreuses qui souhaitent véhiculer une image "verte" et peuvent trouver avec la Lyra Electric un joli moyen de promouvoir la solution électrique comme complément écologique aux autres modes de transport.
Deux chiffres concernent Paris et sa conurbation : le taux moyen d'occupation des véhicules est de 1,2 personnes par véhicule, les déplacements sont en moyenne de 25 kilomètres par jour, dont 75 % assez nettement inférieurs. Deux chiffres éloquents qui permettent de comprendre pourquoi la Lyra Electric Microcar n'accueille que deux passagers (elle mesure 2,58 mètres de long) et n'a pas à rougir de l'autonomie de 50 à 80 kilomètres (suivant les modes de conduite) que lui confèrent ses 8 batteries au Nickel/Cadmium (recyclables à 100% par leur fabricant Saft). Pas de vignette, un permis AT (code de la route plus quelques heures de conduite), une assurance annuelle raisonnable, bientôt des places de stationnement gratuites à Paris pour les V.E., autant d'atouts économiques, qui viennent s'ajouter aux mérites "fonctionnels" de cette sympathique voiture urbaine et compenser son prix de vente relativement élevé.
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Baptème électrique
Parler des véhicules électriques c'est bien, écrire à leurs propos c'est mieux, les conduire c'est... encore mieux !
Pour ouvrir cette rubrique, notre "baptême électrique" a lieu sous le parrainage attentif de Jacques Cottinl des Automobiles Robert Lechevallier, concessionnaire parisien de Microcar.
Compacte (2,58 mètres de longueur hors tout), légère (500 kilos de poids à vide dans sa version électrique), dotée d'une silhouette élégante avec son capot plongeant qui épouse le dessin des phares, séduisante dans sa robe vert profond, cette "petite urbaine" va plaire aux femmes. Plaisante, mais avant tout sûre. Depuis sa caisse auto-portée composée de 9 éléments de matières plastiques, jusqu'aux corps creux frontaux et latéraux, en passant par les pare-chocs boucliers, le pare-brise feuilleté et les vitres trempées, sans oublier le double circuit de freinage 4 tambours. Tout a été mis en oeuvre afin d'assurer une conduite sûre et une protection optimale en cas de chocs. Jusqu'à 60 km/heure, la partie habitacle est indéformable. Les statistiques des compagnies d'assurance sur les voiturettes récentes ne recensent d'ailleurs aucun mort parmi leurs conducteurs.
Le capot avant, une fois relevé, découvre 4 des 8 batteries, les autres étant placées à l'arrière pour une meilleure répartition des poids. Le moteur électrique est situé en dessous en compagnie de ses satellites : le variateur électronique et le hacheur de courant (avec microprocesseurs incorporés). La partie éclairage, clignotants, etc., est alimentée par une batterie de 12 volts rechargée en permanence par un convertisseur de courant (transformant le 48 volts en 12 volts). Le chauffage en hiver demeure un problème encore mal résolu puisque 1 heure de chauffage grève l'autonomie des batteries de 15 % La recharge rapide et l'évolution des batteries apporteront prochainement la solution à ce désagrément.
Du point de vue confort, l'habitacle intérieur soutient la comparaison avec les petites voitures de ville traditionnelles bien équipées : sièges ergonomiques sur glissières, appuis-tête, volant mousse, ceintures de sécurité à enrouleurs, portes autoclaves avec allumage intérieur à l'ouverture, option toit ouvrant etc. Le tableau de bord complet et fonctionnel conçu par Microcar comporte plusieurs originalités. Et d'abord la nouvelle jauge à carburant c'est à dire l'indicateur de niveau de charge qui renseigne en permanence le conducteur. Figurent également des témoins de surchauffe moteur et batteries ainsi qu'un voyant à affichage digital qui, à l'aide de chiffres codés permet le diagnostic immédiat en cas de défaillance de l'électronique. Un instrument de bord à double fonction en réalité qui affiche, pendant le trajet l'autonomie restante. Couplé avec le compteur kilométrique normal qu'on remet à zéro après une charge, le conducteur dispose de toutes les informations nécessaires pour gérer au mieux son autonomie.
Attention toutefois ! Si le voyant batterie clignote, la réserve est alors minimum et il faut d'urgence recharger. Un conseil en cas de panne : Coupez le contact. Les batteries au repos se rechargent d'elles même en quelques minutes et l'on peut repartir pour un petit kilomètre.
Un voyant de remise à niveau d'eau indique après 100 heures de charge qu'il faut refaire le plein d'eau distillée dans le réservoir situé à la même place qu'un réservoir normal. Un contrôle visuel du niveau des batteries doit également se faire tous les 15 jours.
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Nouveaux réflexes
Contact. Silence absolu à l'arrêt... Une curieuse sensation-réflexe d'avoir calé, la tentation de retourner la clé de contact. Position marche avant la pression sur l'accélérateur déclenche alors le contact électrique via un électro-aimant. Première accélération très sympathique accompagnée cette fois du chuintement des réducteurs. L'ampèremètre monte à 340 !
Direction Tour Eiffel, la Lyra Electric se glisse furtivement dans la circulation. Au premier feu rouge, la roue arrière d'un camion arrive presque à hauteur des yeux. Trafic fluide Avenue de Suffren, 70 km/h, un oeil sur l'affichage digital de l'autonomie qui passe de 9 à 8 (l'angoisse ne survient qu'à la vue du zéro). Du fait de cette limite de l'autonomie, il faut adapter sa conduite et une formation rapide peut s'avérer profitable. Conduire en anticipant sur les "à-coups" du trafic, gérer intelligemment sa consommation en fonction des indications données par les voyants du tableau de bord. Une conduite "sportive" réduira l'autonomie d'un cycle à 50 km. Une conduite "souple" autorisera une autonomie de 60 à 65 km en ville.
En circulation ralentie, on peut se servir d'un "économiseur" (une simple pression du doigt sur un bouton) qui limite la vitesse autour de 60 km/h et consomme d'autant moins d'énergie. La puissance est alors bridée autour de 150/200 ampères au lieu de 300 à 350 ampères. Le démarrage plus progressif reste très suffisant dans les embouteillages. Nouveaux réflexes à acquérir également pour le freinage, un peu surprenant au départ. En plus du circuit de freinage hydraulique, la relâche de l'accélérateur déclenche un frein moteur qui, grâce à la récupération d'énergie, redonne de l'autonomie. Il vaut donc mieux déclencher le freinage beaucoup plus tôt en relevant dans un premier temps la pédale d'accélérateur. La direction à crémaillère réagit souplement malgré le poids des batteries et la tenue de route ne réserve pas de mauvaise surprise. Prudence tout de même au démarrage sur sol mouillé. En raison du couple important, les pneus "cirent" facilement!
A l'arrêt suivant, cliquement de l'électro-aimant signifiant la coupure de l'alimentation électrique : 2 ampères et 49,3 volts s'affichent sur le tableau de bord. Pas la moindre consommation d'énergie... Fini la déperdition polluante des moteurs à essence ! Le premier créneau est réalisé avec facilité. La position marche arrière sur l'inverseur tombe sous la main comme sur une voiture automatique.
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Généreuse, la ville de Paris...
Sur les Champs Elysées, des regards curieux se tourment vers la petite Lyra qui arbore fièrement sur son capot sa mention "électrique".
Pour la recharge, aujourd'hui, c'est encore un peu la "débrouille" et il faut jongler entre les quelques trop rares parkings équipés de prises pour V.E. et la recharge par ses propres moyens dans des stations services complaisantes ou mieux encore dans son garage privatif. En attendant la mise en place des bornes de recharge sur la voie publique ou sur des aires de stationnement privées.
Notre branchement se fait dans le parking souterrain Georges V, un des premiers où la Ville de Paris ait installé des emplacements réservés avec prises de courant. Les places pour V.E. sont protégées par des barrières rapidement dégagées par les employés, curieux et amusés. La recharge est offerte gratuitement par la Ville de Paris mais pas encore le stationnement. Il suffit alors de se brancher sur une prise ordinaire 220 volts/16 ampères à l'aide d'un câble et du chargeur embarqué situé dans le coffre arrière. Sur le tableau de bord, un témoin de branchement lors de la recharge renseigne sur la bonne marche de cette opération. Après avoir verrouillé son véhicule, on peut partir tranquille. Le cycle complet dure de 8 à 10 heures mais on peut, bien sûr, se contenter d'une recharge partielle le temps de faire ses courses. Par la suite, les batteries de la Lyra pourront accepter un "biberonnage" fractionné, c'est à dire une recharge rapide complète en 1 heure de temps.
Sortie du parking par la rampe assez "raide". La Lyra ne bronche pas et peut gravir sans sourciller des pentes de 20 % Les voies sur berges se prêtent à une pointe de vitesse sur le chemin du retour, 90 km/h au compteur, autant dire un vrai 75 km/h qui permet de s'insérer sans inquiétude sur les voies rapides et les périphériques (lorsqu'ils sont dégagés !). En fin de parcours, on quitte la Lyra Electric presque à regret tant son look et sa conduite correspondent parfaitement à ce qu'on attend d'elle en ville. Avec en plus, la fierté d'avoir pris en main quelques heures l'une des voitures qui, demain, changeront nos villes.
- Essai réalisé par Olivier Sauvy
- 1,244 F du km sur 10 ans
L'arrivée sur le marché de la voiture électrique avec ses qualités spécifiques conduit à repenser le budget d'un tel véhicule et, notamment, de regarder d'un oeil neuf la notion de prix d'achat. En effet dans les véhicules classiques, le vieillissement assez rapide occasionne des frais d'entretien et des désagréments mécaniques qu'on ne retrouve pas au même degré dans les V.E. Si on prend le cas de la Microcar (moteur à courant continu Leroy-Sommer simple, fiable, de faible entretien), avec sa carrosserie légère (90 kg de polyester armé), on constate que les trois quarts des pièces d'usure ont été supprimées, celles-là même qui augmentent les coûts d'entretien des véhicules classiques et limitent leur longévité. Pas de démarreur, pas d'embrayage, pas de boîte de vitesse. Le variateur électronique (conçu et réalisé chez Microcar) qui les remplace est infiniment plus simple : il envoie les instructions au moteur en fonction de la pression exercée sur la pédale d'accélérateur, qu'il s'agisse de démarrer, d'accélérer, de ralentir et même de déclencher le frein moteur!
Dans ce type de voiture, dont le prix de vente est élevé (pour la Lyra 123 5000 F dont 37 000 F de batteries), le bilan financier doit être établi sur 10 ans, ce qui, en usage urbain, représente au moins 120 000 km. L'amortissement annuel apparaît alors comme beaucoup moins lourd. De plus, dès 1995, les batteries pourront être louées. Si l'on prend en compte le faible coût d'entretien de la carrosserie et de la mécanique (conçue pour un million de km) et surtout un coût de consommation énergétique très inférieur à celui d'un petit véhicule à essence (les batteries Cadmium/Nickel - qui bénéficient d'une garantie fabricant de 40 000 km sur 4 ans - soit 2 000 cycles charge/décharge, tous frais annexe compris, sans oublier l'eau distillée pour les accus!), on arrive à un prix de 1,244 F du kilomètre.
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