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Tout au nord, à 12 kilomètres de Gien, La Bussière, le "château des Pêcheurs". Entourée d'eau, et tournée vers le large d'un étang lumineux, cette forteresse fut construite au XIIe siècle par les seigneurs de Feins. Ensuite propriété de la famille du Tillet pendant trois siècles, restaurée au XVIIIe siècle, au centre d'un parc dessiné par Le Nôtre, elle devint au XIXe la demeure de la famille de Chasseval. Une autre enceinte de douves alimentées par l'étang enserre les communs. En contemplant il y a près de quarante ans leur demeure se mirer dans ses eaux tranquilles, les propriétaires ont fait leurs les mots de Joseph Nivers : "La pêche est le point commun d'une diversité d'hommes" ! Dès lors, ce château de briques presque roses, comme flottant sur un miroir, ne pouvait qu'abriter des collections consacrées à la pêche en eau douce. Ce sera son musée. Ses intérieurs révèlent également une spacieuse cuisine Louis XIII, une prison et une salle de tribunal.
A Gien s'élève le premier château construit sur la Loire, en 1484, par Anne de Beaujeu, la fille de Louis XI. L'altière demeure en briques, aux motifs en étoiles et en losanges, domine la ville et la rive gauche du fleuve. Jeanne d'Arc y passa la nuit du 23 juin 1429 en prière, avant de se rendre à Reims au sacre de Charles VII. Le château abrite le Musée international de la Chasse.
Au sud de la Loire, Argent-sur-Sauldre. Le château primitif fut érigé par les seigneurs de Sully en 1225. puis restructuré par Marie d'Albret en 1501. Aujourd'hui, cette gentilhommière toute blanche au toit d'ardoise, flanquée de sa tour ronde et massive, est devenue musée et hôtel de ville.
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Egalement sur les rives de la Grande Sauldre, entouré d'un parc à la française : Blancafort. Erigé par les Boucard au XVe siècle, sur l'emplacement d'une ancienne seigneurie du XIe, il n'en reste que le donjon carré. Construit en briques polychromes, couronné d'ardoises, ce château médiéval rectangulaire est flanqué d'ouvrages défensifs placés en diagonale. Les deux pavillons carrés furent ajoutés en 1619 par Jean Claude de Faucon ; ils encadrent la cour d'honneur. Les appartements présentent un mobilier et des tapisseries XVIIe et XVIIIe, sous le portrait de Marie Leszczynska, ainsi qu'une chambre à coucher toute bleue, avec lit à baldaquin, que l'on aimerait habiter.
Aubigny-sur-Nère restera à jamais la cité des Stuarts, le coeur de la vieille alliance franco-écossaise de la guerre de Cent Ans et des guerres d'Italie. "Auld Alliance n'a pas été écrite sur un parchemin de peau de brebis, mais est gravée sur de la chair vive, et de la peau d'homme, trace non pas d'encre mais de sang."
- Contre l'Anglais, la France conclut alliance avec l'Ecosse
Pour "bouter les Anglais", le dauphin, futur Charles VII, conclut une alliance avec Jean Stuart, comte de Darnley et connétable d'Ecosse. En guise de remerciement, la chancellerie d'Aubigny-sur-Nère est offerte aux Stuarts. Le château a été reconstruit au XVIe siècle, et abrite la mairie.
En terre d'Aubigny, au coeur de la forêt d'Ivoy, au détour d'une allée de chênes centenaires, le château des Stuarts, la Verrerie, se mire comme sur un lac d'Ecosse, dans l'étang alimenté par les eaux vives de la Nère. En 1422, Charles VII offre donc la terre d'Aubigny à Jean Stuart. En 1672, faute de descendant, Aubigny devient domaine royal, et Louis XIV l'offre à Louise de Kéroualle, duchesse de Portsmouth et favorite de Charles II, roi d'Angleterre. De leur amour naquit un fils, le duc de Richmond, dont les descendants vendirent le domaine au marquis Léonce de Vogue, aïeul des propriétaires actuels. De forme carrée, avec une façade ouverte sur l'étang, le logis principal du XVe siècle se complète d'une tour d'escalier hexagonale qui prolonge une galerie Renaissance aux colonnes galbées, face à la cour d'honneur. Une chapelle gothique du XVe laisse voir depuis peu des fresques représentant le Christ et les douze apôtres portant les instruments de leur martyre. Les intérieurs offrent des chambres d'hôtes encore riches de raffinements des siècles passés. Le château des Stuarts est un rêve des Highlands qui a pris racine en terre de Berry.
Aux confins de la Sologne et du Pays fort : la chapelle d'Angillon, "petit pays, grand renom" selon un dicton. De la princesse de Clèves à l'architecte Salomon de Brosse, des Boisbelle à Sully, ces noms prestigieux ont régné sur un petit Etat souverain où les manants étaient dispensés de taxes et d'impôts. Au XVe siècle, Marie d'Albret embellit le château aux toits d'ardoise, dominé par un donjon du XIe, avec de plus larges fenêtres et des escaliers polygonaux à vis, un jeu de paume, une chapelle spacieuse, plus digne des princes de Boisbelle. Alain-Fournier y écrivit le Grand Meaulnes, qui sera publié en 1913.
- Pendant la guerre de Cent Ans, Bourges, capitale de la France
Le château de Maupas a été construit sur des fondations gallo-romaines au XIIIe siècle et domine un étang. Il ne reste de l'époque médiévale que la partie centrale avec ses deux tours massive, dont l'une est couronnée de mâchicoulis. Une aile Louis XV, une autre restaurée au XIXe, donnent à cet ensemble un aspect inhabituel pourtant harmonieux, au centre d'un parc à la française. De son histoire, il subsiste principalement le souvenir de Charles X et celui du futur comte de Chambord dont Auguste de Maupas fut le précepteur au siècle dernier.
Proche de Bourges, le château de Menetou-Salon est bien différent de la forteresse que Robert de Sancerre fit construire sous le règne de Saint Louis. La réputation des vignobles incita Jacques Coeur à acquérir ce domaine en 1448. Au XVIIIe siècle, Menetou échut par héritage aux Brancas-Laurageais, dont la fille Pauline épousa en 1773 Louis Engelbert, prince et duc d'Arenberg. En dépit des ravages et des confiscations de la Révolution, le domaine est resté dans la famille jusqu'à aujourd'hui. Sous la Restauration, le prince Pierre épousa Alix de Talleyrand, la nièce du "Diable boiteux". Le prince Auguste d'Arenberg. son fils, fit restaurer de 1884 à 1889, par l'architecte Sanson, ce qu'avait détruit la Révolution, en s'inspirant du palais Jacques Coeur. Cette demeure princière, propriété de son arrière-petit-fils le prince d'Arenberg, respire encore un parfum aristocratique dû particulièrement à ses hautes tourelles. Les intérieurs sont décorés de tapisseries flamandes du XVe siècle ainsi que des souvenirs et des tableaux de la famille de Talleyrand.
Bourges, Avaricum à l'époque gallo-romaine, puis capitale du Berry, est un temps, à la guerre de Cent Ans, le coeur de la France en devenir. Ilot de résistance et d'indépendance, Bourges est aussi patrie d'adoption de Jeanne de France, duchesse du Berry (1464-1505), béatifiée en 1742 et canonisée en 1950. Le palais Jacques Coeur "le Grant Maison" édifié sur les anciens remparts gallo-romains à partir de 1433, achevé en 1450, pour le gros oeuvre, témoigne d'une recherche d'élégance et de confort plutôt novatrice pour l'époque. La façade sur la cour intérieure, avec ses tours d'escaliers polygonales et ses bas-reliefs, contraste avec l'austérité de la façade sur rue. Les appartements témoignent de la volonté de magnificence de Jacques Coeur. Le palais du duc Jean de Berry (1340-1416) et la cathédrale Saint-Etienne, merveille du gothique, à l'impressionnant portrait du Jugement dernier, rappelle la prospérité de cette ville.
Premier château au sud de Bourges, Jussy-Champagne. Commencé au XVIe siècle par les seigneurs de Gamaches, membre de la maison du roi depuis le XVe siècle, il fut achevé vers 1650. Planté sur les rives du Craon, au centre d'une exploitation agricole active, il offre une architecture lumineuse, exemple d'un mariage réussi de la brique et de la pierre, alors en vogue, et modèle accompli du style Louis XIII.
Sur la route de Saint-Amand : Meillant. De l'occupation romaine au haut Moyen Age, bien des métamorphoses ont transformé l'oppidum gallo-romain puis cette forteresse médiévale aux sept tours en demeure Renaissance somptueuse, de style gothique, qu'ont aimée George Sand et Alain-Fournier. Pierre d'Amboise, seigneur de Chaumont, était conseiller de Charles VII. Son fils, Charles d'Amboise, grand maître de la maison du roi, maréchal de France et gouverneur du Milanais, ramena d'Italie des artistes et architectes qu'il installa au domaine. Fra Jocondo, collaborateur de Michel-Ange à la basilique Saint-Pierre de Rome, est le plus connu. Mais laissons sa propriétaire, d'une famille dont l'origine remonte à l'an 960, la marquise de Mortemart-Aimery, évoquer le château, "avec ses ardoises noires, ses grandes cheminées, ses portes étroites, ses tours, sa pierre dorée douce à l'oeil comme une chair humaine"... Il révèle des appartements meublés somptueusement : salon d'apparat avec cheminée à accès dérobé, salle à manger aux murs tapissés de cuir de Cordoue, salle de gardes richement ornée d'armures et de hallebardes, bibliothèque chaleureuse, chapelle privée à fresque, et l'entrée dite "salle du lit de justice", décorée d'une voûte gothique et des blasons des familles qui se sont succédé dans le château.
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Au sud de Saint-Amand-Montrond, le château d'Ainay-Ie-Vieil est dans la famille d'Aligny. Toutes les générations y ont laissé leur empreinte. Elevé du XIIe au XIVe siècle par les sires de Bourbon, des Barres et de Sully, il est acquis par Jacques Coeur en 1445, puis cédé après sa disgrâce au sire de Culan, en 1453. Il est revendu le 14 décembre 1467 à Jean et Charles de Chevenon de Bigny, ancêtres de la famille d'Aligny. Dans la cour, la porte de la tour d'escalier est décorée d'accolades et de pinacles dans le pur style gothique flamboyant. Les intérieurs aux cheminées monumentales sont décorés de tapisseries, la chapelle emplie de fresques et de statues recèle un plafond à caissons, et les salons gardent de nombreux souvenirs, dont celui des quatre Colbert, le ministre de Louis XIV et les trois généraux d'Empire. Forteresse médiévale imposante à l'extérieur, demeure élégante de la première Renaissance sur la cour intérieure, ce "petit Carcassonne" est constitué d'une enceinte octogonale flanquée de tours massives, aux remparts crénelés, protégée par des douves d'eau vive. Le château règne sur un parc à l'anglaise au milieu du village, et ne saurait que donner l'envie d'un prochain rendez-vous après une longue route.
Tout au sud, au terme de ce parcours historique, à la frontière des langues d'oïl et d'oc : Culan. Forteresse encore flanquée de trois de ses six tours rondes, couronnées de hourds, ce château domine le plateau de Culan, dernier contrefort granitique du Massif central. Jacques Coeur l'acquit en 1445 auprès de Jean, baron de Culant, fils de l'amiral Louis de Culant, mort en 1444. Bien des hôtes illustres y furent reçus, de Philippe Auguste à Madame de Sévigné, de George Sand et Chopin au général de Gaulle. Les salles reconstituent l'atmosphère de la vie au XVe siècle, avec cheminées monumentales, meubles, tapisseries et costumes, sous des charpentes dont la plus remarquable est celle en étoiles de la tour Notre-Dame. Culan, de sa hauteur, évoque un refuge au-dessus des épreuves de l'histoire.
- Carnet de route
Ainay-Ie-VieiI : 02-48-63-50-67. Parc à l'anglaise de sept hectares : collection de roses.
Argent-sur-Sauldre : Musée des Métiers et des Traditions de France. 02-48-73-33-17.
Blancafort : 02-48-58-60-56 et 02-48-58-60-11. A voir: le musée de la Sorcellerie.
Bourges : palais Jacques Coeur, Office du tourisme : 02-48-24-75-33. Nombreux musées, dont celui du Berry : 02-48-57-81-15.
Culan : 02-48-56-64-18. Manifestation d'été : les Festiviales.
Gien : Office du tourisme : 02-38-67-25-28. Musée de la Chasse, musée de la Faïencerie dans l'ancien couvent des Minimes.
La Bussière : 02-38-35-93-35. Musée de la Pêche en eau douce.
La ChapeIIe-d'Angillon : 02-48-43-41-10. Musée Alain-Fournier et Jacques Rivière, Collection de la Fondation royale albanaise.
Maupas : 02-48-64-41-71. Collections de tapisseries, et faïences du XVe au XVlIle siècle.
Meillant : 02-48-63-32-05. Exposition : le Moyen Age et la Renaissance en miniature.
Menetou-Salon : 02-48-64-80-54. Sellerie complète et voitures de collection.
Noirlac : 02-48-96-23-64. Exposition : "Un langage sans parole, l'image au Moyen Age". Festival : été musical de Noirlac.
Saint-Amand-Montrond : Office du tourisme : 02-48-96-16-86. Musée Saint-Vic, consacré à l'histoire locale. Festival des églises romanes en Berry: 02-48-74-10-50.
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