LA LOTUS EUROPE - ESSAIS

Lotus Europa Special (Juin 1974)
Lotus Europa Special - Une monoplace pour deux... (Antimémoires)


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Lotus Europa Special


Juin 1974
Avant tout une "tenue de route" !
La firme britannique Lotus n'est pas seulement célèbre par ses succès en Formule 1. Et si les titres mondiaux de Jim Clark, Graham Hill, Jochen Rindt et Emerson Fittipaldi ont, plus que n'importe quoi, contribué à sa renommée, certaines voitures de production comme l'Elan ont suscité un véritable fanatisme. Ce ne fut pas malheureusement le cas de l'Europe qui fut lancée avec un certain nombre de tares peu engageantes. Affublée d'un moteur Renault 16 manquant par trop de puissance pour une telle voiture, elle subissait en outre le handicap d'une finition désastreuse. Les choses se sont heureusement arrangées depuis et l'actuelle Lotus Europa Twin Cam a bien progressé. Il s'agit toujours du même coupé sportif à moteur central et carrosserie en polyester mais animé maintenant par un 4 cylindres Ford Lotus à 2 arbres à cames en tête de 126 chevaux, servi (en option...) par une boîte 5 vitesses. La finition a bien progressé aussi et c'est une Lotus digne de ce nom qu'importe désormais en France la société Polymark à Boulogne, qui met actuellement sur pied un réseau de concessionnaires dans toute la France.


Le moteur Ford 1600, modifié par Lotus, manque de "pêche" malgré 126 chevaux annoncés et la boîte Renault est lente.

Conçue par Colin Chapman, l'Europa se singularise par sa légèreté (700 kg) et par une bonne répartition des masses (moteur central). Le châssis est formé par une poutre en acier qui, vers l'arrière, se sépare en deux en forme de "Y" pour enfermer le 4 cylindres Ford. La boîte Renault 5 vitesses est en porte-à-faux arrière et laisse, au-dessus d'elle, la place d'un coffre à bagages, tandis que radiateur d'eau, ventilateur et roue de secours ont pris place dans le coffre avant. La suspension est très légère, avec des triangles superposés à l'avant, deux longs tirants à l'arrière et des combinés ressorts-amortisseurs Armstrong.

Finition en progrès
De grands progrès ont été fait depuis l'époque où, encore équipée du moteur Renault, l'Europe n'avais pas de sièges réglables ni... de vitres ouvrantes ! Aujourd'hui elles sont électriques. Un simple bouton et ça monte, ça descend à volonté : merveilles de l'automatisme. Le siège s'avance et se recule : on n'arrête pas le progrès ! S'il faut toujours être un peu acrobate pour s'introduire dans une Europe, l'habitacle est devenu très accueillant : instrumentation très complète sur un tableau de bord en bois verni, console centrale, épaisse moquette noire, volant un peu grand mais gainé de cuir... Certains détails pourtant clochent : Il faut fouiller longuement les serrures pour parvenir à ouvrir ou fermer quelque chose : pourquoi d'aussi mauvaises serrures ? Lorsqu'on est pressé, c'est exaspérant. La commande de chauffage reste bloquée : Dieu merci nous sommes en hiver ! Quand au système de maintien du capot, allons Colin, il est digne d'un modeste constructeur sans patente mais pas du père des JPS. Aux dernières nouvelles, les modèles livrés à la clientèle bénéficient maintenant d'un capot rigide avec amortisseur télescopique ! Cela s'imposait. Il ne faut être claustrophobe pour conduire une Europe. On est entouré de toutes parts : moteur dans le dos, portière à gauche, console à droite. La console est si haute que le bras droit qui passe les vitesses est à l'horizontale. C'est aussi la position que l'on a dans l'Europe. Ont est quasiment allongé et je dois dire que dans la circulation urbaine cela surprend. On est à la hauteur des roues des autres voitures ! En conduite sportive, cette position est idéale. Le volant est légèrement incliné vers la gauche et le pédalier est lui aussi un peu trop déporté à gauche : la structure imaginée par Chapman ne faire guère de concessions au confort mais ce n'est vraiment pas gênant pour qui est un peu sportif dans l'âme. Les autres n'ont rien à faire dans une telle voiture. Passagers, ils apprécieront pourtant le confort extraordinaire de l'Europe sur des routes même en mauvais état comme certains secteurs de celle du Mans où nous nous rendons. C'est que l'amortissement est absolument parfait sur l'Europe : un grand bon point. La visibilité, parfaite vers l'avant, doit être compensée par les rétroviseurs (à garder toujours bien réglés) vers l'arrière. Le contraste est étrange entre la dureté de certaines commandes (l'embrayage exige 17 kg de poussée !) et la douceur extrême de la direction. Il faut s'habituer au manque de progressivité de l'embrayage si l'on ne veut pas caler au démarrage du premier feu vert.


L'intérieur : luxe à l'anglaise mais certains détails "clochent" encore.

190 km/h, mais une boîte peu agréable
Le moteur Ford Lotus, bien que disposant de 45 chevaux de plus que le vieux R16 et d'un double arbre à cames en tête, manque un peu de puissance. Mais la voiture est légère et les accélérations sont assez bonnes quand même :
0 à 400 mètres : 15,6 s ;
0 à 1000 mètres : 29,6 s.
La vitesse maxi est plus décevante: 190 km/h. Disposant de 126 chevaux, on pouvait espérer mieux. Mais peut-être la Lotus qu'on nous avait confiée n'était-elle pas réglée au mieux. Un rupteur d'allumage destiné à prévenir les surrégimes interdisait d'ailleurs de dépasser 6500 tours. Mais cela n'affecte pas la vitesse de pointe puisqu'à 190 km/h, en cinquième, on n'est qu'à 5 500 tours (idéal pour l'autoroute !). La boîte est bien étagée (52 km/h en première, 79 en deuxième, 116 en troisième, 155 en quatrième) mais sa commande un peu trop ferme, surtout pour le passage de quatrième en cinquième. C'est une boîte d'Alpine et comme toutes les boîtes Renault, elle a horreur des passages trop rapides et craque désespérément dès qu'elle est chaude. N'eut-il pas mieux valu garder la boîte 4 vitesses Ford qui permet d'ailleurs d'atteindre une vitesse de pointe supérieure, le rapport de quatrième étant mieux adapté ?

Tenue de route extraordinaire
Tout le reste est à mettre à l'actif de l'Europa. Le reste, c'est son comportement : je dois dire qu'il est exceptionnellement on, peut-être encore meilleur que celui d'une berlinette Alpine et il doit falloir aller très loin pour trouver la limite absolue de cette voiture. C'est une Lotus ! La souplesse du moteur conjuguée à la douceur et à la précision de la direction en font néanmoins une voiture très facile à conduire et comme le disait jadis la publicité pour l'Elan : "à son volant on se prend pour Jim Clark" ou, pour la remettre au goût au jour, pour Ronnie Peterson ! Tout vient d'un équilibre parfait, rare pour une voiture de tourisme : l'Europa est d'une extrême fidélité et celui qui sait être précis à son volant sera récompensé par une grande joie de conduire. Légèrement sous-vireuse dans les virages serrés, il suffit de la brusquer un peu à l'entrée du virage pour la mettre en survirage et ce survirage ne nécessite pas une ample correction. Partout ailleurs, elle est neutre. Le plus étonnant est la stabilité qu'elle conserve lorsqu'ayant sous-estimé quelque peu une courbe on sa trajectoire deux roues dans l'herbe ! Même dans les virages les plus serrés, elle ne cire pratiquement pas, bien qu'elle ne soit pas équipée d'un autobloquant, il est vrai qu'elle ne se couche presque pas. Après 10 tours du circuit, les freins ne chauffent toujours pas et conservent leur efficacité. Malheureusement, sur la voiture essayée, le freinage a une prépondérance trop marquée sur l'avant : affaire de réglages. A titre indicatif nous avons réalisé 4 mn 18 s 4 sur le routier de Montlhéry. Conçue par un des plus grands ingénieurs de la course automobile, la Lotus Europa est certainement une des voitures de tourisme qui s'approchent le plus du comportement course. La joie éprouvée à son volant fait oublier l'exiguïté de l'habitacle et un certain manque de finition dans le détail. Suffisamment puissant pour la route, le 1600 Ford n'a rien d'un moteur de course mais il a les avantages de sa modestie : il n'est pas très gourmand en essence. J'aimerais essayer la même voiture transformée avec quatre pneus racing, un bon moteur 2 litres et une boîte Hewland. je crois que ça ferait une très bonne groupe 4.

Jean Ragnotti

Caractéristiques
Moteur : 4 cylindres en ligne central - cylindrée : 1558 cc - alésage x course : 82,55 x 72,75 mm - rapport volumétrique : 10,3/1 - puissance maxi : 126 ch DIN/6500 - puissance spécifique : 80 ch/litre - couple maxi : 15,6 m/kg DIN à 5500 tr/mn - distribution : 2 ACT - alimentation : 2 Dellorto 40 DHLA - refroidissement : eau - vilebrequin : 5 paliers - culasse : aluminium - bloc cylindres : fonte.
Transmission : embrayage monodisque sec à diaphragme - boîte : 5 vitesses (1ère : 3,62 - 2ème : 2,33 - 3ème : 1,60 - 4ème : 1,21 - 5ème : 0,87).
Carrosserie : châssis poutre acier, carrosserie en plastique.
Suspension : triangulée, roues indépendantes, amortisseurs Armstrong.
Frein : disque avant, tambours arrière.
Direction : crémaillère (2,3 tours de butée à butée).
Roues : jantes acier 41/2 x 13 - pneus 155 x 13.
Dimension/Poids : longueur : 3,98 m - largeur : 1,65 m - hauteur : 1,09 m - empattement : 2,31 m - poids : 712 kg.
Capacité : réservoir essence : 57 litres.
Prix : 39 813 F T.T.C. - avec boîte 5 vitesses : 43 720 f T.T.C.

Performances
0/400 m : 15,6 s - 0/1000 m : 29,6 s - maxi : 190 km/h.

Pour
comportement extra - agrément - freinage - sobriété.
Contre
finition encore insuffisante - exiguïté de l'habitacle.

Tableau comparatif
PrixCyl.PuissancePoids400 m DA
1000 m DA
vitesse
maxi
routier
Monthléry
n° Essai
Echappement
Alpine 1600S41 000 F1605 cm3125 / 6200700 kg15,2 s - 28,3 s205 km/h4 mn 10 s44
Lotus Europa39 813 F1558 cm3126 / 6500700 kg15,6 s - 29,6 s190 km/h4 mn 18,4 s67
Simca CG28 500 F1294 cm395 / 6000660 kg16,2 s - 30,5 s191,3 km/hnon mesuré48
Matra Bagheera26 025 F1294 cm384 / 6000913 kg17,8 s - 33,2 s186 km/hnon mesuré55
Porsche 914/231 900 F1971 cm3100 / 5000950 kg18,0 s - 31,9 s190 km/hnon mesuré52


Lotus Europa Special - Une monoplace pour deux...


(Antimémoires)


Très originale, la ligne de la Lotus Europa Special est souvent controversée. Elle ne manque pourtant pas d'un certain charme : ce charme qui confère aux créations de Chapman la recherche de l'efficacité hors des normes établies.

C'était en 1974. La "Crise" avait raté de peu la fin du sport automobile en France, Giscard était élu pour sept ans, Polymark importait les Lotus et dans une publicité d'Echappement on pouvait lire : "Roulez en monoplace, à deux"... Cette annonce vantait les mérites de la Lotus Europa Special, aussi appelée Europa "Twin Cam". Un petite voiture conçue par Colin Chapman, légère et efficace comme il savait les faire, utilisant au mieux les enseignements de la course aux plus hauts niveaux. Nous avons retrouvé un des plus beaux exemplaires de cette voiture qui roule en France : nous avons retrouvé avec elle cette sensation étrange de rouler sur la route dans une voiture de course...

Septembre 1972. La Lotus "Europe", qui tenait son nom du fait qu'elle utilisait un châssis anglais et un moteur français (en l'occurrence celui qui équipait les Renault 16 ! ), devient "Europa Spécial". Cette fois, elle utilise un moteur typiquement britannique, le Lotus Ford 1600 à deux arbres à cames en tête. Elle gagne dans la transformation quelque 45 chevaux, et devient ainsi une vraie voiture de sport, en plus d'une vraie Lotus. Cent vingt-six chevaux, pour à peine plus de 700 kilos, voilà un rapport intéressant : un rapport digne de Colin Chapman... Ajoutez à cela le moteur central, une roue à chaque coin, 1,64 m de large et seulement 1,09 m de hauteur, ça fait plus proto que corbillard...


65 000 km d'origine !
Michel de Reu a acheté sa Lotus Europa Special neuve en 1975. Depuis, il ne s'en est jamais a parcouru 65 000 kilomètres, et il n'a jamais utilisé d'autre voiture. Les vacances, c'est le domaine de la Lotus, avec Madame, les bagages et même le parasol !... Autant dire que la voiture qu'il nous a confiée est une exception, tout au moins en France. Et ce, d'autant plus que son état est tout à fait extraordinaire. En 1978, à la suite d'un petit accrochage, Michel de Reu a fait repeindre entièrement la voiture dans sa teinte d'origine. Mais il l'a fait chez Lecoq, en toute simplicité... Les quatorze couches de vernis, les filets dorés peints à la main en remplacement des filets autocollants d'origine, cela donne une grande classe à cette auto qui a une teinte peu commune. Le vernis est si épais sur le polyester qu'on prend plaisir à caresser les formes doucement anguleuses de la petite anglaise... Sous le pâle soleil d'hiver, la Lotus de Michel de Reu accrochait des reflets curieux : la "profondeur" de la peinture vernie se parait d'images déformées de grands arbres roux.


Un habitacle étriqué mais dans lequel on se sent bien.
Du cuir, du bois, une position très allongée, une voiture de course de luxe, quoi...

Descendez, on vous demande...
Un mètre zéro neuf, quand vous êtes normalement constitué, cela représente à peu près le niveau de la casquette du nain Pierral par rapport à la ligne bleue des Vosges... La hauteur hors tout de la Lotus Europa Special se situe à ce niveau-là, et la première fois que vous voulez faire pénétrer un mètre quatre vingt de Français moyen dans cet habitacle pour lilliputien, vous avez tendance à envisager de faire plusieurs voyages.., Il faut se pencher pour attraper la poignée, il faut se pencher encore plus pour se glisser à l'intérieur. Cela dit, une fois qu'on a réussi à s'osmoser avec la belle, on se trouve idéalement installé. Le pédalier est plutôt étriqué, le siège maintient mal, le volant est trop grand, mais on se sent finalement tellement coincé là-dedans qu'on n'a plus envie d'en sortir... Le bras gauche s'appuie sur la généreuse garniture de porte, le bras droit repose sur l'imposante console centrale, il ne reste plus qu'à jouer du poignet droit pour manoeuvrer le petit levier de vitesses. Derrière le volant de cuir, les compteurs sont stricts : 220 km/h, 6 500 t/mn. Voilà ce qu'on peut rêver d'atteindre... Souligné de joli bois anglais, le tableau de bord offre une instrumentation des plus complètes, et relativement précise. La température d'eau que l'on a tendance à surveiller de près quand on s'installe dans une voiture anglaise, suit sagement les caprices des embouteillages et du ventilateur à thermostat. Comme sur toutes les voitures en polyester, la portière se ferme avec un bruit mat et demande une insistance peu commune. Ce simple geste isole celui qui va conduire une Europa Spécial du reste du monde. L'insonorisation est efficace certes, mais surtout on se retrouve au niveau des moyeux des autres voitures, ce qui suffit en soi à vous transporter dans un autre monde. Le nez à la hauteur des échappements des taxis, vous rêvez vite de grands espaces, et de routes sans tunnels. Cela dit, la Lotus Europa Special est plutôt confortable : les baquets ne maintiennent pas beaucoup, mais ils sont tellement coincés entre la portière et la console que le pilote ne bouge presque pas. Les appuis que l'on peut prendre sont importants, ma si le volant est tout à fait bien placé pour qu'on s'accroche à lui... Cette voiture au fond est accueillante : on n'y est pas à l'aise, on y est bien...


Le comportement de la Lotus Europa Special rappelle effectivement celui des voitures de course.
Efficace, très vive, elle vous fait vite passer de la conduite au pilotage, du pilotage au plaisir...


Tringlerie de boîte dans le plus pur style "course" mais très "surdimensíonnée"...

L'héritage de course
Une Lotus des années 70, c'est une voiture de course avec des vitres électriques et un emplacement pour la radio. L'Europa Special ne renie pas ses origines : le bruit du 1600 double arbre en prise directe dans les oreilles, la position très allongée, les commandes fermes mais directes et précises, tout cela concourt à vous mettre dans l'ambiance: cette auto a été conçue par Chapman, pas par Dunlopillo... Commandes précises... N'exagérons pas ! La commande de boîte demande une certaine accoutumance. Le petit levier est agréable, mais le troisième rapport se trouve surtout par hasard, faute d'un guidage précis, et certains passages se font difficilement, surtout à froid. Pas surprenant pour une boîte signée Renault... Plus surprenant d'ailleurs, l'excellent étagement de cette boîte française : 1 000 tours d'écart d'un rapport à l'autre jusqu'à la cinquième, voilà qui relève tout de suite la note de l'agrément de conduite. L'agrément de conduite, c'est justement le point fort de l'Europa Special ! La publicité des années 70 n'était pas tout à fait usurpée : on retrouve au volant de cette voiture beaucoup de sensations révélées en monoplace. Le rapport poids/puissance favorable, le moteur central, la boîte bien étagée et directe, la pédale de freins efficace dés qu'on la brutalise un peu, l'embrayage plutôt ferme, la direction directe (qui n'exclut pas un rayon de braquage important), la position allongée devant le moteur, tout cela rappelle ce que l'on ne peut avoir éprouvé qu'au volant d'une voiture de course... Le bois sur le tableau de bord, les ceintures à enrouleurs, les vitres électriques ne sont pas de la poudre aux yeux des acheteurs pas tout à fait assez inconditionnels... La Lotus Europa Special, c'est du piment rouge dans une bonbonnière... Sur la route, le comportement est très agréable : entendez par là qu'il est efficace et qu'il ne pose pas de problèmes. Certes, cette auto a des réactions très vives, certes sur le mouillé, elle oublie de "téléphoner" ce qu'elle va faire comme le faisait par exemple une Elan, il n'empêche que la tenue de route est étonnante pour une auto de cette époque. La Lotus Europa vire à plat (avec les cotes qu'elle a, comment pourrait-elle faire autrement, d'ailleurs ?...), elle enroule facilement les courbes au gré des coups de volant, tout au plus a-t-elle tendance à lever la roue avant intérieure dans certains appuis, mais sans "piocher". comme le faisaient certaines Porsche 911 aux suspensions trop souples. L'équilibre de cette petite voiture est très agréable, et on passe vite de la conduite au pilotage sans s'en apercevoir, presque sans le vouloir, même à des vitesses disons raisonnables...


Onze années dans les mêmes mains, 65 000 kilomètres, et une peinture de chez Lecoq,
cela donne une des plus belles "Europa" françaises...

Pourquoi pas vous ?...
Les Lotus sont plutôt rares en France : l'importation et la distribution de ces voitures ont toujours été plutôt confidentielles. Au fil des ans, le "parc" s'est pourtant constitué, et même si les Europa Special ne sont pas les plus nombreuses, elles ne sont pas introuvables. Leur relative rareté leur donne une valeur inattendue : si l'on peut tabler entre 70 000 et 90 000 F pour une auto en bon état, Michel de Reu espère une évaluation de sa voiture aux alentours de 120 000 F lors de la prochaine expertise.. Cela peut sembler "un peu beaucoup" mais il est vrai que ce modèle est dans un état exceptionnel. Les Lotus ont toujours eu une réputation de fragilité : en fait, il faut savoir qu'un moteur doit être démonté (et souvent refait) tous les 50 000 kilomètres. Cela peut étonner mais le sang bleu a ses faiblesses... Cela dit, moyennant un entretien suivi et bien fait, on peut utiliser pleinement les possibilités (surprenantes) de ce petit 1600. La Lotus Europa Special est une auto extrêmement agréable, au volant de laquelle on n'a pas cette impression de déjà vu que nous donnent nos "GTi" actuelles. Rouler en monoplace est un plaisir exceptionnel, elle vous le procure pour le prix d'une R18 Diesel, et en plus... elle a deux places !

Pierre Barbaza, photos Christian Chiquello

Le double arbre Lotus Ford délivre 126 chevaux et était capable de propulser la Lotus Europa Special à 195 km/h.

Principales caractéristiques
Moteur
Type-Emplacement : 4 cylindres en ligne, central, longitudinal
Alésage x Course 82,55 x 72,55 mm, cylindrée 1 558 cm3, cylindré unitaire 389,5 cm3
Rapport volumétrique 10,3 : 1, régime maximum 6 500 t/mn
Puissance maximum 126 ch à 6 500 t/mn, puissance au litre 80,9 ch/l
Couple maximum 15,6 mkg à 5 500 t/mn, couple au litre 10,01 mkg/l
Vitesse moyenne de piston au régime de puissance 15,7 m/s
Distribution 2 ACT, commande arbre à cames, chaîne
vilebrequin 5 paliers, matière du bloc fonte, matière de la culasse alliage léger
Refroidissement à eau, lubrification par carter humide
Alimentation par 2 carburateurs double corps Dell'orlo
Equipement électrique : alternateur 500 W, batterie 12 V, 39 Ah.
Transmission
Mode : aux roues AR, nombre de rapports 5 + marche arrière
Rapports : 1e 3,62:1, 2e 2,33:1, 3e 1,60:1, 4e 1,21:1, 5e 0,87:1
Rapport de pont 3,77 : 1, pas d'autobloquant.
Châssis
Structure/Type : châssis à poutre centrale, carrosserie en polyester
Suspension avant : trapèzes transversaux, triangles et ressorts hélicoïdaux, barre stabilisatrice
Suspension arrière : roues indépendantes, levier de guidage longitudinal et transversal, jambes élastiques avec ressorts-amortisseurs
Frein avant/arrière : disques/tambours
Direction : à crémaillère, diamètre de braquage 12,5 m
Jantes 4 1/2 x 13, pneumatiques 155 SR 13.
Dimensions et capacités
Longueur 164 cm, hauteur 109 cm, empattement 233,5 cm, voies avant/arrière 136/134,5 cm
Poids annoncé 710 kg, rapport poids/puissance 5,6 kg/ch
Capacité essence 57 l, , capacité refroidissement 8 l, capacité huile moteur 4 l
Prix
Voiture neuve en 1975 : 55 000 F
Prix moyen en 1986 : 70 000 à 90 000 F
Voiture essayée estimée à environ 120 000 F