- - Le recyclage des huiles (l'Argus de l'Automobile, 22.11.2001)
- Lydie Ougier, responsable de la cellule huiles usagées au sein de l'ADEME (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie) nous parle du recyclage des huiles usagées.
L'argus. Quels sont les différents types d'huiles à recycler ?
- L.O. Ce sont les huiles minérales ou synthétiques. Parmi elles, il faut différencier les claires et les noires, que ce soit dans l'automobile ou l'industrie. Les huiles noires sont celles qui comportent des impuretés, des résidus de combustion par exemple, donc qui se dégradent à cause de facteurs extérieurs. Les huiles claires s'usent naturellement et perdent leur efficacité à force d'être sollicitées.
- L'argus. Pourquoi établir une telle distinction ?
- L. O. Pour des raisons de recyclage. Pour traiter les huiles noires, le procédé à mettre en oeuvre s'apparente à du raffinage, une technique complexe qui et très coûteuse. Les huiles claires nécessitent une méthode beaucoup plus simple - donc moins onéreuse - et qui peut, parfois, se limiter à une simple décantation. En outre, une huile claire recyclée retrouvera quasiment toutes ses propriétés d'origine, alors qu'une huile noire devra être reformulée afin de redonner un lubrifiant.
- L'argus. Quelles sont les quantités en d'huiles recyclées ?
- L. O. Nous n'avons pas encore les chiffres pour l'année 2000. Mais, en 1999, les quantités d'huiles usagées estimées ont été les suivantes : huiles automobiles noires : 243 000 tonnes, huiles automobiles claires : 13 000 tonnes, huiles industrielles noires : 19 000 tonnes et huiles industrielles claires : 92 500 tonnes. Par contre, nous n'avons traité que 302 000 tonnes...
- L'argus. Ce qui fait un écart de 65 500 tonnes. Pourquoi ?
- L. O. Malheureusement, des pratiques illégales perdurent : certains professionnels se servent des huiles usagées pour chauffer leurs locaux, d'autres ne vident pas les huiles avant de démolir des véhicules, et les particuliers s'en débarrassent de façon illégale. Il faut donc encore que les mentalités changent !
- - Coût du recyclage (Auto Plus, 25.6.2002)
- Le passage au garage coûtera quelques euros de plus à compter du 1er juillet prochain. C'est la conséquence de l'entrée en vigueur de la loi du 13 juillet 1992, qui impose à toutes les filières professionnelles, y compris automobile, de procéder au recyclage des éléments qui sont susceptibles d'y être soumis.
Votre voiture sera donc concernée à chaque passage au garage, depuis la batterie et les filtres en tout genre, en passant par les pneus, les pièces en verre ou en plastique... jusqu'aux simples emballages et aux chiffons ayant servi à l'intervention !
Reste à savoir qui va payer quoi. Car, à quelques jours de l'entrée en vigueur de la mesure, les tractations continuent entre les professionnels et les représentants de l'Etat ! Deux options se présentent : soit les garagistes appliqueront une écotaxe forfaitaire incluse dans le barème horaire, soit - scénario plus probable - ils ajouteront une petite ligne sur les factures, intitulée "évacuation et recyclage des déchets".
Une chose est sûre : grâce aux filières, rentables, de recyclage mises en place par l'Etat, la collecte des huiles restera gratuite. A priori, il en sera de même pour les batteries et, dans quelques mois, pour les pneus. Quant au reste, les automobilistes verseront une "obole", dont le montant variera selon les pièces...
Exemples de prix moyens T.T.C. facturés au clients :
- batterie et huile gratuit
liquide de refroidissement 0.5 EUR le litre (3 F), pot catalytique 7.30 EUR (48 F), filtre à huile 0.6 EUR (4 F), 4 pneus 3 EUR (20 F), pare-brise 1.2 EUR (8 F), pare-chocs 0.55 EUR (3.50 F)
- - Le recyclage des pneumatiques usagés (l'Argus de l'Automobile, 24.4.2003)
- Après plusieurs années de négociation, le décret relatif à l'élimination des pneumatiques usagés (n° 2002-1563 du 24 décembre 2002) devrait créer des débouchés pour les 400 000 tonnes de pneus usagés produits chaque année en France.
La disposition principale du décret relatif à l'élimination des pneumatiques usagés consiste à obliger les producteurs à collecter à leurs frais autant de pneus qu'ils en ont mis sur le marché pour les valoriser ou, à défaut, les détruire. Composés de mélanges de caoutchouc (48 %), de carbone (22 %), d'acier (15 %) et de textiles (5 %), les pneus usagés ne sont pas des déchets dangereux, mais ils ne sont pas biodégradables et sont nuisibles pour l'environnement et la santé en cas d'incendie, comme ce fut le cas sur le site d'Airtaix en Saône-et-Loire, en février 2002. Pour l'heure, sur les 400 000 t produites, un quart est réutilisé (occasion ou rechapage), 40 000 t sont incinérées avec récupération d'énergie, 60 000 t employées par les agriculteurs (bâches d'ensilage), et 73 000 sont utilisées pour des travaux publics.
- L'essentiel du texte
- Le nouveau décret organise la collecte et le traitement des pneus usagés entre différents acteurs en posant le principe selon lequel "la valorisation des pneumatiques usagés est préférée à leur destruction, chaque fois que les conditions techniques, économiques et géographiques le permettent".
La répartition des rôles entre les acteurs de ce nouveau "défi environnemental", ainsi que leurs missions respectives sont clairement identifiées par le décret.
- Les producteurs "sont les personnes qui fabriquent, importent ou introduisent en France des pneumatiques". Leur principale obligation consiste à collecter ou à faire collecter, à leurs frais, un tonnage équivalent à celui qu'ils ont mis sur le marché national l'année précédente, et à les valoriser ou à les détruire.
- Les distributeurs, garagistes et concessionnaires vendent des pneus ou des engins équipés de pneus. Ils sont tenus de les reprendre gratuitement dans la limite des tonnages qu'ils ont eux-mêmes vendus l'année précédente, puis de les remettre soit à des collecteurs agréés, soit directement aux exploitants des installations d'élimination. Chaque manquement a cette obligation de reprise est punissable d'une amende de 450 EUR au plus.
- Sont considérés comme détenteurs les personnes qui ont dans leur propre entreprise des pneumatiques usagés en raison de leur activité professionnelle ainsi que les communes ou leurs groupements. Comme les distributeurs, ils devront les remettre soit à des collecteurs, soit aux entreprises habilitées à procéder au recyclage.
- Les collecteurs assurent le ramassage des pneumatiques, auprès des distributeurs ou des détenteurs, ainsi que leur acheminement jusqu'aux installations d'élimination. Pour exercer leur activité, ils devront désormais solliciter un agrément préfectoral, qui sera accordé pour cinq ans au maximum.
- En fin de chaîne, les exploitants d'installations d'élimination des pneus, les entreprises spécialisées dans la valorisation de la matière pneumatique, doivent être agréés à cet effet et sont soumises à la réglementation des installations classées pour la protection de l'environnement.
- Des opérations de valorisation qui s'articulent autour de trois filières
- - La granulation ou fabrication de poudrette de caoutchouc consiste à broyer le plus finement possible les pneus. La poudre ainsi obtenue est utilisée dans la fabrication des revêtements de sols industriels et sportifs ainsi que dans celle des matériaux d'isolation phonique, et encore comme liant dans les bitumes.
- La réutilisation de pneus entiers ou déchiquetés est possible en fondation (techniques Pneusol ou Pneuresil) comme soubassement de routes et de voies ferrées, terre-pleins paysagers ou murs antibruit.
- Enfin, la valorisation énergétique est la technique encore la plus employée 3 tonnes de pneus se substituant à 2 tonnes de fioul, on compte en France cinq cimenteries équipées pour l'incinération de pneumatiques introduits dans des fours, soit entiers, soit déchiquetés.
- Textes
- Décret n° 2002-1563 du 24.12.2002 (Journal officiel du 29.12.2002).
- Questions/réponses
- Le décret prévoit-il une application échelonnée de ses dispositions ?
- Oui : il sera applicable au 29 décembre 2003 pour les pneus de diamètre inférieur à 1 400 mm puis en 2005 pour les autres.
- Tous les pneus sont-ils concernés ?
- Non, sont exclus les pneumatiques des deux-roues (cycles et cyclomoteurs).
- La mise on décharge est-elle encore autorisée ?
- Non, elle est interdite depuis le 1er juillet 2002.
- Peut-on brûler ses pneus usagés ?
- Non, le brûlage à l'air libre est désormais strictement interdit.
- Est-il possible de remettre ses pneus usagés à un agriculteur ?
- Oui, mais cette solution n'est pas la meilleure car le pneu utilisé pour l'ensilage par les agriculteurs doit aussi être éliminé.
- Quelle est l'évaluation du surcoût engendré par cette nouvelle politique d'élimination ?
- Le consommateur devrait supporter un surcoût unitaire, de l'ordre de 1,5 EUR par pneu, lors de son acquisition.
- Existe-t-il des estimations de la production annuelle française de pneus usagés ?
- Oui, elles se basent sur les ventes et se répartissent globalement ainsi :
- 234 000 t pour les véhicules légers ;
- 123 000 t pour les poids lourds ;
- 17 000t pour les utilitaires légers ;
- 31 000 t d'origine diverse (agricole, génie civil, etc.).
- Comment stocker les pneus usagers ?
- Dans un endroit clos et protégé des intempéries, en tas séparés pour éviter les risques d'incendie.
- Que deviennent les dépôts existants ?
- Les propriétaires en restent responsables.
A la date du 1er juillet 2004, ils auront cinq ans pour les éliminer à leurs frais.
- - Le recyclage des épaves (l'Argus de l'Automobile, 10.7.2003)
- Comme pour tout déchet déposé dans un lieu public ou privé, des sanctions pénales sont prévues à l'encontre d'une personne laissant un véhicule hors d'usage sur la voie publique.
On estime qu'entre 1,2 million et 1,6 million de véhicules hors d'usage (VHU) sont engendrés en France chaque année, ce qui représente de 1,1 million b 1,4 million de tonnes de déchets. Dans l'attente d'une transposition en droit français de la directive européenne du 21 octobre 2000 sur le recyclage des véhicules hors d'usage, la pollution liée aux épaves d'automobiles abandonnées sur un terrain public ou privé se poursuit, malgré les mesures prises par la loi sur la sécurité intérieure du 18 mars 2003.
Les épaves automobiles sont des déchets que le ministère de l'intérieur avait déjà définis ainsi dans une circulaire du 13 décembre 1974 : "Les véhicules réduits à l'état de carcasses non identifiables et qui ne peuvent plus être utilisés pour leur destination normale, le plus souvent démunis de plaque d'immatriculation, sans roues, sans portières ni moteur, ne sont plus juridiquement des véhicules, mais des épaves que les autorités locales, dans le cadre de leur pouvoir de police, doivent faire enlever et détruire immédiatement". Le Code de l'environnement (article L 541-1) confirme qu'est déchet "tout bien meuble abandonné ou que son détenteur destine à l'abandon". Des sanctions pénales sont possibles concernant tout déchet déposé sauvagement dans un lieu public ou privé, et le maire peut user de ses pouvoirs de police pour faire procéder à son élimination.
La lutte contre les épaves abandonnées sur un terrain privé est de la compétence du maire, titulaire du pouvoir de police, qui peut, après mise en demeure, assurer d'office l'élimination de ce déchet aux frais du responsable. Le maire est fondé à agir dès lors que l'épave est déposée dans des conditions de nature à porter atteinte à la santé de l'homme et à l'environnement. La circulaire du 4 janvier 1985 relative à l'élimination des dépôts sauvages de déchets précise que le maire doit adresser au propriétaire du terrain une mise en demeure assortie d'un délai de réalisation.
En cas d'inaction du propriétaire, le maire pourra faire procéder d'office, aux frais du responsable, à l'enlèvement des carcasses de voitures. La commune fera enlever les déchets et effectuer si nécessaire les travaux de réaménagement ; la facture sera envoyée à l'auteur des faits.
Les épaves abandonnées sur la voie publique communale sont réglementées par le Code de la route (articles L 325-1 à L 325-13) qui autorise la mise en fourrière dans plusieurs cas : stationnement en un même point de la voie plus de sept jours consécutifs, stationnement en infraction avec le Code de la route et stationnement d'un véhicule "privé d'éléments indispensables à son utilisation normale et insusceptibles de réparation immédiate à la suite de dégradation ou de vol".
L'article L 325-1 énonce que les véhicules dont la circulation ou le stationnement compromettent, notamment, l'hygiène publique et l'esthétique des sites et paysages classés, "peuvent être immobilisés, mis en fourrière, retirés de la circulation et, le cas échéant, aliénés ou livrés à la destruction".
La loi Sarkozy sur la sécurité intérieure du 18 mars 2003 est venue préciser que cette destruction pouvait s'opérer "à la demande et sous la responsabilité du maire ou de l'officier de police judiciaire, même sans l'accord du propriétaire du véhicule".
- Rappel
- S'il est possible pour un maire d'user de ses pouvoirs de police pour faire éliminer ces déchets, la directive de septembre 2000, qui sera prochainement transposée endroit français, va beaucoup plus loin que la directive de 1975. Elle fait notamment remonter le problème du traitement du déchet jusqu'au constructeur du produit, obligeant constructeurs et équipementiers à modifier le processus même de fabrication des produits automobiles.
- Sources
- Directive 2000/53/CE du 18 septembre 2000 ; Loi 2003-239 du 18 mars 2003 ; Code de la route, articles L 325-1 et suivants ; Code pénal.
- Questions/réponses
- ...
- - Le recyclage des véhicules hors d'usage (Catherine Leroy, l'Argus de l'Automobile, 4.9.2003)
La réponse a enfin été apportée cet été. Les broyeurs auront une place centrale dans la filière du recyclage des VHU, même si les démolisseurs n'ont pas été oubliés.
Après des mois de discussions et une sévère remontrance de Bruxelles, le gouvernement a fini par faire paraître au Journal officiel, le décret relatif à l'élimination des véhicules hors d'usage (VHU). Les mauvaises langues avancent que les décrets paraissant en période de vacances abordent des sujets qui fâchent.
Ainsi, que dire de celui-ci, parut au J.O. du 5 août qui instaure une organisation assez étonnante du circuit de fin de vie des véhicules, dans laquelle les démolisseurs ne se voient pas totalement récompensés de leur travail de certification mis en place depuis de nombreuses années déjà.
En effet, si la version définitive du texte reprend une partie des demandes de cette profession, une requête et non des moindres a été partiellement écartée seuls les broyeurs obtiendront une compensation financière en cas de déséquilibre de la filière.
Ce décret prévoit bien sûr et sans ambiguïté que les démolisseurs resteront des acteurs importants du circuit de traitement des VHU, mais le premier rôle leur est soufflé par les entreprises de broyage. Ces dernières se voient confier, au même titre que les démolisseurs, le rôle de collecteur gratuit des véhicules enfin de vie, mais aussi celui de dernier maillon permettant la traçabilité de la voiture en leur demandant de fournir le certificat de destruction.
"On nous considère comme l'élément central de la filière", déclare le représentant d'une entreprise de broyage, étonné de cette mise en avant.
"Nous n'avons quand même pas tout perdu", tempère Patrick Poincelet, président de la branche démolisseurs du CNPA (Conseil national des professions de l'automobile). "Nous avons deux victoires sur les trois points que nous réclamions à l'origine. Tout d'abord, les entreprises de démolition seront un des principaux points d'entrée de la filière. Enfin, c'est dans les entreprises qui prendront en charge le véhicule en fin de vie que celui-ci perdra son identité. Ces reprises remettront au dernier propriétaire le certificat de destruction et les broyeurs devront confirmer aux ministères concernés que le véhicule est bel et bien détruit afin de supprimer sa carte grise", commente Patrick Poincelet.
Un circuit qui devrait permettre "d'éclaircir" les immatriculations alors que le parc automobile est composé d'environ 30 millions de véhicules particuliers, on compte pas moins de 58 millions de cartes grises en vigueur !
Les démolisseurs, ainsi que les broyeurs, tout comme n'importe quelle autre entreprise désirant devenir centre de collecte devront se faire agréer comme tel auprès des Pouvoirs Publics. Mais comme l'indique un broyeur, "il faut être réaliste, ce ne sont pas les quarante centres de broyage existants en France qui vont pouvoir démonter entre 1,2 et 1,5 million de véhicules hors d'usage par an. Nous devrons travailler en étroite collaboration avec les démolisseurs."
Outre l'organisation de la filière, c'est également sa rentabilité économique qui pourrait poser problème.
En retenant le principe du pollueur-payeur, la Commission européenne a donc placé les constructeurs devant leur responsabilité, bien malgré eux. Or la filière ne peut exister sur le long terme que si elle s'équilibre financièrement entre les pièces de réemploi et la valorisation de la matière. Puisque le dernier propriétaire de la voiture ne déboursera pas un centime en apportant son véhicule dans un centre de collecte.
Vu l'enjeu, les constructeurs ont obtenu que seuls les broyeurs pourront obtenir une compensation financière de leur part en cas de non rentabilité.
"Une véritable bombe à retardement", selon un constructeur, qui devrait exploser en 2007 lorsque tous les véhicules seront soumis à cette directive.
Mais, les démolisseurs ne s'estiment pas complètement perdants. Puisque la rentabilité économique des broyeurs devra être vérifiée par un organisme tiers indépendant, certes désigné par les broyeurs et les constructeurs, mais devant soumettre ses conclusions dans une commission paritaire où les démolisseurs siègent. On peut imaginer que les résultats de chaque entité de broyage seront examinés à la loupe par ces derniers.
- - Revalorisation des pneumatiques (Jean-Pierre Genet, l'Argus de l'Automobile, 1.1.2004)
- Organisée par les manufacturiers conformément à la réglementation, la filière des pneus usagers doit à présent devenir opérationnelle.
- A compter du 29 décembre 2003, tout pneumatique neuf vendu en France devra être traité en fin de vie. Jusqu'à présent, c'était le dernier détenteur de pneumatiques usagés qui était responsable de leur élimination. Désormais, cette charge revient aux fabricants de pneus. Cet important changement est encadré par un décret (1). Dans la limite des tonnages de leurs ventes de l'année écoulée, les manufacturiers devront collecter ou faire collecter, puis traiter ou faire traiter, à leurs frais, les pneumatiques usagés.
Pour trouver l'équilibre économique, ils seront aidés par les distributeurs de pneus neufs (garagistes, concessionnaires, réseaux de réparation, etc.) qui devront reprendre gratuitement les pneus usagés pour les remettre ensuite à des collecteurs agréés. Quant à l'élimination des stocks constitués avant le 29 décembre 2003 (estimés à 1 million de tonnes), elle reste à la charge du détenteur. Ces stocks devront être résorbés au plus tard le 1er juillet 2009.
Pour orchestrer l'application de cette mesure, les manufacturiers (2) ont constitué une société commune, Aliapur, qui a eu à charge d'organiser une filière de valorisation des pneumatiques. Son objectif: veiller à ce que, en 2004, soient éliminées des quantités de pneus usagés égales à celles des pneus neufs mis sur le marché en 2003 (soit environ 270 000 t sur les 390 000 t annuelles mises sur le marché).
Animée par huit responsables recrutés ces derniers mois, Aliapur a lancé deux appels d'offres pour la collecte et le tri, et pour le stockage et la préparation des pneumatiques usagés. Quelque 200 entreprises ont répondu, dont 93 pour assurer les deux prestations. L'arrêté d'application, publié au Journal officiel du 20 décembre, précise que les préfets disposent de deux mois pour agréer les prestataires. Rien n'est toutefois précisé sur les moyens de collecte et de stockage durant cette période. "Il sera impossible de mettre en oeuvre la filière ô la date prévue", dénonce le CNPA.En attendant la délivrance des agréments, les distributeurs seront contraints de garder des volumes importants de pneus usagés dans leurs locaux, alors qu'ils ne disposent pas des autorisations administratives nécessaires.
Aliapur devra faire de la filière un "système économiquement viable tout en étant écologiquement fiable". Aujourd'hui, la collecte et le recyclage des pneus ne peuvent pas gagner d'argent. Mis à part ceux qui sont réutilisables pour le rechapage ou l'export (soit environ 25 % du volume), les pneus usagés coûtent plus cher à traiter qu'ils ne rapportent. C'est pourquoi ils sont encore considérés comme des déchets, c'est-à-dire des produits à valeur négative, et non comme des matériaux. Leur collecte et leur valorisation devront donc être "subventionnées".
Cette subvention sera versée par les manufacturiers, qui s'acquitteront auprès d'Aliapur d'une taxe de 2,63 euros par pneu de tourisme neuf mis sur le marché l'année précédente.
Pour chaque catégorie de pneus, un tarif a été défini (voir tableau). Les recettes ainsi obtenues permettront à Aliapur de financer les différents acteurs de la filière. Les sociétés de collecte, qui absorberont environ 30 % de ce budget, seront rétribuées à la tonne de pneumatiques usagés non réutilisables apportée à l'une des vingt plates-formes qui leur sera désignée. Ils bénéficieront également d'une prime de performance sur la quantité de pneus réutilisables qu'ils auront triés. Notons que les collecteurs resteront libres de vendre ces pneus à leurs clients habituels pour le rechapage ou pour l'export.
Pour être économiquement viable, la valorisation énergétique - fours de cimenterie, centrales thermiques, chaudières industrielles, etc. - et la valorisation matière (drainage, ensilage, poudrette), nécessiteront des aides financières qui consommeront environ le quart du budget annuel d'Aliapur. De surcroît, les entreprises à même d'utiliser les pneus comme matière première ou comme combustible ne peuvent traiter que 75 % des pneus non réutilisables générés chaque année. Afin de pallier le déficit de débouchés, des contrats sont signés avec des opérateurs situés à l'étranger.
Pour trouver d'autres débouchés, Aliapur consacre environ 10 % de son chiffre d'affaires en recherche et en développement. Premier exemple de nouvelle filière, un premier contrat de 7 500 tonnes par an a été signé avec une aciérie à arc électrique utilisant le carbone des pneumatiques usagés comme substitut à l'anthracite de charbon.
Une autre piste prometteuse est explorée : l'inclusion de granulat de pneus usagés dans le béton.
(1) Décret n'2002-1563 du 24 décembre 2002.
(2) Bridgestone, Continental, Dunlop, Goodyear, Michelin, Kléber et Pirelli
- Le coût de traitement d'un pneu usagé
- Chef d'orchestre du recyclage des pneus usagés, Aliapur facturera les manufacturiers. Ces derniers devront verser une contribution à l'élimination de leurs pneus, déterminée par un tarif par pneumatique mis sur le marché par le manufacturier l'année précédente. Quatre tarifs correspondant à quatre catégories de pneus ont été établis.
Dans la plupart des cas, les manufacturiers devraient répercuter, en partie ou en totalité, cette taxe dans le prix de vente de leurs pneumatiques neufs.
- Contributions environnementales
Catégorie | Poids moyen | Montant T.T.C. |
A - pneu de tourisme | 6.5 kg | 2.63 EUR |
B - pneu de poids lourds | 53 kg | 12.92 EUR |
C - pneu agraire | 77 kg | 32.28 EUR |
D - génie civil | 365 kg | 179.69 EUR |
- Comment est organisée la traçabilité
- Afin d'être en mesure de justifier auprès de l'Etat des quantités de pneumatiques usagés effectivement valorisées, Aliapur doit assurer une parfaite traçabilité des flux. A toutes les étapes de leur fin de vie, les pneumatiques sont pesés ou comptés, et les informations recueillies sont enregistrées dans une base de données informatisée.
Toutes les entreprises de la chaîne contrôlée par Aliapur devront respecter ces procédures. Elles disposent de un an pour obtenir la certification Qualicert-Valorpneu.
Chaque lot de pneus devra pouvoir être suivi jusqu'à sa valorisation ou jusqu'à son élimination.
- Le traitement des pneumatiques usagers
- Recherche et développement
Producteurs
- Manufacturiers
Distributeurs de pneus neufs à leur marque
Importateurs de pneus neufs
Constructeurs importateurs de véhicules équipés de pneus neufs
- Détenteurs
- Entreprises qui possèdent des pneus usagers issus de leur activité
Communes (après collecte sélective)
- Distributeurs
- Distributeurs de pneus neufs
Concessionnaires, garages...
- Collecteurs
- Entreprises agréées
- TRI
- Pneus usagés réutilisables
- Rechapage
Réemploi
- Pneus usagés non réutilisables
- Plate forme Aliapur : découpage et broyage
- Valorisation énergétique
- Valorisation matière
- Nouveaux débouchés à développer
- Différentes filières
Total 2002 | 390 000 |
Valorisation matière | 127 000 | 32.6 % |
Utilisation non contrôlée | 95 000 | 24.4 % |
Valorisation énergétique | 73 000 | 18.7 % |
Rechapage | 55 000 | 14.1 % |
Réemploi | 40 000 | 10.3 % |
Estimation des gisements de pneumatiques usagés
| gisement en tonnes | points de ramassage | | gisement en tonnes | points de ramassage | | gisement en tonnes | points de ramassage |
Total | 368 671 | 62 550 |
Alsace | 10 886 | 1 425 | Corse | 1 870 | 465 | Nord-Pas de Calais | 22 878 | 2 950 |
Aquitaine | 19 343 | 3 975 | Franche-Comté | 9 531 | 1 330 | Pays de Loire | 20 603 | 3 500 |
Auvergne | 8 720 | 1 840 | Haute Normandie | 11 054 | 1 600 | Picardie | 11 367 | 1 775 |
Basse Normandie | 9 145 | 1 700 | Ile de France | 66 124 | 8 050 | Poitou-Charentes | 11 026 | 2 230 |
Bourgogne | 10 721 | 1 975 | Languedoc-Roussillon | 14 745 | 3 330 | Provences-Alpes-Côte d'Azur | 29 023 | 6 160 |
Bretagne | 18 936 | 2 950 | Limousin | 4 786 | 1 015 | Rhône-Alpes | 31 122 | 6 480 |
Centre | 16 033 | 2 775 | Lorraine | 14 227 | 1 815 |
Champagne-Ardenne | 9 531 | 1 420 | Midi-Pyrénées | 17 000 | 3 790 |
- Les pneumatiques usagers en quelques chiffres
- Chaque année, l'entretien du parc d'automobiles engendre environ 400 000 tonnes de pneus usagers.
- 234 000 tonnes provenant de véhicules légers,
- 123 000 tonnes provenant de poids lourds,
- 17 000 tonnes provenant d'utilitaires légers,
- 31 000 tonnes d'origines diverses (agricole, génie civil).
A ces pneus usagés remplacés, il convient d'ajouter 40 000 pneus provenant de véhicules hors d'usage.
Des discussions entre manufacturiers, constructeurs et pouvoirs publics sont en cours afin que les pneus issus d'épaves soient également traités.
- Revalorisation des pneumatiques sur Internet (l'Argus de l'Automobile, 1.1.2004)
Aliapur
valorisation actuelle : Delta Gom, Recygom France, Recywall Belgique
nouvelles pistes : ADEME
infos générales : ADEME (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie), ECA (Environnement Commerce Automobile), APCEDE Poitou-Charentes, Centre français du caoutchouc et des polymères ("Espace Environnement", "Gestion des déchets"), Actu-Environnement., Annuaire des produits recyclés, Prorecyclage, Attoodéchets
Canada : Programmes "pneus", Québec ("Nos programmes et services", "Pneus hors d'usage"), Richard Brisebois (tapis)
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