![]() Et une bourrée une ! |
"Ah ! ces temps d'ordre, de politesse et d'harmonie où le gars posait une main sur son coeur, tandis que de l'autre il retirait son chapeau .d'un geste élégant pour demander à la drolière de son choix la faveur de danser avec elle.
Quel plaisir pour les yeux de voir les couples s'avancer, reculer, se rapprocher encore, se rompre en des chassés-croisés et se poursuivre en tournant les uns autour des autres avec des virements et des carrements d'épaules où le naturel donne de la grâce aux attitudes. Puis ils marquent un peu lourdement la cadence en frappant du talon. Les gars sourient aux filles et les filles baissent timidement leurs regards. La musette chante drôlement, les lèvres se tendent et le baiser claque, sonore sur les joues roses." Hugues Lapaire |
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Une "race berrichonne" ! cela existe ? non ! bien entendu ! cependant l'influence exercée par le climat ou la nature du terrain a eu pour effet de donner quelques caractéristiques particulières à nos lointains ancêtres...
Le Berrichon des plaines : le Champignou, est trapu, lent et taciturne... Beaucoup plus vifs et plus ardents sont les habitants des pays vignobles. Il en est de même des Berrichons des collines boisées de l'Est et du Sud ! descendant des Boïens farouches issus de ces hommes indomptables ; muletiers, bûcherons ou sabotiers dont la forêt était naguère encore le royaume, il a le verbe haut, la gaieté vive et l'enthousiasme ardent. Quant au Solognot et au Brennou, ils sont petits, maigres et basanés. "Il est possible pourtant, de fixer quelques traits généraux communs à tous les Berrichons : une phrase suffit d'ailleurs à définir leur caractère : ils ont le sens pratique ! ils laissent à d'autres les rêveries et les projets aventureux. Leur intelligence est faite surtout d'esprit critique ; le jugement y réfrène les écarts de l'imagination, de là cette prudence, cette réserve méfiante, cette aversion instinctive pour les innovations qui va parfois jusqu'à la routine" nous dit Abel Tortrat instituteur à Bourges dans son ouvrage sur le Berry du début du XXe siècle. Georges Hardy ajoute à son tour : "Ils s'attardent volontiers, ils prennent le temps de regarder autour d'eux, de causer. Ils ne sont pas dévorés par la vie, ils la dominent et savourent avec des sourires les vins délicats de leurs coteaux. Ils arrêtent doucement les jours dans leur fuite et narguent les affolés". Nous envions donc ces braves gens qui savaient si bien vivre. "A quoi bon" ajoute Abel Tortrat, "se forger des chimères ou se laisser emporter par l'ambition ? La vie n'est-elle pas bonne comme elle est ? Qu'on se fatigue le cerveau à échafauder des systèmes ou à rêvasser dans la lune c'est l'affaire des Barbotiaux (esprits brouillons) ou des Afaubertis (ahuris)." Peut-être y a-t-il quelques pointes de vérité dans ces affirmations. Quoi qu'il en soit, la mentalité douce des Berrichons se rehausse volontiers d'une pointe de fine ironie à l'égard des "agités modernes" et leurs moqueries s'exercent particulièrement aux dépens de ceux qui parlent fort, croyant ainsi, les impressionner ! A cela d'ailleurs se borne la malignité des Berrichons et leur ton de voix monotone, ferme la porte à toutes discussions oiseuses ! Chacun se plaît, en outre, à reconnaître leur droiture, leur sincérité et leur honnêteté. On leur reproche peut-être d'être un peu avares ou têtus comme leurs moutons, mais est-ce que ce sont bien là des défauts ? Loyaux, calmes, doux, modérés, ce sont des gens de bonne compagnie. On ajoute cependant, pour ne pas trop les flatter, qu'il ne faut pas gratter trop longtemps la rude écorce des Berrichons d'aujourd'hui pour retrouver en eux l'âme naïve et crédule de leurs ancêtres : Je pense que ce ne sont que des méchantes langues qui disent cela !... Si tous les Français actuels se comportaient comme nos Berrichons, nous aurions la chance de vivre dans un pays où les "Barbotiaux" et les "Afaubertis" seraient exclus ! André; Voisin, "l'Almanach du Berrichon 2001" |
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