- Dans son ensemble, et malgré des progrès certains, notre problème de l'apprentissage est donc encore assez loin d'être résolu. Le but de cette note est évidemment d'envisager quelles pourraient être, selon nous, les lignes générales de l'action à entreprendre ou les mesures particulières à adopter pour aboutir à de meilleurs résultats. Cette action, ces mesures, se situent nécessairement sur un certain nombre de plans, des situations de détail sont à examiner. Il reste bien entendu que les mesures valables pour les grands Centres ne le sont pas, d'emblée, pour la Province ; à des données locales particulières correspondent des solutions locales spéciales, En d'autres termes, nous nous devons d'ajouter ici que le sujet d'ensemble traité ci-après n'est nullement nouveau pour la Direction de l'Enseignement Technique et que bon nombre de ces mesures sont en cours ou envisagées, mais suspendues à des possibilités budgétaires.
Si nous le reprenons, c'est pour l'émailler de détails et de vues plus particulièrement professionnelles et pratiques.
On remarquera que notre étude a porté surtout sur la Région Parisienne : nous pensons que des remarques comparables pourraient être faites dans les autres Centres industriels importants comme Lille, Lyon, Rouen, etc.., où les questions ont le même caractère, mais à l'évidence la Province, surtout lorsque s'y exercent des activités strictement régionales, ne peut aborder ce problème de la qualité dans les même conditions, ni le voir sous le même angle qu'à Paris ; aussi, les mesures envisagées comme programme de travail doivent-elles être revues et adaptées avec soin pour ce qui la concerne.
Nous souvenant du temps où, au Syndicat de la Mécanique, nous avions 150 inscrits pour les C.A.P. annuels, nous sommes bien obligés de considérer l'importance des résultats actuellement acquis. (Ne sait-on pas que, dans la Région Parisienne seule, nous avons réuni 7 500 inscrits, dessinateurs exclus, pour les C.A.P. 1949, soit 20 % de plus qu'en 1948 et plus de 8 000 en 1950). En ce temps-là, les Ecoles étaient l'exception; elles sont maintenant très nombreuses. On avait alors quelque peine à recueillir des candidats à l'apprentissage; ils viennent en nombre souvent très supérieur, du moins pour certaines spécialités, aux places disponibles.
Par ailleurs, nous constatons avec joie que notre persévérance dans la défense de l'Apprentissage est justifiée et de plus en plus soutenue par la sollicitude accrue, non seulement de toutes les Industries, mais aussi des Pouvoirs Publics, qui ne se contentent pas de voeux gratuits mais affectent à la Formation Professionnelle des crédits chaque année plus importants. Certes, nous n'avons pas encore obtenu tout ce que nous souhaitions, mais nous sommes assurés que les résultats acquis s'amélioreront si nous tenons compte de l'expérience, si nous perfectionnons nos organisations et nos méthodes, si nous arrivons à faire l'effort financier - inséparable de toute réalisation de cette nature - pour doter nos organisations de tout ce qui leur manque.
Il ne s'agit pas, d'ailleurs, de satisfaire dans un avenir immédiat, nos besoins, tous nos besoins, en quantité et en qualité ; il s'agit - c'est là toute notre ambition - de nous approcher sans cesse - chaque année apportant sa pierre nouvelle à l'édifice - de cette situation idéale que nous avons exposée.
LA SELECTION
L'Education générale des Jeunes et le problème de la qualité
Il est de notoriété que toutes les professions n'exigent pas une main-d'oeuvre de qualité équivalente. Les industries du Textile, du Bâtiment, des Travaux Publics, etc... doivent former du personnel pour satisfaire à leurs besoins, et ne peuvent se contenter de l'idée qu'il se formera seul et rapidement à l'expérience de l'Atelier ou du Chantier. Mais la formation nécessaire n'a pas besoin d'être aussi poussée que pour la Mécanique, l'Optique, les Constructions Electriques, etc... Aux premières industries citées, le problème de la qualité pourra donc apparaître d'une moindre urgence ou d'une moindre rigueur.
Mais certains esprits, tout en étant d'accord sur cette question de la recherche de la qualité pour certaines professions, prétendent que tous les Jeunes doivent être considérés d'office comme susceptibles d'aborder une formation de qualité et que la sélection est inutile. Les Pouvoirs Publics voudraient que tous les Jeunes suivent une formation d'apprentissage dont l'aboutissement n'est pas précisé, mais qui serait poussée aussi loin que possible. C'est un aspect social de la question et nous y souscrivons volontiers sans réserve, car la Société moderne se doit de ne pas abandonner complètement les Jeunes à la sortie de l'Ecole Primaire. Sans doute, il y a à cette thèse des réserves à formuler concernant les possibilités, pour aboutir à un tel résultat, de mise à disposition de moyens matériels appropriés.
Nous pensons toutefois que deux formes d'enseignement sont alors admissibles : l'une qui concerne l'élévation du niveau de l'ensemble des Jeunes, dans une certaine forme de préapprentissage vu d'initiation préliminaire à un métier, l'autre qui concerne l'apprentissage méthodique et complet pour ceux d'entre les Jeunes qui doivent devenir des ouvriers de qualité. La première forme petit revêtir un caractère général ou déterminé, s'appliquer à un public de Jeunes accru ou réduit selon les exigences de la conjoncture économique et sociale, mais, à notre sens, seuls les meilleurs doivent être ensuite poussés vers la seconde forme, l'apprentissage complet, d'où le principe d'une sélection dont la masse des Jeunes fournira la matière.
Nous avons vu que dans l'état actuel de la Formation Professionnelle, un jeune apprenti sur six engagés environ, arrive seulement à obtenir régulièrement son C.A.P. Si le futur Statut de l'Apprentissage est adopté et sérieusement suivi, ce rapport sera sans doute sensiblement plus élevé. On ne peut songer à l'idée d'amener une telle quantité de Jeunes au C.A.P., et ceci, pour des raisons budgétaires : création d'Ecoles et de postes de Moniteurs, etc... Aussi, tout en s'engageant dans cette voie, sera-t-on obligé de se limiter et les budgets et rapports entres les Professions et les Organismes de Formation fixeront les limitations nécessaires.
Actuellement, la sélection existe de fait dans certaines Ecoles et l'idée en est généralement admise, mais elle est très loin d'être généralisée. Dans certains Centres ou Ecoles, sous le prétexte d'un sens social, sans doute généreux qui postule la possibilité l'accession de tous les Jeunes, on les engage, sans souci de l'état de leurs connaissances ou de leur préparation, en comptant sur la formation pour niveler les différences. Aussi, les résultats sont-ils souvent quelconques et c'est ce qui explique en grande partie, d'une part, l'insuffisance du nombre des candidats présentés au C.A.P. par rapport aux élèves admis dans ces établissements, ainsi que la médiocrité des notes obtenues.
Voyons donc ce sujet de la sélection.
Doit-on opérer la sélection avant ou après l'entrée à l'Ecole ? Quel rôle l'orientation professionnelle doit-elle tenir ? La sélection signifie-t-elle l'exclusion complète de ceux qui ne sont pas retenus ?
La réponse à ces questions dépendra évidemment de l'organisme de formation. Les établissements industriels ou assimilés préféreront certainement, les faits le démontrent, la sélection avant l'entrée parce qu'ils ne disposent que d'un nombre de places limité et, au contraire, ont des candidatures d'autant plus surabondantes que la notoriété de l'Ecole est plus grande. Nous penserions que les Collèges Techniques pourraient faire de même pour des raisons analogues. Mais quant aux Centres de Formation qui existent ou qui se développeront d'après le futur statut, ils auront à s'occuper d'un nombre élevé de Jeunes et pourront sans inconvénient opérer la sélection après l'entrée si la quantité de, places disponibles le leur permet ; dons le cas contraire, un sera probablement obligé de revenir à la première solution.
Les Concours d'entrée
Dans tous les cas, le concours d'entrée est recommandable. Pour les établissements industriels, ce concours permettra une sélection sérieuse, première étape de la formation de qualité. Certains de ces établissements ont souvent de 4 à 6 candidats par place disponible dans leur Ecole. Les candidats non admis peuvent naturellement, soit se tourner vers les Centres de Formation qui pourraient disposer de places, soit entrer directement dans les entreprises comme jeunes ouvriers ; dans ce cas, ils se formeront comme leurs aînés, "sur le tas".
>Quant aux Centres qui, pour la plupart, sont polyvalents et le seront longtemps encore, le concours d'entrée sera utile afin, dès le début, de diriger les candidats vers les métiers dont ils assurent l'apprentissage, en orientant ces jeunes gens suivant leur goût, leur capacité, leur application, compte tenu des places disponibles.
Dans ce concours d'entrée, tous les détails sont d'intérêt et le sujet mériterait plus de place que nous ne pouvons lui donner : aptitudes morales, intellectuelles, qualités ou infirmités physiques, âge relatif, goûts personnels, etc... C'est dans ces domaines que la valeur et l'expérience des Directeurs de Centres doit jouer un rôle très efficace et nuancé, puisqu'il s'agit de ménager le point de vue social, les intérêts des Jeunes, le but de la formation et le besoin de qualité.
Comme nous le savons, l'examen d'orientation professionnelle est de rigueur. dans tous les cas. Nous n'entrons pas dans le sujet qui nous amènerait loin, car cette orientation professionnelle ne joue pas toujours le rôle que nous souhaiterions lui voir jouer. L'orientation professionnelle se préoccupe, en effet, de l'état relatif des candidats pour un apprentissage donné, mais néglige de considérer la répartition des besoins de main-d'oeuvre et les possibilités économiques. En tous cas, cet examen doit être effectué, avant ou après le concours d'entrée suivant les cas, mais avant la décision d'admission à l'Ecole.
Précisons que, pour tous les jeunes apprentis ayant choisi d'entrer dans des professions où la qualité est recherchée, le concours d'entrée impliquant la sélection deurait être la règle.
Une sanction s'imposerait : ne pas admettre à l'apprentissage sur trois ans les jeunes notoirement insuffisants. La difficulté d'organiser un Concours d'entrée pour les Ecoles ou entreprises ne recherchant que quelques candidats n'est pas une objection à retenir, car il est certainement possible d'organiser des concours collectifs. Les exemples de réalisation de ces concours sont suffisamment nombreux pour qu'en soient appréciés tout l'intérêt et l'efficacité.
La sélection dans les Centres de Formation
Efforçons-nous tout d'abord de bien préciser ce que nous entendons par Centres de Formation. A l'heure actuelle, les Centres de Formation sont relativement nombreux, mais ils sont insuffisants par rapport à la masse des promotions actuelles de jeunes qui viennent chaque année se présenter au travail. Il est donc naturel que ces Centres organisent une formation autant que possible méthodique et complète et sur deux ou trois ans, suivant les cas. Le Statut futur de l'Apprentissage et de la Formation Professionnelle semble conduire à une généralisation aussi poussée que possible du passage des Jeunes dans un établissement scolaire préalablement à l'entrée de l'atelier ou de l'entreprise.
Nous répétons ne pas avoir d'objection à un tel Statut, mais nous devons être raisonnables et logiques et admettre que les développements budgétaires, les nécessités et besoins en écoles, matériels et équipements qui seraient la conséquence d'un développement rapide du nombre des Centres imposeront forcément des limitations sérieuses, sans parler de celles qui proviendraient des désirs exprimés par les Jeunes ou même par leurs Parents. Ceci est surtout vrai pour les Centres qui voudraient pousser la qualité, car celle-ci implique des installations matérielles plus importantes. En parlant de Centres de Formation Professionnelle, notre étude vise soit ceux qui adopteraient la sélection partielle, soit les Centres qu'on pourrait dénommer "sélectionnés" qui rechercheraient une formation d'apprentis de qualité et devraient être alors dotés de moyens appropriés,
La masse des Jeunes qui resteront en fait en dehors de cette sélection recevront une formation générale intellectuelle et une initiation au métier choisi, suivant les Centres, les Régions, l'importance industrielle, etc... Que sera cette initiation et quelle sera sa duré ? l'expérience le fixera. Il reste certain, toutefois, qu'il faudra compter, demain comme aujourd'hui, avec ce désir vivace des Jeunes d'abandonner le Centre après un an ou dix huit mois d'étude - et ceci quelque contraignants que puissent devenir l'étau des textes de loi et règlements - afin de gagner tout de suite davantage ou, tout simplement, d'en finir avec les études ennuyeuses et de conquérir ce qu'ils croient être leur liberté.
Nous étant donc entendus sur ce que nous appelons les Centres et la sélection, celle-ci se fera :
- 1°) avant l'entrée dans l'école par le concours d'entrée, ce concours pouvant être unique ou avoir plusieurs sessions. Le système de plusieurs sessions est plus favorables en ce sens que beaucoup de Jeunes ne savent pas trop ce qu'ils vont faire à leur sortie de l'école primaire et ne prennent position que tardivement pour l'Apprentissage parce que, souvent, ils ont échoué dans des tentatives de s'engager ailleurs. Le concours d'entrée permettra, avec son complément de l'orientation professionnelle, de classer les candidats.
2°) après l'entrée dans l'école et un second examen plus dirigé et détaillé que le premier, effectué à la date qui paraîtra convenable, on fera la sélection.
- a) pour le placement des candidats dans les centres polyvalents suivant les Métiers et les places disponibles.
b) pour l'admission définitive, dans chaque métier, pour la durée d'apprentissage de ces métiers, des candidats vraiment aptes à cet apprentissage et d'une valeur justifiant la somme importante qu'il faudra dépenser pour les mener au but.
- Dans cette sélection, on devra, semble-t-il, tenir compte des goûts et aspirations des candidats. L'avis des parents sera éventuellement retenu. Il arrive cependant très fréquemment que le métier proposé déplaise au candidat parce qu'il n'en a pas une notion suffisante ou qu'un motif souvent très superficiel l'en écarte. Celui-ci ne veut pas être chaudronnier par ce que le nom ne lui plaît pas ; celui-là refusera d'être fondeur parce que c'est, prétend-il, un métier sale ; cet autre affirmera que le métier de maçon ne convient pas aux français, et ainsi de suite. La consultation des goûts est donc aléatoire, et en certains cas, dangereuse. Beaucoup de prudence et de réserve s'imposent, Outre ces raisons superficielles, les Jeunes et leurs parents n'ont souvent aucune idée des possibilités et besoins de main-d'oeuvre, de la position économique du moment, des métiers choisis. Pour les Métaux, par exemple, une consultation de ce genre donnerait probablement une majorité d'ajusteurs et de dessinateurs.
Or, actuellement, ce sont deux professions où la formation est largement excédentaire et le placement des apprentis très difficile.
Un exemple : dans un examen récent, pour des dessinateur, on n fait l'expérience du sujet et proposé, comme thème de composition française, la question suivante :
- "Votre ami sort d'apprentissage. Il est dessinateur, profession que vous connaissez bien. Vous lui écrivez pour, d'après votre expérience, le conseiller sur la branche d'activité vers laquelle il vous paraîtrait convenable de s'orienter. Dites pourquoi ?"
- le nombre des candidats était assez important, plus d'un millier. Voici le curieux résumé des positions prises :
- - 50 % environ ont choisi la branche d'aviation ou des industries en dépendant,
- 30 % environ ont choisi les entreprises ou travaux d'outillage,
- 15 % environ ont choisi la mécanique générale,
- 5 % de divers.
- Or, on sait qu'actuellement, la construction aéronautique est en sommeil pour des raisons générales qui débordent de loin le cadre de la présente étude, et que les places de dessinateurs y sont fort rares. Les fabrications d'outillage sont en meilleure situation, mais à beaucoup près, la branche ne peut absolument pas admettre 30 % du contingent de dessinateurs disponibles chaque année. Seule la Mécanique générale a des besoins illimités et c'est elle qui paraît délaissée. Ajoutons que le dépouillement général des notes situait les 50 % qui avaient opté pour l'Aviation à un niveau nettement inférieur à celui des autres concurrents.
La sélection doit se poursuivre pendant quelques mois ; elle portera sur l'assiduité, la conduite, la pratique correcte des devoirs. Il faut enfin - mais nous savons les difficultés que l'on rencontre - que le niveau moyen des élèves d'une même année, d'une même classe, d'un même Moniteur, soit le plus homogène possible pour que les programmes d'exercices ne traînent pas et que les exercices de progression arrivent normalement à leur conclusion.
COMMENTAIRES SUR LES RESULTATS
ET SUR LES NOTES
La lettre qui informe le Conseiller Technique du choix de sa personnalité pour l'examen d'un on plusieurs C.A.P. précise que :
"Le nombre des points obtenus par les candidats admis ne doit pas être communiqué, même aux intéressés ; seuls les candidats ajournés peuvent prendre connaissance de leurs notes au Service des Examens. Enfin, en aucun cas, les notes des candidats reçus on refusés ne doivent être publiées."
- Ce texte se comprend s'il vise à ménager l'amour-propre personnel des candidats. Il constitue une erreur certaine mais sa lettre si nous considérons le but à atteindre, l'amélioration générale de l'apprentissage et de la qualité des apprentis.
Nous devrions, chaque année, pour chacun des C.A.P., et pour l'ensemble des C.A.P. d'une même profession, établit. un commentaire officiel du même genre que celui-ci et en tirer les conclusions utiles pour l'avenir.
Mais il y a plus. Outre que chaque organisme d'apprentissage devrait connaître ses résultats personnels et ceux d'ensemble pour le guider dans son action ultérieure, l'organisation générale de l'Enseignement Technique devrait, pour elle-même, en tirer les conclusions qui s'imposent vis-à-vis :
1°) des Ecoles qui n'obtiennent, régulièrement, aucun résultat sérieux,
2°) des Ecoles qui ont un nombre de reçus suffisant mais des notes insuffisantes.
3°) des Ecoles qui ont des "reçus" et même des "présentés" aux C.A.P. en pourcentage notoirement insuffisants par rapport aux apprentis qui ont été admis à l'Ecole aux années correspondantes.
4°) des Ecoles qui préparent des apprentis sans une connaissance suffisante de la conjoncture économique.
5°) des Ecoles qui ont un pourcentage d'abandons exagéré.
6°) des Ecoles qui ne trouvent pas le moyen de placer leurs apprentis.
- Il ne faut pas qu'une organisation puisse persévérer dans une formule que le C.A.P. révèle mauvaise, pendant plusieurs années.
Une action d'ensemble qui conduirait, à la suite des examens, à des commentaires directs appropriés sur les cas saillants constatés chaque année d'insuffisance ou de gestion anormale, d'incohérences diverses, nous paraît présenter beaucoup d'intérêt.
RAPPORTS DE L'APPRENTISSAGE
ET DE L'ECOLE PRIMAIRE
Ce sujet si souvent controversé est trop vaste pour le traiter complètement et nous nous bornerons aux généralités essentielles, estimant d'ailleurs qu'il n'est pas de notre domaine d'aller plus avant.
Les épreuves théoriques des examens des C.A.P. sont traitées assez faiblement en général. Certaines copies sont indéfendables, d'autres pitoyables. Sauf peut-être la technologie, ces épreuves sont cependant du niveau des écoles primaires. Que dire des apprentis, le plus grand nombre, qui ne sont pas présentés ?
Cependant, le nombre des élèves sortis des écoles primaires qui viennent à l'apprentissage des industries de qualité est peu élevé, et l'effort à faire pour que ces jeunes soient mieux guidés et préparés ne nous paraît pas impossible.
Quand l'Enseignement primaire forme d'excellents élèves, ils ne viennent pas à l'apprentissage. Il semble estimer que les professions intellectuelles doivent avoir le pas sur les manuelles et le métier d'ouvrier n'est pas considéré comme un but pour les élites.
Cependant, combien il serait facile, pour nos professions de qualité, de montrer que les situations matérielles de nombre d'ouvriers ou agents de maîtrise sont largement comparables à celles de bien des situations intellectuelles, et que notre corps d'ouvriers et d'agents de qualité comporte des emplois très enviables et particulièrement honorables.
Nous avons essayé maintes fois de créer des contacts avec l'Enseignement primaire, notamment pour les concours d'entrée et l'admission des apprentis, mais sans succès appréciables. Il y à beaucoup à faire dans cette voie et nous continuons de penser que l'amélioration des rapports est vivement souhaitable.
ECOLES POLYVALENTES OU SPECIALISEES ?
PLETHORIQUES ?
Nous connaissons an Centre d'Apprentissage où on enseigne simultanément :
- les métiers de la mécanique : Ajusteurs, Tourneurs, Fraiseurs, Chaudronniers, Forgerons, etc...
- les métiers de l'électricité : Ajusteurs et Monteurs en tableaux et installations électriques.
- les métiers du bois : Menuisiers et Ebénistes.
- la lithographie et l'impression typo, la reliure, etc...
- Dans une autre Ecole, nous trouvons :
- les métiers de la mécanique : Ajusteurs, Tourneurs, Fraiseurs, Chaudronniers, Forgerons, etc...
- Réparateurs en machines à écrire et machines à coudre,
- Ouvriers mécaniciens spécialisés pour les garages,
- Maçons et ouvriers du bâtiment,
- Peintres et artistes-décorateurs,
- Menuisiers et ébénistes,
- Coiffeurs,
- Tailleurs d'habits.
- Dans un autre centre, enfin, on s'occupe de former des ouvriers :
- pour l'industrie de la porcelaine,
- pour l'industrie des vitraux d'art,
- pour l'industrie du cinéma (étude et préparation des dessins animés).
- Pour notre part, nous considérons comme impossible d'aboutir à des formations de qualité dans des établissements aux activités aussi disparates, où chaque profession pourrait seule absorber toutes les possibilités d'une organisation sérieuse comportant l'une des spécialités énumérées. Les origines de ces Centres; les buts poursuivis au début, très différents de ceux actuels, les difficultés de locaux, sont certainement des excuses à cet état de choses, mais c'est un mal, et il est désirable d'en guérir,
Chaque fois que le nombre et l'importance des professions le permettent, il convient de spécialiser le plus possible les Ecoles ou Centres. Sans doute, la formation technologique est très sensiblement la même pour les métiers de la Mécanique et nous voyons, par exemple, sans inconvénient, voisiner : Ajusteurs, Tourneurs, Fraiseurs, mais la Mécanique n'a rien de commun avec l'industrie du Bois ou l'Imprimerie avec le Bâtiment ou la Coiffure.
En dehors du sujet précèdent concernant la spécialisation, les Ecoles qui ont beaucoup d'élèves, trop d'élèves, ne peuvent non plus prétendre à une formation générale de qualité. C'est qu'en effet, les problèmes de gestion, d'organisation, de surveillance dans une atmosphère de jeunesse, de pétulance et d'indiscipline juvénile, absorbent une trop grande partie du temps du personnel enseignant. Secrétariat, assistance sociale, problèmes alimentaires, rapports matériels ou financiers avec l'Administration, avec les organisations patronales, sont, en effet, autant de préoccupations, légitimes certes, mais qui n'ont rien à voir avec la formation de qualité.
Notre interprétation de ce défaut des Ecoles à effectif pléthorique ne résulte pas d'un jugement personnel; c'est la simple constatation des résultats du C.A.P. Les écoles, petites ou moyennes, obtiennent généralement les meilleurs résultats, soit sous le rapport des notes individuelles, soit sous celui du nombre des reçus par rapport aux inscrits.
Quel est donc le type d'établissement, quel est l'effectif à admettre, le plus rentable ? La réponse est tellement conditionnée par des questions d'espèce, de lieu, de locaux, de profession, de métier, qu'il faut rester sur une prudente réserve. Les raisons qui ont déterminé certaines formes d'écoles peuvent prévaloir encore. Cependant, Dans tous les cas où l'idée de spécialisation permet de limiter les métiers enseignés dans la même école, nous pensons qu'on devrait s'efforcer de ne pas dépasser 150-200 élèves environ. On notera que cette limitation qui entraîne la multiplication des écoles, outre qu'elle favorise sérieusement la qualité, est également avantageuse, car chaque école pourra être plus locale, plus près moralement et matériellement des industries qui l'intéressent et prendront en charge in fine les apprentis à la sortie d'apprentissage.
On pourra nous citer quelques exemples contraires, par exemple, l'Ecole d'apprentissage des Usines Renault qui comporte suivant les années, 560 ou 600 élèves au total, Mais la contradiction n'est qu'apparente, parce que ces écoles - d'ailleurs exceptionnelles - sont gérées industriellement, sont spécialisées pour une industrie qui fournira du travail, des moyens, pour son bénéfice et qui, finalement, adoptera tous les élèves sortants, même les non reçus. Ces conditions sont éminemment différentes de celles de la plupart des écoles publiques,
CLASSES SELECTIONNEES
OU ECOLES SELECTIONNEES ?
Disons tout de suite qu'on ne fera rien d'utile si on veut poursuivre la formation des candidats sélectionnés parmi la masse des candidats, c'est-à-dire se contenter et prendre son parti des quelques apprentis plus particulièrement brillants qui terminent leur apprentissage en dominant la masse. L'expérience a montré surabondamment que la formation de qualité est incompatible avec la formation de masse. La qualité sera au contraire d'autant meilleure que les élèves seront en équipes homogènes, bien suivis et bien encadrés, Ceci revient à dire que, tout en restant dans les programmes normaux, sans rechercher une superformation qui nous ramènerait au système du type de l'Ecole Diderot (car nous traitons ici de la formation des ouvriers qualifiés et non - problème très diffèrent - de celle des agents de maîtrise), il faut que les candidats sélectionnés soient groupés et chaque groupe séparé.
Faut-il rassembler ce ou ces Groupements dans des classes séparées dans chaque école ou dans des écoles séparées? la réponse est une question d'espèce, de nombre d'élèves, de lieu, de profession, etc.... Dans la Région de Paris par exemple, s'il s'agit d'une formation d'ouvriers de main (ajusteurs, chaudronniers, etc..) l'une ou l'autre méthode pourra être employée, le cas d'espèce dominant la solution de principe. S'il s'agit d'ouvriers sur machines, notre réponse est plus nette : il vaut mieux envisager l'école séparée. Il paraît impossible, en effet, de doter toutes les écoles des moyens matériels, de machines-outils, de Moniteurs de choix et spécialisés comme il apparaît nécessaire pour une formation sur machines. Le budget d'équipement d'une Ecole est tellement important que l'on trouvera plus simple et plus économique d'outiller parfaitement quelques écoles plutôt que d'en avoir une quantité qui n'ont que des moyens généralement très insuffisants comme c'est le cas actuellement.
Il est nécessaire d'ajouter qu'en prenant parti pour l'une ou l'autre solution on ne saurait, sans inconvénient, négliger les enseignements des C.A.P. actuels. Certaines catégories ont tellement peu de candidats que la question d'une école séparée ne se pose évidemment pas. Nous ne perdrons pas non plus de vue les nombres auxquels la Profession désire aboutir, car si, dans les métiers de main, les nombres sont assez peu différents, dans les métiers d'ouvriers sur machines, par contre, les nombres futurs devront être très supérieurs à ceux d'aujourd'hui.
La spécialisation et l'organisation d'un petit nombre d'écoles seront plus faciles et chaque centre dirigera alors sur ces écoles spécialisées les candidats soigneusement sélectionnés pour qu'ils soient préparés dans les conditions les meilleures généralement inabordables aux centres non outillés.
Le schéma n° 15 qui rassemble tous ces Centres dans un tableau unique, permettra de mieux saisir la vue d'ensemble, le cheminement de nos Jeunes dans le détail.
Graph. N° 15 montrant le cheminement des jeunes provenant de l'Ecole Primaire et susceptibles de recevoir une formation Professionnelle jusqu'à leur entrée dans les Ateliers d'ENTREPRISE.
LES MOYENS
Nous avons vu plus haut la position des besoins des ouvriers de main et sur machines de l'Industrie et la position correspondante actuelle de l'Apprentissage dans la Région Parisienne, peut-être encore dans tous les grands centres. Les besoins en ouvriers sur machines sont très considérables et nous ne les couvrirons qu'en mettant à la disposition des organisations d'apprentissage le matériel correspondant nécessaire.
Figure n° 16 - Atelier des Machines-Outils de l'Ecole Renault à Billancourt.
La figure n° 16 représente les ateliers de machines de l'importante EcoIe d'Apprentissage Renault. Les machines disponibles sont au nombre de plusieurs centaines, soit presque une pour deux élèves.
Figure n° 17 - Atelier des Machines-Outils de l'Ecole des Usines G.S.P. à Châteaudun (Eure-et-Loir).
La figure n° 17 montre une autre Ecole privée, atelier des machines également, qui ne comporte que 100 élèves ; là encore, la proportion des machines est de 50 % des élèves pour les trois années. Dans ces deux écoles, les tours et fraiseuses dominent. Nous donnons une troisième photographie qui s'applique à une école des environs de Paris où il n'y a que 80-85 élèves, où la proportion des machines est également sérieuse ; mais, dans ce cas, les machines dominantes sont : l'aléseuse, le rabot, l'étau-limeur, parce que ces classes de machines répondent à des besoins particuliers de l'Usine fondatrice de l'école.
Figure n° 18 - Atelier des Machines-Outils de l'Ecole des Usines Rateau à La Courneuve (Seine).
Nous ne connaissons aucun Centre de caractère public disposant d'une proportion de machines aussi considérable : en général cette comparaison est d'ailleurs très défavorable aux Centres. Nous ajouterons que dans ces mêmes ateliers où il y a une formation parallèle d'ajusteurs, les ouvriers de main disposent en outre de machines considérées comme le complément nécessaire et indispensable de cette formation. D'une manière presque générale, nos Centres de formation en sont dépourvus.
En faisant cette comparaison, nous marquons une situation de fait, mai nous n'élevons pas une critique. Nous sommes de ceux qui reconnaissent que la plupart des Centres sont issus de la période de guerre pendant laquelle les possibilités étaient nulles. En dépit des difficultés budgétaires de l'Etat que nous connaissons tous, des efforts méritoires ont été faits depuis, et il y a un progrès certain. Mais nous sommes très loin du compte encore et il faut faire mieux.
C'est également vrai pour tout ce qui concerne l'équipement de mesure, de contrôle, si nécessaire pour aboutir finalement à la qualité. Lorsque ces moyens manquent, la qualité est fort difficile à envisager.
C'est à ce sujet que nous désirons mettre en évidence la nécessité de spécialiser les Centres. Il est vain de prétendre, nous le répétons, doter tous les Centres de tout l'outillage qu'on pourrait admettre ; ce n'est d'ailleurs pas nécessaire et ce serait surabondant. Mais nous pensons que si les Services de l'Enseignement Technique pouvaient faire un choix des Centres les mieux appropriés et doter ces derniers progressivement en vue de l'organisation idéale, ce serait parfait.
Nous n'entrerons pas dans le détail de la forme selon laquelle les Centres pourraient être spécialisés ; c'est encore une fois une question d'espèce, de crédits, mais précisons une fois de plus que ces Centres ainsi spécialisés et dotés ne devraient recevoir que des élèves sélectionnés afin que tout le profit utile soit tiré de l'effort budgétaire réalisé. On verra sur le graphique n° 15 que nous avons prévu des Centres spécialisés mixtes, ce qui signifie que, dans notre esprit, nous admettons parfaitement que des Centres ne pouvant être dotés complètement dès le début pourraient avoir quelques équipes sélectionnées, également que ces Centres mixtes comportant des équipes ou des classes sélectionnées comporteront aussi des ouvriers de main pour lesquels l'effort d'équipement sera nécessaire.
Comment doit être composé l'équipement machines ? C'est un sujet important que nous ne pouvons traiter dans cette note déjà longue. C'est une question que des personnalités d'expérience trancheront facilement quand on sera prêt pour les décisions. Dans ce domaine, nous devons admettre que l'équipement désiré ne pourra se produire que par étapes, qui seront fonction des disponibilités budgétaires.
PERMANENCE ET QUALITE DES PROFESSEURS
ET MONITEURS
Cette question nous ramène aux parallèles si souvent établis entre les écoles publiques et les écoles privées, entre les professeurs et les moniteurs. Dans notre esprit, les écoles publiques s'occupent bien des cours et de la technologie, les écoles privées traitent mieux les travaux manuels. Les professeurs des écoles publiques ou centres de formation ne disposent généralement pas du vaste champ d'expériences que constituent une entreprise complète ou des ateliers. Il est certainement souhaitable que les professeurs connaissent la vie des ateliers et leur évolution ; mais comme dans ces écoles cela n'est pas toujours possible, ils s'en passent.
Nous pensons, étant donné le caractère théorique de l'enseignement et la généralisation des sujets, qu'il n'y a pas, du côté des professeurs, d'objections matérielles sérieuses à un séjour prolongé dans la formation. Pour les Moniteurs, ce n'est pas la même chose parce que si l'enseignement théorique peut avoir un certain caractère d'immobilité, il n'en va pas de même de la formation manuelle. En effet, l'évolution du travail dans les ateliers au cours de ces dernières vingt années a été considérable. Cette évolution a porté dans tous les domaines sans exception ; il n'est pas nécessaire d'en faire l'énumération.
Un Directeur d'atelier dont la Société avait cru devoir renouveler récemment une part importante de son équipement machines-outils, vieux de plus d'une dizaine d'années, nous a confié que la différence entre les machines anciennes et nouvelles était considérable et que l'emploi de ces dernières posait des problèmes nouveaux constituant une petite révolution des méthodes, des temps de montage, des outillages, etc... On conçoit que dans ces conditions d'évolution assez rapide, le maintien prolongé des Moniteurs dans les organisations de formation ou d'apprentissage soit susceptible d'objections.
Qu'entend-on par maintien prolongé ? A notre avis, un maintien de plus de 4 ou 5 années. Passé ce délai, il nous paraît nécessaire que le Moniteur reparte pour l'atelier pour se remettre au courant. Considérés sous cet aspect, les moniteurs des écoles libres d'entreprises - qui ne sont le plus souvent que des agents de maîtrise détachés de l'exploitation régulière - peuvent soit garder un contact journalier avec les ateliers de l'entreprise, soit, solution meilleure, reprendre une fonction dans l'entreprise en laissant la place à un collègue d'atelier. Il n'en va pas de même pour les Centres où le moniteur a tendance à se voir comme une sorte de fonctionnaire et à considérer son poste comme devant avoir un caractère permanent, Nous comprenons. que la solution de ce problème est assez délicate et susceptible de difficultés ; on la trouvera facilement lorsque la collaboration centres et entreprises sera devenue effective.
Dans la région parisienne, il nous paraît que la bonne méthode serait d'avoir des moniteurs en nombre suffisant pour qu'une fraction de ce nombre puisse être, en accord avec le Patronat, en roulement de formation. Disons par exemple, 4 mois dans un Centre, 6 mois ou 1 an dans une entreprise. Une telle décision ne se heurterait qu'à des difficultés d'organisation et de financement très peu sérieuses. On ne négligera pas les visites d'usines, non plus que l'enseignement que pourraient donner des agents des entreprises détachés quelques heures par semaine dans les centres, pour certaines questions spécialisées.
FONCTION DES DIRECTEURS DE CENTRES
Les Directeurs de centres doivent, à leur tour, comprendre que leur rôle de gestion des centres, de défense morale et sociale des Jeunes sous tous les rapports, d'éducation et formation professionnelle tendant de plus en plus vers la qualité, doit se compléter d'une idée nouvelle, à savoir : remplir le rôle nécessaire. d'apostolat auprès des Chefs d'entreprises voisines des Centres qu'ils gèrent : visites, conversations, fréquentation, consultations sur une politique de collaboration pour la formation, demandes d'aide et d'assistance pour la résolution des contrats liant les apprentis aux entreprises, organisation du placement des élèves, visites d'usines, concours de personnel de maîtrise, etc... Ce sont là des problèmes de leur ressort.
En sus de ces considérations, le Directeur de Centre doit s'intéresser à ce que deviennent les apprentis ; il doit les suivre et les aider chaque fois que possible. Enfin, il doit tirer de l'ensemble de ses informations, contacts et fréquentations, tout ce qui est nécessaire pour lui servir de guide dans l'évolution de l'école.
Il est bien évident que si une formation d'ajusteurs ne trouve pas de places, si les résultats des examens ne sont pas satisfaisants, si la Profession ne trouve pas, auprès du Centre qui est dans sa région, les éléments qui lui seraient utiles, il appartiendra alors aux Directeurs des Centres de recourir aux remèdes et de prendre toutes initiatives utiles. C'est là leur rôle et nous affirmons qu'ils peuvent être parfaitement aptes à le remplir.
BIBLIOGRAPHIE ET DOCUMENTATION
La pauvreté de nos organisations d'apprentissage sous ce rapport est bien connue. Combien de temps perdu par les Professeurs et les élèves par suite de l'absence d'une documentation appropriée sur les sujets de la formation, que d'heures de copie, de reconstitution, sont absorbées sons nécessité réelle. Cette documentation doit être établie pour des apprentis travaillant à l'atelier et non pour des élèves de cours complémentaires ou supérieurs. Elle doit être telle comme présentation, comme prix, comme valeur d'enseignement qu'il soit permis de la diffuser parmi tous les apprentis, à moins que l'on puisse confier des livres en bon état aux promotions successives jusqu'à mise hors d'usage. Elle doit être telle qu'elle puisse être mise à la disposition des élèves qui suivent les cours de mécanique sans faire partie d'une formation d'apprentissage, pour les Jeunes qui travaillent en atelier sans contrat et sans cours, pour les Jeunes de province, etc...
Des tableaux muraux, pratiques, comme nous les avons vus à l'Etranger, doivent être étudiés pour tout ce petit monde afin d'être affichés dans les écoles et dans les ateliers.
Qui doit étudier, préparer, diffuser cette bibliographie ? A notre avis, c'est la Direction de l'Enseignement Technique qui doit prendre la question en main, créer l'organisation de base nécessaire. On objectera :
- 1°) La question budgétaire.
- Comme l'équipement en machines et moyens, la bibliographie est un des éléments de l'organisation de l'apprentissage. Mais c'est aussi une des charges de son budget. Aussi, jusqu'à des temps meilleurs, cette documentation ne saurait être complètement gratuite.
- 2°) Le nombre des professions spécialisées.
- Il peut être discutable d'élargir la documentation préconisée à toutes les professions, sans exception, mais on peut commencer par les professions les plus importantes et courantes. Ces professions, qui pourraient d'ailleurs apporter une collaboration pratique et matérielle, ne sont pas préparées à la pédagogie et l'expérience de l'enseignement, pas davantage à la présentation d'éditions devant avoir autant que possible un caractère général.
A ce propos, nous n'omettrons pas non plus la constitution d'une bibliothèque qui, suivant les cas, sera seulement une bibliothèque d'information et de complément à la formation ou qui pourra être également une oeuvre d'intérêt et de délassement pour les Jeunes.
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