- Depuis la Renaissance les rois goûtaient cette vallée. A présent, les touristes, baigneurs, gourmands en tous genres la dégustent...
Sous François 1er et un peu avant, les seigneurs de Chenonceaux auront bien du travail. Il s'agissait, à cette époque, de gagner au roi le duché de Milan, ce qui n'allait pas sans voyages, ni batailles, ni frais. Thomas Bohier, lui aussi, était tourangeau et suivant les armées françaises à travers le Piémont. Seulement il les suivait, lui, comme "Intendant des Finances" de François 1er, ce qui consistait principalement à rançonner les villes, à faire fondre les ciboires des églises, voire à tirer la barbe du Pape, pour trouver au pied levé de quoi payer ses fameux mercenaires allemands ou suisses (ceux-ci cultivaient la désastreuse manie de se mettre en grève la veille des batailles si leur solde n'était pas réglée recta). Bref, ce "job" était acrobatique, mais peu exposé, et lui, permettait de nourrir le projet d'une résidence secondaire. En vingt ans, Bohin racheta pièce par pièce toutes les terres des seigneurs de Chenonceaux, et pour finir leur porta l'estocade : l'acquisition du château lui-même (bien forcé !) pour une poignée de croix berrichonnes. Il fit terminer l'actuel Chenonceaux en 1512. trois ans pile avant Marignan. Ensuite, le castel, après la veuve de Thomas Bohier puis le roi, passa miraculeusement entre les mains d'une dame célèbre, Diane de Poitiers, en récompense de ces services que les dames rendent quelquefois aux souverains. L'Histoire on le voit, est curieusement morale. Elle le devint tout à fait lorsque sous la Révolution, les sans-culottes du Cher jugèrent sa vieille propriétaire, Mme Dupin, si humaine et sympathique, qu'ils renoncèrent à démolir le monument au nom des lumières modernes. Grâce à quoi l'on vient visiter Chenonceaux, aujourd'hui, depuis Tokyo (dépliant en nippon distribué à l'entrée).
On ne saurait imaginer combien il peut être passionnant, et pas seulement pour la culture, de descendre ou de remonter ce Cher qui fut autrefois une triomphale artère navigable. Un pauvre marinier berrichon le descendit au XVII siècle, sur une de ces "flûtes" de sapin si négligeables qu'on en brûlait les planches à l'arrivée. Parvenu à la basse-Loire, le berrichon se sentit envie de courir l'aventure plus avant. Quarante ans plus tard, il possédait, grâce au "bois d'ébène" et à quelques autres menues rapines, un superbe hôtel à façade sculptée en pleine ville de Nantes, et des armoiries d'une belle franchise qu'il s'était dessinées tout seul : il y figurait en effet, une hache d'abordage.
Remonter le Cher, c'est donc en quelque sorte faire un pèlerinage aux sources de la prospérité. Mais pas seulement cela : connaissez-vous la liqueur de fraise, les topinambours à la crème, la recette des rillons, les petits vins blancs des Coteaux et le gris de Valençay ? Savez-vous qu'il existe, outre les monuments historiques que l'on ramasse à la pelle, des plages d'eau douce sûres et équipées, les bases de loisirs, sur les rives du Cher ? Que l'on y organise des randonnées pédestres de découverte, même en hiver, rendez-vous devant l'église du village ? Non bien sûr, les Français ignorent leur géographie touristique. En automne, les voitures qui stationnent la vallée portent des numéros minéralogiques teutons, ou britanniques ; et les cars débarquent des Japonais devant la grille de Chenonceaux.
... Mais d'abord, sachez que la rive sud, qui fut naguère celle des petites routes pittoresques, tend à être aménagée pour la circulation rapide. C'est donc la rive nord qu'il faudra d'abord préférer, à moins que, tirés en avant par une curiosité vineuse, vous choisissiez un itinéraire spécialement balisé, orienté sur le vignoble, celui des "coteaux du Cher". Celui-là dessine une généreuse boucle de Chenonceaux à Mennetou et retour. Le choix, comme on le voit, ne manque pas.
Partie des abords de Tours, notre route va bien sûr faire halte à Chenonceaux, mais serre au plus près cette rivière magnifique, l'une des rares de la région sans centrale nucléaire, sans barrages, sans urbanisations délirantes, et... qui ne mousse pas trop, c'est un fait. Avantage et même délices, le château vaut le coup d'oeil, mais le port de St-Georges et la plage, en aval de Montrichard, vous tendent également les bras. Et pour l'heure du pousse-café, une distillerie de liqueurs fines, à Chissay, offre le mystère de ses alambics... et la visite-dégustation. Le combiné est parfaitement complet.
Montrichard (on prononce Monterichard, sinon l'on est un "étranger") : un donjon, un vieux pont de pierre pour peintre des vacances, gardé par une minuscule "maison du Passeur". Je vous conseille le marché en ville, où l'on peut garnir son panier, en une seule visite, de presque toutes les gourmandises de la vallée : du rillon au gardon frais des étangs, en passant par les châtaignes et le quartier de cerf. Tout cela semble pour tout dire seigneurial : il n'y manque que le château... Même pas, car le castel du Gué-Péan, quelques kilomètres plus loin, ne se borne pas à laisser admirer ses meubles contre l'achat d'un ticket d'entrée. Il propose, depuis peu, des chambres d'hôte et la pension... à des prix d'ailleurs raisonnables si on les compare à ceux d'un hôtel étoilé. A vous la "chambre du baron", celle du "léopard" ou la "grosse tour" si vous aimez les pièces de formes insolites. Avec, en prime, une promenade à cheval dans les bois du château, grâce au centre équestre... du château, toujours. Au retour, devant d'augustes ruines à Thésée, saluez : du haut de vingt siècles, une station-service gallo-romaine vous contemple. Car ce n'était, au fond, rien d'autre que cela, plus le "Restoroute, l'hôtel (Mercure ?)" et des entrepôts, sur cette voie romaine sur-fréquentée, au temps des Césars et des chars.
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UNE BASE DE LOISIRS
A Saint-Aignan, c'est du haut de la terrasse du château que l'on contemple la rivière, les toits des maisons anciennes, médiévales, bossues, et... la première "base de loisirs" organisée de la vallée. Aimez-vous le canoë, le camping, la planche à voile? C'est prévu. Il n'y a pas que les eaux salées à favoriser ces jeux, et le Cher, tous jeux de mots bus, s'avère meilleur marché en la matière que Cannes ou Saint-Tropez. Le Cher s'entend même, à partir d'ici, à devenir rivière plus confidentielle, à faire pencher ses longs saules de façon plus romantique. Les églises vénérables pleuvent comme à Gravelotte : Noyers, XIIIe siècle ; Châtillon, XIIe siècle ; Villefranche, gothique ; Saint-Loup, XIIIe siècle ; Selles-sur-Cher, où Jeanne d'Arc elle-même fit ses dévotions entre deux coups de masse d'armes. Mais j'anticipe. Sacrilège, j'allais omettre Meusnes (église romane, merci). Meusnes mérite également une place à part dans le catalogue, à notre coeur cher, des musées bizarres. On y a installé, dans la mairie, un Musée de la Pierre à fusil. Certes, il tient, dans la salle du secrétariat, une superficie équivalente à deux vitrines et un petit quelque chose. Certes la pierre à fusil, comme nul n'en ignore, n'est au fond que du vulgaire silex. Tout de même : glissez une honnête gratification pour le sou des écoles locales, faites-vous ouvrir une vitrine, et passez la langue sur l'une des pierres. Vous pourrez, enfin, vous dire l'un des rares, à connaître ce fameux goût de pierre à fusil, que d'imprudents chroniqueurs gastronomiques prêtent si volontiers aux vins blancs de pays. A propos de vins blancs, l'on vous souhaite sur notre route, d'être tombé à point dans les caves de Montrichard (mousseux) comme dans celles de toute la vallée d'ailleurs. Les vins du Cher, du Loir-et-Cher, comptent parmi les rares actuellement de notre coûteux hexagone à ne pas se pousser du col sur les prix. Blanc sec, rosé (dits "de pays", de "Touraine" des Coteaux du Cher> savent se faire épauler par quelques Gamay rouges souvent bien intéressants. Au sud de Selles, l'on va même aborder au terroir du "Valençay", qui cache quelques vins gris superbes et fruités. Et pour le tarif nous sommes loin pour les grands, de certains délices bourguignons, et même pour les vins de pays, de tel petits savoyards qui se prennent pour des grands.
Dans tout ce périple, Romorantin ne constitue qu'un détour. Un détour modeste, et qu'il faut consentir, car la petite promenade sur les bords de la Sauldre offre un entracte romantique ; et puis, outre le Musée de Sologne, il est impossible, en ce magazine automobile, de ne pas recommander le "Musée municipal de la Course automobile" et ses expositions. Bolides à l'entrée, travaux socio-techniques à l'intérieur. Lors de notre passage, l'exposition, étude très complète, portait sur la fameuse Croisière Jaune : photos, accessoires, équipements, films. A côté de cette saga - où l'on démontait les voitures pour certains passages difficiles où des seigneurs de guerre chinois vous séquestraient dans le désert - les héros de certains rallyes modernes, sponsorisés, vedettisés, arrosés, font un peu figure de m'as-tu-vu du cambouis...
Mais, en amont de la plage de Villefranche, le Cher s'apprivoise encore. Mais, il se double... du désuet, oublié, canal du Berry, que l'on a rendu impraticable, même pour la plaisance, en le faisant enjamber de ponts fixes placés en mitre sur le dessus de la surface de l'eau... Quelle fabuleuse balade aquatique et touristique eut-on pu composer là... à condition de deux sous d'aménagement. On a, sur le tard, préféré aménager une base nautique sur le Cher lui-même, au plan d'eau moderne de Châtres, près de Menneton. Et ce ne sont pas les amateurs de voile ni les campeurs qui se plaindront de cela. Le canal, lui, continue d'appartenir aux seuls pêcheurs à la ligne, à l'ombre des remparts de Menneton, cité médiévale. Menneton se réveille, brillamment, une fois par an, en été, à l'occasion de la... "Fête de l'Andouillette". Les haut-parleurs y chantent, alors, une vieille complainte berrichonne de laboureurs :
"... A Menneton, flot' bonne terre,
J'étions heureux tout en travaillant", etc.
A Menneton, not'bonne terre comme dans tout le Val de Cher, j'étions heureux tout en travaillant les jardins, les topinambours, les rillettes et la vigne. En travaillant encore un peu le tourisme, car on a fort bien débuté ces dernières années, les visiteurs n'ont plus qu'à venir se presser.
- INDEX ROUTIER
La liste des routes ci-dessous ne constitue qu'un fil conducteur au kilométrage minimal. On peut rejoindre Chenonceaux, point fort aval de l'itinéraire, non par Tours mais depuis Amboise après visite du château célèbre et du nouveau musée "Léonard de Vinci". On peut encore parcourir la vallée du Cher aller et retour sur les deux rives par la "Route du Vignoble" (balisage) seulement si on dispose du temps suffisant.
TOURS - CHENONCEAUX par D 140, Azay-S/Cher, N 76, Leugny (château) St-Martin-le-Beau, D 40, N76 - 44 km
CHENONCEAUX - MONTRICHARD - ST AIGNAN par N 76, D 21, Monthon, le Gué-Péan, D76 - 45 km
ST AIGNAN - SELLES par N 76, MEUSNES D 17 - 23 km
SELLES - ROMORANTIN - VILLEFRANCHE par N 76, D 54 Gièvres, O 128, N 724, N 722 - 39 km
VILLEFRANCHE- VIERZON par N 76, Mennetou, Châtres, St-Georges, D 90 - 32 km
Soit au total 183 km
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DE LA PLAGE AU CHATEAU
Les curiosités de cet itinéraire sont tout autant historiques que sportives de création récente. Leur densité est importante sur un kilométrage somme toute modeste. Nous les avons donc fait figurer non par rubrique, mais, cette fois, au fil de la route dans le sens suivi par le voyageur de notre article. A chaque extrémité, les "richesses" de Tours et de Vierzon ne figurent pas à l'énumération.
LEUGNY - Château.
ST-MARTIN-LE-SEAU - Baignade et voile.
BLERE - Eglise ancienne.
CHENONCEAUX - Château de renommée mondiale. Parc. Galerie historique de cires.
ST-GEORGES-SUR-CHER - Ancien "port". Eglise romane.
CHISSAY - Château.
MONTRICHARD - Terrain de camping et parc de loisirs. Plage. Donjon et maisons anciennes. Vieux pont. Eglises 12e et 13e...
THESEE - Ruines gallo-romaines. Petit musée à la mairie (ouvert en saison seulement). Habitations troglodytiques (sur la rive nord).
NOYERS - Eglise ancienne.
ST-AIGNAN - Château. Quartier ancien. Eglise médiévale. Base de loisirs. Sports nautiques. En demi-saison, excursions pédestres organisées avec le concours du Crédit Agricole (programme affiché en début de saison).
ATTENTION à SAINT-AIGNAN, à BEAUVAL, une curiosité toute particulière : le parc d'oiseaux rares et exotiques de Française Delord, en pleine nature : plus de mille oiseaux et un décor charmant.
MEUSNES - Musée de la Pierre à fusil (mairie).
SELLES - Eglise ancienne (chapiteaux et fresques sculptées romanes>. Maisons anciennes.
ROMORANTIN - Musée de Sologne (mairie). Musée de la Course automobile. Excursions pédestres. Semaine gastronomique en automne (voir office du tourisme). Petit musée archéologique.
GIEVRES-CHABRIS - Plage organisée et camping sur le Cher.
VILLEFRANCHE - Baignade et camping en bord de rivière.
MENNETOU - Cité médiévale, vieilles portes, remparts et maisons anciennes. Baignade.
CHATRES - ST-GEORGES - Plan d'eau, plage, base de loisirs nautiques. Ecole de voile.
- HOTELS ET RESTAURANTS
- CHENONCEAUX
- L'HOSTEL DU ROY - Lorsque sur une enseigne, je vois peindre le Roy avec un Y grec et l'hostellerie avec un "S", j'avoue que je retiens un certain frémissement du à l'instinct de conservation.., de ma tirelire personnelle. Je crains en effet que cette débauche de vocabulaire, assortie de gothique, ne se retrouve à mon grand dam sur l'addition. Eh bien, là, ma méfiance m'aurait fait manquer l'une des tables les plus sympathiques de la vallée du Cher, car les quenelles de brochet américaine, et surtout les somptueux ris de veau à la crème et aux champignons (champygnons ?) à 19 et 36 F à la carte, firent d'excellentes nourritures terrestres, à prix particulièrement raisonnables. idem des menus à 36, 51 et surtout 70 F (avec deux spécialités, chevreuil grand veneur, fromage et dessert !). Voici une table à marquer d'un caillou blanc. Le rosé de Touraine : bien choisi, au prix de presque partout soit 24 F la bouteille. Salade, 7,50 F. café 3,50 F. service avec le sourire. Et la salle à manger, avec sa grande cheminée et sa tête de cerf naturalisé, vous a comme un zeste d'air aristocratique tout à fait bien venu. Prix nets.
- MONTRICHARD
- LE GRILL DU PASSEUR - Impossible de se tromper c'est au bout du vieux pont, dans une "maison de passeur" de vieilles pierres, médiévale à toit pointu : une pièce de musée La salle, minuscule, est d'époque et les poutres basses ont peut-être vu le jeune Angoulême, pas encore François 1er, s'arrêter là pour siffler un pot de blanc frais "de franche venue", production locale garantie. La patronne s'en tient à un certain nombre de spécialités éprouvées, de tradition ou personnelles, à prix raisonnables. Nous avons choisi la salade aux foies de volailles poêlés, très originale (25 F) et le lapin à la moutarde (35 F), qui n'est pas de garenne mais n'en manifeste pas moins de valeur, le tout arrosé d'un mousseux de Montrichard (rive d'en face) et conclu d'une coupe de sorbets, 15 F. Service 15 %.
LE BELLEVUE - De l'autre côté de la rivière, ce vaste hôtel aux "étoiles bourgeoises", par ailleurs remarqué dans notre guide, fournit une étape de nuit confortable, avec, dans la vaste chambre avec salle de bains et W-C, le seul vrai luxe : l'espace. Un appartement 195 F, petit déjeuner très complet (croissants, pain grillé, 2 confitures, jus d'orange) 17 F. Prix nets.
- THESEE-LA-ROMAINE
- LA MANSIO - Si vous avez oublié vos chères études (dont nous ne doutons pas), consultez le dictionnaire Gaffiot et Edon pour version latine afin de connaître la traduction de l'enseigne... Mais comme mansio signifie "maison", il n'y a pas de quoi se faire une migraine. Mieux, certes, vaut s'intéresser à la table de ce petit bistrot-restaurant tenu par une aimable et jeune famille : matelote de poisson façon normande 24 F, andouillette de Touraine grillée et garnie 18 F. sorbet pomme verte arrosé de calvados 15 F. Le rosé de Mesland (24 F la bouteille) est frais et "gouleyant", comme l'on dit, comme il sied. Chambre correcte 48 F, café au lait 5 F, croissants 3,50 F. Service compris. La maison étant sise entre voie ferrée et route, il vaut mieux pour la nuit, choisir la chambre côté route... où la circulation reste modeste.
- SAINT AIGNAN
- LE RELAIS DE CHASSE - Petit, discret, beaucoup moins facile à trouver que les deux étapes plus anciennes et ayant pignon sur rue à St-Aignan. Celle-ci, située pas très loin de la place du marché, ne manque vraiment pas d'intérêt. Le gras-double sauté au Mâcon est amusant à 22 F, le civet de lièvre classique et copieux à 38 F, le plateau de fromages régionaliste et complet, à 12 F. Un intéressant Gamay de Touraine rouge, non sans analogie "goûteuse" cette fois, avec un de ses homonymes de Savoie. Café 3,70 F. Menus à partir de 36 F (banal). Mais (celui à 67) avec raie au beurre noir et civet de lièvre, fait un joli programme. S.T.C.
- SELLES-SUR-CHER
- LE LION D'OR - Nous l'avions remarqué lors d'un reportage passé sur la chasse en Sologne, ce passage-ci confirme ses qualités. D'ailleurs, c'est tout dire : Jeanne d'Arc y fit étape en 1249, à deux reprises et "ses voix" comme nul n'en ignore, s'y connaissaient pour lui éviter les embûches. Derrière une façade "moderne", le Lion d'Or est une vieille auberge aux confortables vertus (chambre simple 50 F petit déjeuner 13 F). Il s'y est ajouté, ces dernières années, une salle à manger élégante, et quelques spécialités à la carte qui valent le coup de chapeau après le coup de fourchette. Une seule, ce soir-là : un magret de canard (65 F) qui valait un festin à lui seul ! Glace 10 F, potage à la crème 18 F, très beau Pinot noir de Touraine, 17 F. S.T.C.
- ST-JULIEN S/CHER - MENNETOU S/CHER
- LES DEUX PIERROTS - Ah, le superbe patron barbu, rond et immaculé à souhait, qui va aimablement d'une table à l'autre en vous racontant sa cuisine. C'est un vrai plaisir que de "causer" nourritures terrestres avec lui. Dans l'assiette ? Ah, eh bien c'est différent. Le poulet aux écrevisses, à 40 F, fut une sorte de quart de volaille en coton quelque peu, hydrophile accompagné d'un seul crustacé.., et la dinde "provençale" actrice principale du menu à 42 F vaut, commandée seule, 40 F. 2 F de moins, c'est tout dire... Le sorbet cassis aligna, pour 16 F, deux boules. Gamay rouge honnête, sans plus, à 24 F la bouteille. Alors, qu'on me pardonne, j'adore m'entendre raconter le curry de Djibouti, les oeufs de Madagascar et les recettes tourangelles mais j'aimerais mieux les trouver dans l'assiette que seulement dans la "tchatche" comme l'on eut dit à Bal-el-Oued... S.T.C.
- ROMORANTIN
- HOTEL D'ORLEANS - (Place général de Gaulle) - Etiquetée une fois pour toutes "de luxe" sans doute parce qu'il y a la Sologne tout autour, Romorantin ne s'honore pas de la "brave-petite-auberge-pas-chère". Mais celle-ci, visiblement, est bien la plus raisonnable du peloton, lorsqu'on sait que telle de ses voisines compte sur sa a carte 90 F le civet de lièvre aux tomates (fraîches il est vrai...). Ici, où la salle jouit d'un décor douillet et raffiné, le menu à 78 F présente déjà deux très bonnes spécialités maison, tourte aux crevettes et escalope de ris de veau, fromage, tarte latin chaude. Le rosé de Touraine plane à 24,50 F comme dans les petites étapes. On sait, visiblement, compter sans s'affoler sur la calculatrice. Et cette vieille maison bourgeoise avec ses escaliers et ses recoins, a été durement moquettée et possède de confortables chambres à l'écart des bruits de circulation de la place : avec cabinet de toilette, 60 F, qui dit mieux ? Petit déjeuner très complet, avec croissant, 14 F. Service aimable et prix nets.
SNACK DES CHASSEURS - (Place général de Gaulle) - Dans "chasse", il n'y a pas seulement le repas de chasse, mais le casse-croûte chaud dont on se leste juste avant le retour. Alors, pour un déjeuner rapide, pourquoi pas, aussi, ce snack qui échappe à l'infâme "fast food" puisqu'il sert l'omelette berrichonne (16 F) et des steaks (20-24,50) garnis et honnêtes ? De quoi payer 30 F avec un quart de vin de table. Et le combiné café-pousse café coûte, au comptoir d'à côté 6 F. On ne se ruinera pas...
- QUELQUES ETAPES SELECTIONNEES DANS NOTRE GUIDE
- Sur l'itinéraire ou à proximité
AMBOISE
- HOTEL LA BRETECHE - 26, rue Jules-Ferry - Tél. 47/57.00.79). Le menu unique à 44 F se double, les dimanches et jours de fête, d'un 70 F bien équilibré. Carte en permanence, avec, entre autres, tête de veau gribiche, saint-jacques, saumon frais grillé, steak au poivre. Le plateau de fromages présente des chèvres auxquels il convient de faire honneur. Le bourgueil a du charme. L'établissement, au cadre sans prétention, se trouve à quelques pas de la gare.
AUPEROE DU MAIL - 32, quai du général de Gaulle - (Tél. : 47/57.60.39). Dans un cadre rustique parfaitement détendant, vous apprécierez la cuisine, toute de sincérité et de générosité, de François Le Coz. Son premier menu (70 F - en semaine seulement) propose mousse de saumon fumé, coq au bourgueuil, sélection de fromages, dessert. Deux autres menus à 90 et 140 F. annonçant, entre autres, célestine de fruits de mer, foie confit au vouvray, sole braisée au crémant. Service prévenant assuré par un personnel en grande tenue.
- CHENONCEAUX
- HOTEL DU BON LABOUREUR ET DU CHATEAU - 6, rue du Docteur Bretonneau - Le lierre dévore la façade, des fleurs mettent partout de jolies taches de couleur. Patron aimable et chef de talent, M. Jeudi affiche des menus de 83 à 150 F. Cuisine d'un classicisme du meilleur aloi. La quenelle de brochet aux écrevisses, la sole farcie, le sandre au beurre blanc, le tournedos Vendôme, procurent d'heureux moments gourmands parmi bien d'autres. Courtoisie et gentillesse sont au rendez-vous.
- CONTRES
- LA BOTTE D'ASPERGES - 52, rue P.H. Mauger - A 26 km de Romorantin, une étape pleinement rustique, cadre et cuisine. Celle-ci étant bien entendu synonyme de "bon goût de tradition". Le petit menu à 55 F n'est servi qu'en semaine : on se régale de moules de bouchot marinière, d'une andouillette de campagne sur la braise. Le second menu - 105 F - annonce tourteau froid mayonnaise, truite saumonée à l'oseille, gibelotte de lapereau forestière, plateau de fromages, dessert. Cave bien fournie en gamay de Touraine, sauvignon, mais aussi bordeaux. Le patron et chef, M. Bosque, tient également un autre restaurant, flottant celui-là, à Blois... Si vous y passez, abordez donc La Péniche au quai Saint-Jean...
- MONTRICHARD
- LE BELLEYUE - Quai du Cher - L'établissement a belle allure, entre son reflet tremblé dans le Cher et le donjon qui le domine. Salle à manger lumineuse, aux baies ouvrant sur la rivière. Préparations soignées du chef, qui "alimente" trois menus à 67, 98 et 130 F. Un bon choix de plats inspirés par la cuisine traditionnelle sans surprise. Le brochet au beurre blanc, le rognon de veau grand-mère, les aiguillettes de canard au poivre vert, ont de la personnalité. Parmi les desserts maison, il convient d'honorer en particulier la tarte solognote à la chantilly. Sympathique cave riche en vins de Touraine évidemment.
- PONTLEVOY
- MOTEL DE L'ECOLE - Route de Montrichard - René Bettine, le patron, a 32 ans de présence devant ses fourneaux. On lui en souhaite sincèrement le double ! Les compliments pour ses préparations ne manquent pas. Cuisine de tradition tourangelle, généreuse à tous égards, et à prix bien étudiés : trois menus (60 F en semaine, 75 et 100 F) permettent d'ajuster au mieux son appétit avec le budget disponible.
- ROMORANTIN
- GRAND MOTEL DU LION D'OR - 69, rue Georges Clémenceau - C'est un ancien relais de poste, avec cour intérieure fleurie, aménagée en jardin. Le jeune chef, gendre du patron, a une "patte" bien affirmée, qui se traduit par des préparations on ne peut plus gourmandes : oeufs brouillés au parfum du jardin, raie pochée à la vinaigrette et au basilic, foie gras frais de canard au vin de Malvoisie, aïoli de turbot aux légumes de saison, fricassée de lotte au pinot rouge et à la moelle par exemple ! L'addition, certes est également de haut niveau. Menus à 16O et 17O F.
LE COLOMBIER - 10, place du Vieux Marché - La cuisine d'inspiration régionale triomphe dans cet établissement calme et confortable. Patron et chef, Maurice Dupuy présente trois menus - 60 F en semaine, 99 et 132 F- et une carte très attrayante : poulet en bouillabaisse, (barquette tropézienne, tourte de ris de veau, steak de sandre à l'oseille, escalope de foie de canard chaud aux raisins, cretonne d'abats aux pleurotes en sont des points de repère gourmand. Quincy, sauvignon, pinot rosé, gamay en priorité pour accompagner les repas.
- VALENÇAY
- LE CHENE VERT - 55, route Nationale - Accueil sympathique, service aimable et sans précipitation, cuisine de tradition, copieuse et soignée. Menus à 40, 49, 72 et 95 F. A recommander en particulier : le médaillon de lotte Joinville, le coq au bourgueil, le ris de veau Talleyrand ainsi que les gibiers en saison méritent une parfaite considération. Ne vous refusez pas cette étape réconfortante...
- UNE ROUTE "PIQUE-NIQUE"
Le long de cette rivière par ailleurs, dit-on, si favorable à la pêche, j'ai été "ferré" par les gourmandises locales. Aussi ai-je, çà et là, sélectionné les éléments d'un pique-nique gourmand et régionaliste. Mes bonnes adresses ne sont pas, certes, toutes les bonnes adresses, mais, lorsque vous aurez épuisé votre curiosité, rien ne vous empêche, lecteurs, d'en rechercher encore d'autres.
Primo : si l'on dispose de peu de temps, rien ne vaut les petits marchés des bourgs, et j'octroie, en la matière, une palme, au marché de Montrichard qui se tient, sur sa place, vendredi et lundi. Au touche-à-touche, j'y ai découvert les châtaignes (10 F le kg), topinambours (à essayer, en gratin à la crème, 4 F le kg), les poissons d'étang, gardons, perchettes et autres, 12 à 30 F le kg) et des champignons des bois (à partir de 10 F le kg pour les "sanguins"), et bien entendu, tous les fromages du Cher. A signaler parmi les fidèles du marché, un vendeur de gibier-fromages-champignons, qui offre toutes les sauvagines de la Sologne proche : même le cerf (en vrac, 38 F le kg, en rôti, 60 F le kg). Son adresse permanente : M. Guenand, 41230, Mur-de-Sologne. Pour les entrées et le liquide, 30 mètres suffisent dans la rue Nationale voisine. M. Perriot, charcutier, m'a régalé de rillons (52 F le kg), de beignets de morue rustiques (42 F le kg) et de saucisson an croûte (45 F le kg). Son voisin, les Caves St-Celerin possède un rosé de pays du Loir-et-Cher tout à fait "gouleyant" et fruité (13 F la bouteille). Et je ne saute qu'aux liqueurs que parce qu'on les distille, tout près de là, chez, Gbardot (Fraise-Or> dont on visite les alambics à Chissay. Excellent accueil et... somptueuse poire Williams pour les alcools, ou liqueur de fraise pour les dames (à partir de 50 F) avec flacons-cadeaux de toutes formes. Et le "Crémant de Touraine" veille dans la cave voisine.
... Et voilà notre panier garni... jusqu'à Saint-Aignan, où une seconde charcuterie, la maison Baron (21, rue Constant Ragot> m'a permis de déguster une fine-fine terrine de saumon aux pointes d'asperges, un lapin bordelais (80 F le kg) et ses rillettes maison.
Cap à l'est, alors. Je ne voudrais pas, cependant, que vous doubliez Selles-sur-Cher sans faire, à ma la découverte d'un magnifique petit vin "gris", admirable pinot clair fruité, classé "Valençay". chez M. Toyer, à Champcol. Et comme les vins de Selles comptent parmi les plus raisonnables de la vallée pour le prix, cette petite merveille vaut... 9 F la bouteille, prise à la propriété. Il ne s'agit pas, bien entendu, de vins à faire vieillir dix ans...
Enfin, nous voici au dessert J'ai bien trouvé, çà et là, un "Saint-Aignan" dans la rue Ragot, chez un pâtissier de ce bourg. Mais à Romorantin, la "Maison de la Dragée" (place de la Paix) mérite un pompon pour ses bonbons, tels les 'Chasses en Sologne" (marron, noisette, et les... 'Croquants Solognots". Excellentes gourmandises forestières très joliment présentées, par exemple dans des terrines de faïence comme pour le gibier (à partir de 30 F). Un peu riche, peut être ? Mais avouez qu'en 1982, manger du "Croquant" en terrine, cela vous a une saveur... d'ancien régime. C'est rare...
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